lundi 30 mars 2009

Transgenre à 3 ans?

Dans la Presse de samedi dernier, il y avait un dossier fort percutant : « Naître avec le mauvais sexe ». Ayant moi-même un petit bonhomme qui adore s’habiller en princesse, et étant, je l’avoue, parfois préoccupée par son identité sexuelle, j’aime bien lire des trucs sur le sujet.

Mais à peine avais-je lu une douzaine de lignes de l’article en question que je m’étouffais sérieusement avec mon café. Quoi? On a laissé le choix à un enfant de 3 ans de s’habiller comme il le voulait pour sa vie de tous les jours? Pas pour s’amuser mais bien pour « vivre » en fille? Et c’est un psychiatre qui a recommandé cela?
Euuuuuh, c’est parce qu’à 3 ans, un enfant a à peine amorcé sa phase d’identification sexuelle et son imaginaire est suffisamment débordant pour que réalité et fiction se mêlent dans sa tête. Il appartient donc aux parents de l’aider à faire la part des choses, pas de lui offrir une garde-robe complète de fille! Parce que voyez-vous j’ai connu des enfants qui croyaient dur comme fer qu’ils étaient une princesse, un chevalier, Dora l’exploratrice ou Spiderman. J’ai même connu un petit bonhomme qui entrait à la garderie à quatre pattes, archi-convaincu d’être un tigre. Qui sait où il serait rendu aujourd’hui si ses parents l’avait laissé agir comme tel, en tout temps, tout simplement parce qu'il piquait de grosses colères si on le contredisait?! Au zoo???

Ici, PetitLoup sait que les robes de princesses, ce sont des jeux. Il sait qu’il est un garçon. On le renforce dans cette identité, il est bien dans sa peau de petit gars, même s’il est bien dans la jaquette de sa sœur dans ses jeux de rôles. On lui laisse faire certains choix dans sa vie, mais on ne lui laissera certainement pas le choix de changer d’identité du haut de ses 4 ans!

Et puis, pour ceux et celles qui ont vu la version papier de l’article de la Presse, je ne sais pas si vous avez été aussi outrées que nous devant les photos de Samuel/Samantha mais les deux (Z) Imparfaites et les deux (Z) invitées qui alimentent ce blogue sont unanimes. Aucune des cinq filles que nous avons pourtant bel et bien mises au monde en tant que filles n’aura cette allure à 11 ans! Robe-camisole avec dos dénudé, mèches roses/mauves, gloss sur les lèvres, dessins sur les ongles et faux-tatou. Oulala! Jusqu’où ces parents sentant leur enfant malheureux seront-ils prêts à aller pour que leur garçon/fille se sente bien? Est-ce nécessaire d’en faire une petite « fille » hypersexualisée?

Je ne veux pas nier l’importance de se sentir bien dans son corps et dans son genre, comme garçon ou comme fille, et oui, je pense que les troubles de l’identité sexuelle existent et peuvent être diagnostiqués chez des adolescents ou des adultes. Mais de là à vivre cette réalité enfant, il y a un pas que personnellement je ne ferais pas franchir à mon rejeton. Car on parle ici de troubles persistants, pas d’une passe de quelques années où l’enfant aime les jeux de poupées et se déguiser en fille!

Et considérant le fait que plusieurs personnes ayant des troubles de l’identité sexuelle vivent aussi avec un problème de santé mentale, L’Association d’aide aux personnes avec un état limite nous met sérieusement en garde. Il pourrait s’agir là d’une autre problématique qui n’a rien à voir avec l’identité sexuelle, mais avec l’identité tout court. Et surtout, qui se traite!
Alors si vous rencontrez le même psy que les parents de Samuel/Samantha pour votre enfant, et qu’il vous fait la même recommandation qu'à eux, suivez plutôt la recommandation des (Z)imparfaites et s’il-vous plaît, allez chercher un deuxième avis médical!

(Z) Imparfaite invitée: So

14 commentaires:

Iseult a dit…

Je ne peux qu'acquiescer fortement à ta réaction So!

Je me suis inquiétée en lisant cet article-là. J'avais l'impression que les parents avaient démissionné de leur rôle d'encadrement sous les bons conseils du psy.

Vraiment un deuxième avis est nécessaire et crucial dans une situation comme celle-là.

