
C'est fait: ma fille a eu sa première crise de centre d'achats.
À deux mois et demi, elle m'a montré clairement devant tout plein de gens qu'elle n'aime pas magasiner. La crise était parfaite, rien à faire pour la consoler. Bébé voulait dormir, mais les néons agressants du centre d'achats semblait la garder réveillée. Bref, elle braillait haut et fort, y'était temps que je sacre le camp.
Le temps de me rendre vers la sortie, j'ai rencontré tout plein de gens, pour la plupart des retraités qui, tout comme moi, tuaient leur jeudi après-midi dans les magasins.
Devant ce petit être qui criait son désespoir profond, j'ai eu droit à des sourires complices ou attendris, mais j'ai aussi eu droit à toute une panoplie de conseils.
Une dame a réussi à me mimer (oui, oui, mimer) qu'elle pensait que ma fille avait mal à l'estomac.
Une autre a cru bon de me dire, comme si je ne l'avais pas encore remarqué, qu'elle était «choquée». Merci, je n'avais pas vu qu'elle était mauve et qu'elle ne respirait presque plus tellement elle était enragée.
La dernière gérante d'estrade, je l'aurais égorgée. Elle s'est arrêtée à ma hauteur, a fait un «ohhhhh», et après les questions d'usage (c'est une fille? elle a quel âge?) lui a pris la main.
«Elle a les petites mains froides», qu'elle m'a dit.
«Euh, scuse chose, d'abord pour constater que ma fille a les mains un peu froides, il a fallu que tu lui touches. C'est l'hiver, les microbes prolifèrent et je ne te connais pas. Donc tu ne touches pas. Ensuite, penses-tu vraiment qu'avoir les mains un peu fraîches peut causer une crise de cette ampleur?»
C'est ce que je lui ai dit. Texto.
Dans ma tête, du moins.
Mon sens de la répartie est génial, dans ma tête.
Dans la vraie vie, j'ai fait «huh huh» et j'ai couru vers la sortie.
On ne me reprendra pas de sitôt à magasiner avec un bébé.
(Z)Imparfaite invitée: Marie-Eve