mardi 31 mars 2009

Il y a 6 ans, naissait...

une maman (z)imparfaite... moi.

Les mois précédent le 31 mars 2003, j'avais tenté d'être une future maman parfaite. J'avais acheté quelques beaux livres sur la grossesse pour en faire mes lectures de chevet. Ainsi, Mon bébé, je l’attends, je l'élève et Une naissance heureuse trônaient en quasi-permanence à côté de mon lit, de même que mon journal de grossesse, dans lequel je notais systématiquement les dates de mes rendez-vous, ma prise de poids, si on avait entendu le petit coeur battre, etc.

J'avais fait du yoga-prénatal avec une professeure géniale au prénom prédestiné, Clearlight. J’avais suivi avec mon conjoint une session de formation sur la Méthode Bonapace afin d'apprendre à soulager naturellement la douleur. Nous avions rédigé un plan de naissance pour que l’arrivée de notre petite « Bulle » se passe comme nous l’avions souhaité.

Et puis, le jour J est arrivé.

...

Et puis, rien ne s’est passé comme prévu.

Des heures et des heures de contractions irrégulières, une rupture provoquée des membranes sans mon consentement, quelques doses de pitocin pour activer le travail, le tout se terminant en césarienne au bout de 42 heures de contractions et 2 heures quinze de poussées.

Quand j’ai tenu ma fille dans mes bras un peu plus d’une heure après l’intervention lui ayant permis de voir le jour, j’étais transformée en maman… (z) imparfaite. Une maman qui gardera longtemps une plaie béante malgré que celle de la césarienne ait cicatrisé plutôt rapidement. Une maman qui se sentira coupable à chaque fois qu’elle repensera à son accouchement, à ce qu’elle aurait pu, à ce qu’elle aurait du faire. Une maman qui aura envie, pendant des mois, de frapper toutes celles qui racontent leur superbe accouchement naturel de moins de 5 heures et 4 poussées. Qui se sentira dénaturée, dépossédée de ce pour quoi elle a été créée: mettre au monde un enfant…

Le temps a passé. J’ai allaité, bercé, langé, rassuré, consolé et moi-même pleuré en regardant dormir ou sourire mon bébé. J’ai vécu des moments intenses, parfois difficiles, mais aussi bien souvent de pur bonheur en compagnie de cette Choupinette « passée par le mauvais trou » comme elle le dit si bien. Et j’ai réalisé qu’être mère allait bien au-delà de l’accouchement. Heureusement…

Aujourd’hui, j’ai encore mal quand je pense au 31 mars 2003. Mais je n’ai plus mal de ne pas avoir donné naissance naturellement à ma fille. J’ai plutôt mal de m’être sentie aussi coupable, de ne pas avoir suffisamment profité de ses premiers moments de vie en faisant d’un événement heureux un drame, parce que tout ne s’était pas passé comme j’en avais rêvé… et selon les "normes" d'un acccouchement idéal. Et c’est tellement dommage. Parce que parfait ou pas, un accouchement devrait toujours être un événement heureux!

(Z) Imparfaite invitée : So

17 commentaires:

Julie a dit…

Tu connais l'histoire de mon accouchement de Blondinette. Eh bien aujourd'hui, te lire me permet d'être un peu plus en paix avec ma première grossesse et mon premier accouchement désastreux.
Tu connais aussi l'histoire de Bouclette, née par AVAC. Je sais que tu l'as envié, cet AVAC. Mais la maternité, comme tu le dis, est bien plus que des contractions, des épidurales et des poussées à n'en plus finir.
Ton texte est magnifique. Et bonne fête à Choupinette!

Parciparla a dit…

Il n'y a que l'expérience qui compte. Au final, on a beau lire, se renseigner, il faut vivre et faire de son mieux, ce que tu as fais!

Chaque accouchement est différent, unique, comme chaque enfant l'est aussi. Et tant mieux...

Avec le recul, ce qui serait bien c'est que l'accompagnement soit aussi personnalisé, qu'il y ait plus de respect - j'ai moi-même trouvé qu'au Québec, je n'avais pas eu de choix. Mais bon, ce qui est fait est fait et l'important c'est de regarder vers l'avant...

Mme M a dit…

Comme tu le sais, on a véçu le même genre de première expérience...48hrs de contractions qui se terminent en césarienne ça reste en travers de la gorge. J'ai pleuré en lisant ton récit dans Naissance car je me reconnaissait dans ce récit.

Après un AVAC douloureux (tout aussi en travers de la gorge) et enfin un AVAC sublime, je peux maintenant tourner la page de cette histoire d'accouchement.