Anonyme a dit…

Les enfants-rois jouent et gagnent !

Le rôle des parents est crucial pour les 17 premières années de l'enfant; après : qu'ils ou elles fassent ce qu'ils (elles) veulent mais pas avant !

Lawrichai a dit…

Le "Syndrome de Benjamin" (naitre dans le corps de l'autre sexe) est pourtant une chose très réelle qui n'est encore que trop peu connu ici. Beaucoup la confondent avec "traverstisme" et/ou "homosexualité".

J'ai été très proche d'une personne qui savait clairement depuis qu'elle avait 8ans qu'elle n'était pas dans le bon corps, et elle s'en ai senti mal à tous les jours, jusqu'à ce qu'elle s'ouvre à son entourage et prenne la décision de "changer pour le bon sexe".
Elle n'en est que plus heureuse maintenant.


Je vous avoue que 3ans c'est pas mal tôt pour faire ce genre de diagnostique. Mais ceux qui sont pris en charge au début de la puberté peuvent, avec un traitement d'hormones, préparer leur corps et ainsi faciliter sa transformation au passage de l'âge adulte.

Solène a dit…

@ Lawrichai: Pour moi il y a une grande distinction entre un adulte qui réalise avec le recul qu'il sait depuis qu'il est enfant et un enfant à qui on fait vivre cette réalité. Quand on pense que le développement tant affectif, intellectuel, social ou moral est en évolution jusqu'à l'âge adulte, je trouve cela tout à fait inconcevable, immoral et même inconscient que des parents remettent ce choix entre les mains d'un enfant! Je suis encore sidérée par les arguments apportés par les parents! Oui, c,est Épeut-être" du sérieux, et ils ne le sauront que dans 15 ou 20 ans, mais si ce n'était qu'un caprice d'enfant? Ouf!

Garfield a dit…

Je reste sans voix!

Parciparla a dit…

On vit dans un drôle de monde! Je réagis comme toi! c'est du n'importe quoi.... que va devenir cet enfant?

Mme Cornue a dit…

loin de moi l'idée d'approuver ces parents, mais si c'était qu'un caprice d'enfant, il dure depuis drôlement longtemps je trouve, non?

De là à dire que ce genre de comportement se soigne... ouf! Je suis d'accord avec le processus psychiatrique pour confirmé notre choix, de là à le faire pour le changer à tout prix...

J'avoue ne pas savoir comment réagir au billet. D'un côté je n'approuve pas ses parents, de l'autre je n'approuve pas non plus votre façon de dire que ça se soigne et donc que c'est ce qui devrait être fait. (j'ai peut-être mal interprêté?)

Et puis je me demande si c'était moi qui y était confronté, qu'est-ce que je ferais?? Tsé moi choisir entre une garde-robe et la vie de mon enfant je n'hésiterais pas trop trop, parce qu'on le sait très bien que le suicidi plane sur nos têtes si l'enfant est à ce point malheureux...

Solène a dit…

@ Mme Cornue: Je pense que les nuances sont clairement expliquées dans le texte: "Il pourrait s'agir d'une autre problématique..." avant de dire "qui se soigne".

La notion de "caprice" est aussi clairement expliquée. Un enfant de 3 ans n'a pas le jugement nécessaire pour prendre des décisions pour sa vie.

Rien de plus à ajouter. C'est point de vue, basé sur mon expérience personnelle et professionnelle. Et qu'on peut approuver ou remettre en question sans problème!

ElaineElle a dit…

J'aimerais savoir pourquoi vous ne laissez pas votre fils s'habiller comme il veut.

Solène a dit…

@ElaineElle: Pour la même raison que je ne le laisse pas manger ce qu'il veut, se coucher à l'heure qu'il veut, jouer dans la rue même s'il le veut, rester à la maison plutôt qu'aller à la garderie, même s'il me fait une crise, etc. Parce que les enfants n'ont pas la capacité de prendre des décisions pour eux qui impliquent une conséquence à long terme. C'est drôle, je croyais que c'était ce que tous les parents faisaient... mettre des limites et un cadre de vie sécurisant à leurs enfants.

Et si PetitLoup me semblait vraiment malheureux et dépressif sur une longue période face au fait que je lui dise que les robes de princesses, ce n'est que pour les jeux, j'irais consulter, soyez sans crainte.

