jeudi 21 mai 2009

Nos enfants all the way?

Y'a des fois où j'aurais juste envie de peser (que dis-je? Enfoncer! Écrabouiller!) le bouton "pause" et empêcher mes enfants de grandir. Juste au cas...

Au cas de quoi?

Au cas où ils vireraient mal. Peut-on arrêter de les aimer? Immense frisson. Grand questionnement.

***

D'abord, il y a eu le cas de Guy Lafleur. Puis avant-hier, Lynette et Tom Scavo, dans Desperate Housewifes. Et là, il n'en fallait pas plus pour que ma machine à penser se mette à dérailler. Je me suis mise à penser à tous ces meurtriers (jeunes ou pas), ces délinquants profonds, ces violeurs, etc. Ils ont des parents. Tous, sans exception. Devant la pire monstruosité, qu'arrive-t-il de notre amour pour eux?

En plus d'avoir menti pour le couvrir, Lynette a juré qu'elle défendrait son fils, même si c'était lui qui avait volontairement déclenché l'incendie qui a tué 7 personnes. Chaque fois, je me demande si c'est possible. Peut-on passer par-dessus et continuer à l'aimer? Peut-on accepter? Pardonner? Comprendre? Excuser? Doit-on le faire?

Nos enfants all the way? L'amour inconditionnel, malgré tout? Franchement, je ne sais plus.

Cet été, je me promets de lire Il faut qu'on parle de Kevin de Lionel Shriver. J'ai toujours repoussé l'heure de cette lecture. Un coup de massue paraît-il. Une mère retrace l'itinéraire meurtrier de son fils qui a tué ses camarades de classe et un professeur dans une tuerie sans nom qui n'est pas sans rappeler Dawson, la Polytechnique et Columbine.

Quand je regarde mes enfants pellotonnés dans leur lit, je me dis que ça ne se peut pas. Mais un jour, ces fous furieux qui tuent sans remords apparents ont aussi dormi comme un ange au fond d'une bassinette surmontée d'un mobile d'oursons inoffensifs. Mon pire cauchemar.

Et puis, la folie ou la haine derrière un geste répréhensible doit amener son lot de culpabilité parentale. Une genre de décharge monstre. Aurais-je pu le deviner? Qu'est-ce que j'ai fait de pas correct? Où j'ai failli? Pourquoi? Des millions de questions doivent hanter les parents... qui n'y sont pour rie

Lynette disait: "Je vais t'aimer encore, ça ne changera rien." Je doute que ça puisse être vrai. Poser un geste abominable (je ne parle pas de voler un paquet de gommes), je pense que ce serait différent. Même si on renoue une corde brisée, il y aura toujours un noeud quelque part. Je ne pense plus que je serais capable de regarder mon enfant dans les yeux. Et l'amour, pour moi, ça part de là.

12 commentaires:

Dominique a dit…

Bonne lecture... C'est qqch à lire, mais ça vaut la peine.

JulieJulie a dit…

Je me demande aussi si notre amour est aussi inconditionnel que ça. Je n'en suis pas certaine. La honte que j'aurais face aux actes de mon enfant viendrait-il tuer l'amour?

Milou a dit…

L'amour, je peux croire qu'il peut demeurer malgré X atrocités.
Après tout, les enfants victimes d'abus "aiment" toujours en général leurs parents.

Sauf qu'aimer ne veux pas dire tout pardonner, ni tenter de camoufler les actes commis par notre enfant.

L'amour pourrait même faire que c'est nous qui dénonçons l'acte commis...

Sauf que la culpabilité doit faire en sorte que le réflexe de "protéger" nous vient... je ne sais pas.

Chose certaine, personne ne veut vivre ce genre de chose pour le savoir...

Isabelle a dit…

"Il faut qu'on parle de Kevin", c'est un livre coup de poing, le type de lecture obsédante qui captive, mais aussi qu'on a hâte de terminer, ne serait-ce que pour échapper à la noirceur des propos. Un must, tout de même.

Solène a dit…

Je peux dire, pour avoir cotôyé des criminels (non, non, partez pas de rumeurs, pas dans ma vie personnelle!) qu'il y a autant de réactions aux atrocités commises par nos enfants qu'il y a de gens sur Terre. Et ça va de l'amour inconditionnel et absolution complète jusqu'au reniement complet...

