vendredi 1 mai 2009

Moi? Une mère porteuse?

"Contente de ne pas avoir de sœur!!" C’est la première chose qui me passe par la tête quand j’entends parler de mère porteuse.

Depuis quelques semaines, les textes sur les mères porteuses déboulent dans l’actualité. Voilà même que Sarah Jessica Parker « attend » des jumelles via une mère porteuse. (Au fait, quelqu’un sait pourquoi elle fait appel à une mère porteuse elle qui est en couple avec Matthew Broderick depuis 12 ans et qu’ils ont eu ensemble un fils, maintenant âgé de 6 ans…? Durant les dernières rumeurs de séparation, le doux aurait-il mis une autre femme enceinte et que cette mère porteuse ne serait qu’un « front »?

On s’éloigne… mais c’était la pause «potinage», activité absolument (Z)imparfaite). Bref les mères porteuses sont devenues une alternative sérieuse pour les couples infertiles. Je comprends absolument! Je ne pense pas comme Denise Bombardier que les mères porteuses instrumentalisent leur corps ou pire qu'elles ne sont que des réceptacles ou des biens de consommations. Bon, c'est vrai qu'avoir recours à une mère porteuse, la dédommager, c'est comme louer son utérus. Mais à ce compte, adopter deviendrait "acheter" un enfant. Non, avoir recours à une mère porteuse, c'est entendre le puissant désir d'un couple d'avoir un enfant. Je ne les juge aucunement. Ni les femmes qui deviennent mères porteuses...

Mais en même temps, je remercie le ciel à genoux de ne pas avoir de sœur infertile. Aurais-je été capable de prêter mon corps à son embryon? Aurais-je été capable de porter un enfant sans m’en attacher déjà à ses premiers coups de pieds? Aurais-je eu la force d’accoucher, mais surtout celle de lui redonner son enfant alors que je reprendrais possession de mon corps, libéré de ce petit locataire non-à-moi? Les 9 mois de grossesse ne sont pas anodins. Ils sont, pour moi, le début de la maternité; dans ma tête j'étais une maman en devenir dès que j'ai su que j'étais enceinte. Et durant ce prélude à ma vie de maman, j'ai conversé avec bébé, je l'ai flatté, je l'écoutais, je m'inquiétais quand il ne bougeait pas, je lui donnais rendez-vous, je passais des heures dans la lune à l'imaginer... La grossesse est l'étape nécessaire pour mener à la grande rencontre. M'ennuyer d'être enceinte: très peu pour moi. Moi, je voulais être enceinte pour avoir le bébé après!! Être enceinte, accoucher, voir le bébé, mais pas goûter à tout le reste doit être difficile... mais sûrement moins quand même qu'un couple qui cumule les déceptions à chaque mois de ne pas voir s'annoncer un petit bébé.

Avoir eu une soeur, c'est sûr que j'aurais voulu qu'elle goûte à la maternité - si tel était son désir, bien sûr! - parce que c'est trop merveilleux. Mais être enceinte à sa place... quel déchirement, vraiment! Comment couper le cordon avec cet enfant? Surtout si on continue, par la suite, à la côtoyer? Venant de mon petit côté "tout ou rien", je pense que j'aimerais mieux ne pas avoir de contacts du tout avec cet enfant... Mais avec une soeur, ce serait donc impossible...

Avoir eu une soeur, j'aurais aimé être un gars... finalement!

8 commentaires:

Dodinette a dit…

voilà bien un sujet sur lequel je suis incapable de donner une réponse...
mais mes grossesses je les ai vécues très différemment de toi : ce bébé, ce gros ventre étaient bien réels certes, mais ça n'était pas eux qui allaient m'empêcher de faire tout ce que je voulais. je ne lui ai jamais "parlé", je touchais mon ventre quand il gigotait mais ça s'arrêtait là, c'était surtout pour sentir à quel point c'était rigolo. le bébé je m'y suis attachée au fil des premiers jours et premières semaines de sa vie hors de moi...
j'ai eu des grossesses extraordinaires, pas de nausées, à peine quelques douleurs ligamentaires, etc., alors faut dire aussi que ça aide à "ignorer" l'état de baleine ;)

Anonyme a dit…

Moi, j'ai fait des démarches pour faire un don d'ovules à une amie infertile (des problèmes de santé m'ont finalement empêché de le faire), ça j'aurais été capable, mais porter son bébé, jamais! J'ai deux enfants et accoucher le bébé d'une autre, très peu pour moi!