Charlotte Moderne a dit…

En ce qui me concerne, je ne peux faire autrement que saluer le courage de ces parents. On ne peut juger sur la foi d'un article de journal. J'imagine qu'avant d'en arriver à cette décision la réflexion a du être longue et pénible. Ils n'ont sans doute pas débarquer dans le bureau du psychiatre un beau matin et après 1 heure celui-ci leur a suggéré d'acheter des robes. J'ai confiance que cette solution ait été réfléchie. Ils aiment sans doute leur enfant très profondément et souhaitent le meilleur pour lui.

Je salue leur courage et je compatis à leur souffrance aussi. C'est un chemin ardu et de savoir que son enfant emprunte un chemin aussi difficile doit être déchirant pour un parent. La dysphorie de genre existe chez les enfants et comme le dit madame Cornue, je choisirais d'aider mon enfant à vivre heureux dans ses choix plutôt que de le voir souffrir et peut-être même, attenter à ses jours comme c'est souvent le cas.

3 ans c'est trop jeune? À trois ans un enfant n'est pas encore corrompu par les dictats de la société. Je crois qu'il sait profondément ce qu'il est dans son essence, surtout s'il le crie si fort comme ce petit bonhomme.

Je suis troublée par votre billet. INterdiriez-vous à votre enfant de jouer avec cette petite fille/garçon?

Si ça vous intéresse, voici un lien vers une histoire très touchante: http://ai.eecs.umich.edu/people/conway/TS/International/German/Johanna's%20Story.html

Solène a dit…

Pourquoi ai-je l'impression que ce sont ceux qui "dissertent" le plus longuement qui ont le moins bien lu mon message d'origine ainsi que les commentaires de clarification que j'y ai ajouté dans cette section?

Je ne me répéterai pas une autre fois, désolée...

Sophie a dit…

le monde est fou !!! Pauvre gamin, comme si a trois ans il pouvait prendre des décisions aussi importante en connaissance de cause, à un âge où la réalité et le rêve n'ont pas de frontières bien nettes...Je me souviens que je ne voulais plus aller à la maternelle (donc vers 3-4 ans) car un gamin m'avait dit "demain je me déguise en crocodile et je te mangerai !". Bien que je savais ce que c'était un déguisement, ça ne m'a pas empêché d'avoir vraiment la trouille !! Je ne suis pas sûre que me dire "ma pauvre chérie reste à la maison sinon le méchant croco va te dévorer !" aurait été une bonne idée... Sans compter, qu'en grandissant, j'aurai eu des sérieux
doutes sur la santé mentale de mes parents !!
bizz

Anonyme a dit…

Je rejoint l'auteur de l'article ici. L'article de la Presse m'a rendu mal à l'aise. Surtout qu'on se base sur des choses très suggestives.
Quand j'étais petite, je voulais être un garcon. Je trouvais leur jeux beaucoup plus intéressants. Pas de rose, pas de poupée pour moi. Ammenez les legos et les superhéros! A l'âge ou on croit encore aux fées et aux père Noel, je crois bien que si on m'avait proposé de devenir un garcon, j'aurais dit oui!
A l'aube de la puberté, c'était pire. Je tapissais mes murs de joueurs de hockey, de baseball, et l'idée de la puberté me faisait peur.
Ma chance, peut-être, c'est que mes parents étaient très ouvert (ma mère travaillait alors que ce n'était pas très répandu). Et on accepte beacoup plus facilement une fille qui a des hobby de garcon que le contraire. Lorsque j'ai vu que les garçons m'attiraient, je n'ai pas cru que j'étais un homosexuel dans un corps de fille, mais bien une femme en devenir, après tout.
Aujourd'hui, je suis une mère de famille épanouie, je ne doute jamais de mon genre. Mais j'ai encore des intérêts et parfois des façon de penser plus masculins.
Je ne nie pas que ce syndrome existe, mais combien de faux diagnostiques si on le fait en si bas âge? Et est-ce qu'il y aurait moins de diagnostiques si la société n'essayait pas tant de nous caser tous dans des petites cases? Et si on ne sourcillait pas à voir un garçon préférer le rose et dédaigner le hockey?