Pour ma part, je n'aime mieux pas y penser. Je pense que l'amour y serait encore, mais que je serais tout de même capable de voir les limites de mon enfant... et le mal qu'il a fait aux autres.

¤Enidan¤ a dit…

l'amour peut changer de forme aussi... notre enfant restera notre enfant, peu importe les gestes commis, mais j'imagine qu'il y a plusieurs façons de réagir à un geste atroce de notre enfant...

On souhaite que ça n'arrive jamais...

Marion a dit…

Bonne lecture également

Evely a dit…

Je crois qu'on aime notre enfant quoi qu'il fasse, mais ça ne veut pas dire que l'on accepte ses choix et on peut condomner ses actes.

Je pense aussi que les tueurs, violeurs et autres ont certainement eu des enfances traumatisantes. Vous allez dire oui, mais le petit Lafleur a de bons parents à la base. C'est vrai, mais il a aussi une déficience mentale d'après ce que j'ai compris. Enfin, tout ça pour dire que je ne crois pas que n'importe quel enfant peut devenir un tueur, je crois qu'il y a des circonstances. Je n'en voudrais jamais à une mère d'aimer son enfant malgré tout le mal qu'il peut faire.

Solène a dit…

@Evely: Il a le Syndrome de la Tourette . C'est une affection neurologique (tics moteurs et verbaux). Donc pas d'altération ni du jugement, ni de l'intelligence. C'est surtout sa consommation de drogues fortes qui était problématique, surtout en cocktail avec la médication qu'il prenait... Ceci dit, je ne dit pas que c'est drôle de vivre avec cette maladie, mais ce n'est pas elle qui est la cause de ses agressions.

Evely a dit…

@ So

Je suis entièrement d'accords avec toi que ce n'est pas la maladie qui est la cause de l'agression. Cependant, j'imagine bien que ce garçon à du se faire niaiser en masse par les autres enfants, par exemple, et que ça a causé un sentiment d'infériorité et ainsi de suite. (Je ne dis pas que c'est exactement ça qui est arrivé, mais faut voir le passé des agresseurs pour comprendre ce qui fait qu'ils se sont rendu à ce point de non retour)
Je suis peut-être naïve, mais je pense que l'homme nait bon, mais que ses expériences le transforme positivement comme négativement.

Julie a dit…

Premièrement dans Beautés désespérés, le fils de Lynette n’est pas coupable…

Deuxièmement, dans Il faut qu’on parle de Kevin et bien la maman avait déjà une relation assez tordue avec son fils. Elle avait un manque d’amour envers lui, un manque d’intérêt… C’est ce qu’elle comprend lorsqu’il se retrouve enfermé et qu’elle poursuit tout de même une relation avec lui. Comme pour se racheter. De plus, il n’est pas devenu fou du jour au lendemain, il a commencé par faire des choses horribles à sa sœur avant de passer au geste ultime.

Les enfants ne deviennent pas autre chose du jour au lendemain. Les violeurs / tueurs comme vous dites sont depuis leur tendre enfance un peu crochetés. Il vous est sûrement déjà arrivé de voir des enfants chez qui vous sentez qu’il y a une petite graine de méchanceté. Et là je ne parle pas de méchanceté puérile comme traiter qqn de gros, ou justement voler un paquet de gomme. Je veux dire méchant, comme dans sournois, noir, pervers. C’est rare, c’est triste, mais il y en a.

Je ne vous connais pas, et je ne connais pas vos enfants non plus, mais si vous enfants sont chouettes et bons en ce moment, les chances sont à peu près nulles qu’ils deviennent des tueurs… ce qu’il y a au fond d’eux-mêmes, c’est ce qu’ils sont.

Coach a dit…

Tout un questionnement. Nos enfants sont physiquement une partie de nous-même. Être maman d'un tueur. Qu'est-ce qu'on doit se poser des questions... Sans parler de la culpabilité, du regard des autres, de la condamnation maternelle à vie.

Au plus profond de nous, l'amour doit rester je pense. Parce qu'on a connu l'enfant, le bébé qu'on a aimé, cajolé, fait rire aux éclats.

Je ne sais pas. Ça doit être un poids terrible.