Lawrichai a dit…

Arrêtez-moi si je dis une bêtise, mais j'ai entendu dire qu'être mère porteuse est illégal au Québec.

Le "in vitro" est-ce démodé?

laurafiv a dit…

Je suis profondément POUR la légalisation de la gestation pour autrui en France, tout en légiférant avec attention pour éviter toute dérive. Je suis très heureuse de voir qu'il existe enfin un vrai débat sur le sujet. En effet, je sais maintenant depuis treize ans que devenir mère sera un parcours long et difficile, en raison d'une maladie orpheline, le mrkh, qui m'a fait naître sans utérus. Tabou pendant de longues années, le sujet devient enfin abordable, on peut se sentir femme sans utérus, et même envisager de devenir mère… rêve de toujours que je n'osais plus faire… On m'avait parlé de greffe d'utérus, mais je suis devenue médecin, je sais aujourd'hui que cela ne sera pas possible avant de très nombreuses dizaines d'années. Puis l'adoption, parcours magnifique d'une double rencontre, d'un double apprivoisement entre deux parents et un enfant ; mais ce n'est pas du tout la même démarche qu'un enfant biologique, dont la conception est pensée à deux. Dans le cas de l'adoption, l'enfant existe déjà. Il a son histoire et en tant que pédopsychiatre, je peux dire que devenir parent d'un enfant adopté est un chemin parsemé de difficultés pour lesquelles on n'est jamais assez préparés : l'enfant a été conçu par d'autres personnes, qui l'ont désiré ou pas, la mère peut avoir bu pendant la grossesse, avoir décidé de le garder puis de l'abandonner… L'enfant a une histoire et je respecte profondément les couples qui sont prêts à prendre tous les risques - et il y en a tellement, du « simple » rejet à l'adolescence, aux troubles envahissants du développement ou troubles autistiques en cas de carence affective dans la prime enfance -. Personnellement, avec mon mari, nous ne sommes pas dans cette démarche : attendre des années pour avoir un agrément, pour pouvoir avoir un enfant, souvent déjà grand, et avec une histoire parfois si lourde… A ceux qui parlent de commercialisation dans la GPA, vous ne pensez pas que l'adoption est une affaire d'argent ? 5ans d'attente peuvent devenir 2 ans avec suffisamment de bakchichs… Et à ceux qui disent « marre du tout biologique, adoptez ! », je répondrai, je ne veux pas un enfant qui me ressemble, je veux pouvoir construire ma famille à partir du désir d'enfant, de l'intentionnalité : et ça ne dure pas seulement 9 mois. Mon projet d'enfant mûrit en effet depuis treize ans (je dis souvent que je suis en gestation depuis tout ce temps…) : il a mûri seul, puis il se construit depuis 3 ans avec mon mari et il aboutira, je l'espère, grâce à une nounou que nous ne connaissons pas encore.
Je rappelle au passage à ceux qui brandissent l'étendard « attention à l'esclavagisme », que, dans les propositions faites par l'association clara, les femmes se proposant pour être des gestatrices devront avoir suffisamment de ressources financières, avoir déjà eu des enfants ; il y aurait un défraiement de la grossesse et non une rémunération ; cela resterait de l'ordre du don : il y aura ainsi peut-être peu de candidates mais cela restera ainsi un geste d'amour. Et je connais déjà beaucoup de femmes de mon entourage qui sont prêtes à aider un couple en mal d'enfant.
Quant aux échanges foetomaternaux, oui ils existent. C'est pour cela que nous parlons de « nounou prénatale » : l'enfant doit avoir la possibilité de garder des liens avec la fée qui l'aura porté pendant neuf mois et il ne peut d'ailleurs y avoir d'anonymat. Mais qu'on nous dise que ces échanges sont indélibiles et que c'est pour ça que la GPA ne peut être légalisée. Cela revient à dire à toutes les femmes modernes qui travaillent et qui ont des enfants qu'elles sont obligées de confier à une nounou « redevenez femme au foyer, sinon, attention, votre enfant va tisser des liens indélibiles avec sa nounou… » Vous imaginez le tableau, machiste à souhait…
Et enfin à ceux qui disent qu'on ne sait pas ce que deviendra psychologiquement cet enfant, qui parlent « d'abandon programmé », je les rassure tout de suite : il ne sera pas abandonné puisqu'il est attendu depuis trois ans, depuis le début de notre projet parental. Et je peux vous assurer qu'il ne manquera pas d'amour. Si par malheur il devait être handicapé ? Comment oser poser la question : je suis sa mère intentionnelle, le lien est déjà en place avant sa conception et la question se pose de la même façon qu'à n'importe quelle femme qui en accouchant découvre son enfant : c'est le sien. Et moi, c'est déjà le mien, handicapé ou pas.
Et qu'on arrête de nous rabattre les oreilles avec le « droit à l'enfant ». Ou alors qu'on s'en prenne aussi à toutes les femmes qui à 38 ans se disent que vite elles laissent passer le coche et qui se jettent sur le premier venu pour avoir un enfant parce qu'après c'est trop tard. Moi, je ressens en effet un puissant désir d'enfant, parce que j'aime mon mari, que je veux construire avec lui ma famille, le voir dans le sourire de nos enfants. Oui. Et je n'ai pas honte de le dire et ce n'est pas « à tout prix », puisque la médecine sait le faire, et que l'on sait que l'on est capable en France d'éviter les dérives, si la loi est pensée et pesée.
Croyez bien que si j'avais pu être enceinte (et en connaître les joies inhérentes, ce qui ne sera jamais le cas) je ne serais pas en train d'écrire sur ce forum : je serais mère depuis 3 ans…
Donc que les donneurs de leçons qui ont pu construire leur famille soient plus tolérants et se rappellent la naissance de leurs enfants pour nous laisser connaître nous aussi le bonheur d'aimer.

