jeudi 9 juillet 2009
Grand écart deviendra petit
JeuneHomme a 3 ans. Aujourd'hui. Et moi, au lieu de goûter tout sourire à son gâteau, je vais me surprendre à m'imaginer en fée marraine et à lui souhaiter 2341 voeux. Mais le plus cher: ne grandis pas trop vite.
Souvent, je trouve que JeuneHomme est passé dans le «beurre», derrière une grande soeur extravertie et moulin à paroles, ayant déjà séduit tout son monde. Il est arrivé sans grand fracas, à part ses cris puissants. Pour lui, n'ayant pas été piqué par une aiguille de gramophone, c'est sa manière, depuis toujours, de nous signifier sa présence. On le regarde avec les mêmes yeux qu'on regarde MissLulus. La différence pourtant: 3 ans et demi. Parfois - même souvent - j'oublie qu'il n'a que 3 ans. Je le vois plus grand qu'il ne l'est.
Je voudrais qu'il parle plus, qu'il chante plus, qu'il compte bien, qu'il dessine bien, qu'il écoute pile poil, etc. Je le reprends s'il tient son livre à l'envers; je le reprends quand il dit "hippotopame", je le reprends quand son cercle n'est complètement fermé, quand il inverse ses bottes de pluie, etc. Des fois, j'oublie qu'il a 3 ans et non 6, c'est vrai!
Mais des fois, aussi, je voudrais bannir cet écart. Les mamans de plus d'un enfant vivent-elles comme moi un décalage? Je me suis longtemps sentie coupable (mauvaise mère, sans coeur, name it!) les premières semaines après sa naissance de ne pas le comprendre, de ne pas le deviner, de ne pas l'aimer autant que sa soeur... Elle avait trois ans et demi d'avance et je ne l'acceptais pas. J'avais du temps à rattraper avec lui. J'avais un but en tête (courir plus vite que le temps) et je n'en démordais pas. Je voulais être la même maman pour les deux. Les connaître parfaitement tous les deux. Déchiffrer la moindre expression. Pareil. Égal. Puis, trainant ma crainte de ne pas être une copie conforme, les mois ont passé. Non, sans crises. Je m'obstinais à bercer JeuneHomme en lui chantant des chansons parce que MissLulus avait adopté cette routine. Je flattais le cou de ma fille qui frémissait chaque fois que je passais trop proche de ses oreilles (elle détestait) parce que mon gars aimait se faire minoucher de la sorte. Le retard était toujours là.
Un jour, mon amie So m'a avoué avoir senti ce même décalage. Déjà, je me suis sentie mieux. C'est une course perdue d'avance. Je n'y arriverais jamais... Quoique je fasse, MissLulus aura toujours trois ans et demi de plus d'expérience avec moi que lui... Puis, je suis tombée sur un épisode de SuperNanny où elle faisait écrire aux parents les qualités et les intérêts de chacun de leur enfant. «Pffft trop facile», que je me souviens avoir lancé comme commentaire. Mais deux jours plus tard, l'exercice m'étant resté en mémoire, je me suis attelée à la tâche.
Oups! Pas si facile (essayez!!). Je les ai regardés puis, je me suis mise à départager les goûts et les aptitudes de chacun, leur trait de personnalité et leur dédain. Quel choc: j'avais deux enfants différents. Et le temps que je perdais à vouloir me cloner en maman identique pour chacun d'eux, je ne l'occupais pas à les suivre dans leur propre élan.
Désormais, je sens que l'écart se ramincit vraiment. Je connais encore mieux chacun d'eux et je sais que MissLulus aura toujours une certaine «avance» de temps... Mais il m'arrive aussi de comprendre plus JeuneHomme, même avec notre retard commun... Et lui aussi me devine parfois mieux que sa soeur. L'écart est mouvant.
Ne grandis pas trop vite JeuneHomme, j'ai tout mon temps pour toi encore. Et j'aime apprendre à te connaître tout doucement! C'est aussi grâce à toi que je deviens imparfaite (et heureuse) un peu plus chaque jour! Bonne fête!
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13 commentaires:
Bon, bravo Nadine, ce matin, tu viens de me mettre les larmes aux yeux!
Ton texte est merveilleux!
Ce n'est pas facile d'apprendre à vivre du jour au lendemain avec un nouvel enfant, sachant que les autres ont une longuer d'avance sur tout...
C'est un travail au quotidien d'être maman et de pouvoir jongler avec nos enfants qu'on voit changer, grandir et dont on voudrait tellement ne passer à côté de rien!
Mais comme tu es chanceuse, tu as une bonne espionne pour connaître ce que JeuneHomme fait en ton absence!
Je le vois aussi grandir et changer au travers son cercle d'amis et câline, parfois je trouve moi aussi qu'il grandit trop vite!
Bon anniversaire cher JeuneHomme!
Bonne fête JeuneHomme, profites bien de ta journée et fais-toi gâter par les 2 femmes de ta vie ;o)
C'est toujours un plaisir et du vrai bonbon de te lire.... mon JeuneHomme, le mien qui-a-aussi-3-ans-1/2-d'écart avec mon grand M. va avoir trois ans demain.... je me souviens quans j'ai lu sur un certain forum que tu quittais pour ton accouchement et que je te trouvais "chanceuse" puis j'ai suivi le lendemain.