Je suis en paix avec moi-même, en paix avec mon histoire. Je suis sorti grandie de tout ça et j'insiste sur se point dans les cours prénataux...la perfection n'est pas de se monde, encore moins dans une salle d'accouchement.

Bonne fête Choupinette et bon 6ième anniversaire de ton entrée dans le monde des mamans Z'Imparfaites.

Lawrichai a dit…

wow! Excellent texte!
C'est très touchant comme expérience.
Moi aussi (et c'est encore très frais) j'ai beaucoup de misère à "accepter" ma grossesse difficile et mon accouchement cauchemardesque. Tu m'inspire, je devrais travailler à ne plus me sentir traumatisée de mon expérience et de l'accepter comme elle est venue, en me concentrant maintenant sur mon "P'tit Ver à Choux" qui gigote de santé!

Dodinette a dit…

c'est le problème de mettre tant d'emphase sur l'accouchement "comme ceci", ou pas assez "comme cela". on oublie que le principal c'est que la mère et le bébé soient en bonne santé.

alors c'est vrai qu'un accouchement difficile est un deuil à faire, mais j'aurais plus tendance à le comparer au deuil qu'on doit faire du "bébé rêvé" quand arrive le bébé réel. après tout, on a beau décider, vouloir, souhaiter, espérer, déclarer que, demander si ou exiger telle ou telle chose...

au final, on y peut relativement peu si "ça se passe mal". oui certaines équipes médicales sont invasives et peu regardantes, mais honnêtement, 42h de travail, plus de 2h de poussées... il y a un moment où il faut savoir dire (et faire) stop.

je me souviens de la naissance de mon fils aîné, j'étais bien contente au final, et malgré le surplus de douleur, d'avoir eu péridurale dès le départ, épisiotomie énorme, intervention de l'anesthésiste et finalement forceps pour sortir ce gros bonhomme.

c'est dur à accepter, mais ça l'est encore plus si on décide qu'on n'a pas confiance dans le corps médical. l'ambiance générale des "plans de naissance" etc. est somme toute parfois contre-productive si on considère l'élément essentiel : le bien-être des 2 humains en cause.

(et la culpabilité des jeunes mères, c'est pas un élément de bien-être, ni pour elles ni pour leur enfant)

Coach a dit…

Accoucher, c'est mettre un bébé au monde et ce, peu importe la manière.

Ce qui fait de nous des mères, c'est de s'occuper de nos enfants. Qu'ils soient nés naturellement, par césarienne, sous épidurale ou même, d'une autre mère.

Nancy a dit…

Je suis d'accord avec toi MamanRousse. C'est l'enfant qui compte pas l'accouchement. Je trouve que les équipes de naissance/médicales etc. mettent définitivement trop l'emphase sur l'accouchement. Il est tellement idéalisé qu'on ne peut que le trouver imparfait. Elles devraient plutôt préparer la mère à ce qui l'attend APRÈS l'accouchement et non PENDANT. 1 journée vs 1 vie, c'est quoi?

Mi-trentaine a dit…

La preuve qu'il ne faut pas croire tout ce qu'il y a dans les livres!!!
Plus souvent qu'autrement, les livres sur la maternité consacrent beaucoup de pages au scénario idéal alors qu'on ne réserve que quelques paragraphes à la fin du livre pour les scénarios différents.

Conséquence? Nous arrivons à l'accouchement avec une idée toute faite de ce que sera notre accouchement. Puis, lorsque l'évènement prend une tournure différente, nous voilà envahi d'un sentiment d'échec.

Joyeuse anniversaire à Choupinette!

Anonyme a dit…

En France aussi, l'accouchement "naturel" est devenu un idéal.Mais au bout de 12 heures de travail, voyant que bébé ne souhaitait pas s'engager, j'ai demandé au médecin une césarienne, qu'il a pratiquée.
Il s'est avéré que c'était une bonne idée, un AVAC m'a été refusé pour mon deuxième enfant, et je sais que j'accoucherai de mon troisième bébé par césarienne programmée.
C'est aussi un accouchement, je ne suis pas moins mère, mais dans mon cas c'est le choix qui minimise les risques pour l'enfant et pour moi.

J'ai bien vécu tout ça parce que je ne respirais pas à la naissance, qui a été très difficile, que ma mère a mis longtemps à s'en remettre, que j'ai commencé ma vie dans un hôpital séparée de ma mère, tout ça parce que les médecins n'ont pas voulu faire de césarienne.
D'ailleurs, c'est étonnant, il y a peu d'information sur l'accouchement par césarienne et ses suites, il m'arrive souvent de boire un café avec des filles pour expliquer ce qui les attend, le médecins restant flous.
Merci pour ton texte :)

Anonyme a dit…

Merci pour ce beau texte...Je me sens beaucoup moins seule dans mes souvenirs d'accouchement "poche"!