Nos enfants ont le même âge et nous font vivre des choses parfois identiques....je prendrais le temps se soir de départager cette liste dont tu parles afin d'accueillir mon JeuneHomme dans son 3 ans....à suivre ;)
Super billet.
Bonne fête à ton petit homme.
Personnellement, j'ai symboliquement exprimé à mes enfants que je ne les "aimais PAS pareil", car ils sont uniques et différents évidemment.
Je leur ai acheté chacun un bibelot dans lequel j'ai "mis mon amour". Leur ai dit que je les aimais différemment, mais autant l'un que l'autre. Ils ont été contents et moi ça m'a enlevé un poids de sur les épaules. Ils n'ont pas les mêmes besoins et pas en même temps. C'est comme leurs chaussures, on n'a pas à les remplacer le même jour nécessairement...
C'est drôle, moi, je ne sens pas cet écart..
Je me rends compte qu'ils sont différents, malgré leur jeune âge. Je ne veux pas être exactement la même maman pour les deux, mais je veux être une maman "égalitaire". Donc, si un des deux à droit à une surprise mettons, je tiens à faire aussi une surprise à l'autre.
C'est drôle que tu parles de votre "retard commun" à JeuneHomme et toi. Comme si la balise du calcul, c'était la naissance de MissLulus.
Moi, je ne vois pas cela comme ça du tout! Je vois chacun selon son âge tout simplement.. Milou a bien exprimé comment je me sens aussi!
Et puis, bonne fête à ton bonhomme!
Ça fait partie des choses qui me tracassent dans la question «en avoir un 2e ou pas»... Je ne pense pas non plus pouvoir revivre tout intensément comme la première fois (je n'en aurais plus la force, de toute façon!). Et puis, j'ai toujours du mal à croire qu'on puisse ne pas avoir de «préféré»...
P.S.: Bonne fête à JeuneHomme!
Merci pour ce billet: il m'a fait beaucoup de bien. Je dois avoir mon 2e enfant dans quelques jours et depuis plusieurs semaines je culpabilise parce que j'ai l'impression de ne pas l'attendre autant que le premier, de ne pas avoir eu conscience de ma grossesse autant que l'autre, etc... probablement parce que, justement, j'en ai un de 2ans et demi après qui courir toute la journée. Ça me fait bien réfléchir.
Chère Nadine,
Ce beau billet, ce texte plein d'amour est la preuve que l'écart est petit ou même qu'il n'y en a pas... C'est juste différent.
Deux enfants, deux histoires et seulement deux fois plus d'amour!
Pour ma part, je viens de passer une journée collée-collée avec mon fiston qui vient d'avoir ses 3 ans, en ayant en tête ton texte. J'ai encore plus apprécié ces moments alors que Fillette est sortie au CPE. Merci!
Quel beau texte Nadine.
Ayant un enfant unique, j'ai découvert une autre facette de la maternité qui m'était inconnue.
Quand j'y pense, je crois que si un 2e enfant était né, j'aurai voulu faire comme pour le premier, pour être équitable (même nombre de photos, mêmes attentions, etc.). Je n'aurai peut-être pas réalisé tout de suite que le 2e ne sera jamais comme le 1er, et que, par conséquent, rien ne peut être exactement pareil.
Le beau billet!
Bonne fête petit bonhomme! ;)
Et selon moi, non, on n'a pas de préféré...
on a juste une façon préférée d'aimer chacun d'eux!
ouf...tu es dans ma tête toi??!!
Les miens...2 boys nés à 2 ans 1 journée de différence!
...allo les comparaisons et les
" au même moment il y a 2 ans je faisais ça avec mnon 1er..."
Je capotais même sur les séances photos faites ou pas faites chez Sears...et tranquillement je me calme; je ne veux tellement pas que mon entourage les compare que je commence par moi-même; j'essaie de ne pas le faire...
Et...je les aimes autant mais d'une façon différente!
J'ai aussi cessé de culpabiliser dans les comparatifs d'un enfant à l'autre. Bien sur que je ne fais pas les choses de la même manière avec la troisième qu'avec mon premier... mais comme le dit si bien Mamanbooh, ils sont différents, uniques. C'est donc normal qu'on les aiment différemment.
Mais je dois avouer que j'ai des préférences. Oui oui. Et mes enfants le savent. Shawn est mon Shawn préféré. Zack est mon Zack préféré. Rose est ma Rose préférée.
J'espère que, quand je serai morte, ils prendront la parole chacun leur tour pour dire "C'était moi, le/la préféré/e de Maman".....
Ton billet tombe à point... Malgré la prise de conscience que j'ai de cet écart, il m'arrive encore souvent de culpabiliser... Et j'étais justement dans une de ces passes il y a quelques semaines. Je vais réajuster à nouveau mes lunettes pour mon propre bonheur et celui de mes enfants... merci!;)
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