Moi aussi, on m'a crevé les membranes sans mon consentement, moi aussi, 2 heures et quelques de poussées sans résultat, moi aussi épisiotomie monstrueuse, forceps, 4 sur 10 pour le test Apgar et 3 jours aux soins néo-nataux de l'hôpital pour mon petit trésor.

Mon plus triste souvenir, c'est d'avoir enduré les 16 heures d'attente avant de pouvoir tenir mon petit garçon dans mes bras, plogué de partout qu'il était dans son incubateur ... Est-ce que mon bébé s'est senti abandonné pendant tout ce temps? Avait-il peur? Avait-il mal? Mon bébé et moi avons commencé notre relation sur une note très angoissante...

Mais maintenant, lorsque je regarde le magnifique garçon intelligent et en santé qu'il est devenu (8 ans déjà !) et que je constate les liens très forts qu'il y a entre nous, je me dis qu'un accouchement épouvantable, ce n'est pas facile à vivre, mais ce n'est pas la fin du monde non plus. Car, ce qui est le plus important, c'est la vie après!

Bonne fête à la petite et bon anniversaire de maman à vous !

Mère Poule a dit…

Heureusement pour moi, mes accouchements ce sont bien passés.

Par contre, je comprend ce regret... Cet émotion qui nous fait dire avec le recul ''j'aurais donc du arrêter de focuser sur telle ou telle chose et plus profiter de ce temps maintenant perdu...''

M'enfin... J'imagine que ça prend de tels émotions pour se rendre compte que peu importe ce qui arrive, faut savoir profiter de chaque moment qui passe.

...

Bonne fête Choupinette!!!

Anonyme a dit…

Aucune raison de se sentir coupable !
La Choupinette est là, elle a maintenant 6 ans, BRAVO !
Bravo à la petite et à sa maman !

Anonyme a dit…

Beau texte!
Ici, pour petit Nours, je n'ai même pas eu le "bonheur" de connaître une contraction...
Manque de liquide amniotique, bébé se présentant en siège, je me pointe à l'hôpital parce que je ne le sens pas bouger... Césarienne à 36 semaines(mais pas urgente, bébé allait somme toute assez bien) sans avoir connu une seule minute de vrai travail! Je suis toujours un peu triste quand j'entends les autres filles raconter leur accouchement, qu'il ait été superbe ou difficile... Et surtout mal à l'aise quand on me demande comment a été l'accouchement, je l'ai tellement "eu facile" que je ne connais absolument rien à ce que c'est que d'accoucher! Avec un peu de chance, je pourrai tenter l'Avac pour une prochaine grossesse! Mais il faut aller de l'avant et se dire qu'on est maman, peut importe comment on y est parvenue!

Solène a dit…

Merci pour vos bons mots à mon égard et pour vos souhaits. Je les transmets à Choupinette!

J'ai été beaucoup plus en paix avec mon deuxième accouchement par césarienne, même si ce n'était pas non plus ce que je souhaitais au départ... La vie nous apprend à lâcher prise et à relativiser, fort heureusement!

Annie a dit…

Ouf! Que je me retrouve ici! Mon texte ici en dira long sur les mêmes états d'âmes...
http://bonheursannie.blogspot.com/2008/09/un-ange-est-n.html

et là... 2 mois après...
http://bonheursannie.blogspot.com/2008/10/gaa-ma-t-elle-oublie.html

Caroline (La Belle) a dit…

Ce sont des textes comme le tien qui m'ont fait réfléchir pour mon accouchement. Je ne m'étais fait aucune attente (naturel ou césarienne) ni plan de naissance (bain ou pas bain etc...) et puis finalement j'ai eu un bel accouchement même si j'ai été provoqué et que j'ai eu l'épisiomie (j'sais pu trop comment l'écrire...!).

Donc peut importe la façon dont on accouche comme tu dis, l'important c'est la venue de notre bébé en santé dans nos bras. C'est tout ! Merci de partager cette histoire qui va en faire réfléchir plus d'une !!!

Sophie a dit…

bonjour,
très beau texte ! j'ai vécu à peu près la même histoire et je m'en veux de m'en être voulu ! j'ai poussé une "gueulante" sur ce sujet sur mon blog le même jour ou presque !
Bon anniversaire à ta puce !
bizz