Anonyme a dit…

J'en suis maintenant à 40 semaines de grossesse et BB refuse de sortir ou même, de descendre un peu (précision importante à a réponse- hèhè). J'ai été malade jusqu'à mon huitième mois et j'ai pris plus de 20 kilos!
Moi? Recommencer et ne pas avoir le nanane à la fin? JAMAIS DE LA VIE!
Blague part, je crois qu'il s'agit là d'un sacrifice de soi immense et d'un don immensément généreux, vu ce que moi j'ai vécu. J'ai HAIS être enceinte..je pense même à faire usage moi-même d'une mère porteuse la prochaine fois! hehe...bref, je ne vois pas le mal...ya longtemps que certaines autres payent pour faire élever leurs enfants par d'autres, voir même allaiter par d'autres sans remords! messemble qu'il s'agit d'un plus grave problème!

Evely a dit…

Je pense que c'est... trop dur à dire. Je sais que je ne pourrais jamais être une mère porteuse. La seconde où j'ai su que j'étais enceinte je me suis attachée à ma petite crevette et maintenant je ne peux pas m'imaginer la vie sans mon fils. D'un autre côté, si une mère est capable de faire ce détachement et de rendre d'autre heureux, je pense qu'elle le devrait. Mais, fidèle à moi-même, je pronerais l'adoption bien avant, malgré tout le lot de complication que ça amène...

Anonyme a dit…

« les mères porteuses sont devenues une alternative sérieuse pour les couples infertiles. »?? Alternative sérieuse ? comme des instruments, des seringues, des bocaux ?? Voilà qui donne raison à Denise Bombardier.

« Mais à ce compte, adopter deviendrait "acheter" un enfant. » Parce qu’on paie leurs parents biologiques pour qu’ils donnent leurs enfants à l’adoption ? Un enfant abandonné a droit à une famille, il en a même besoin. Un couple infertile n’a pas droit à un enfant, pas à n’importe quel prix et par une une alternative qui est le corps d’une femme, fut-elle consentante à servir d’outil.


Il ne s'agit pas de juger non plus les femmes qui se prostituent, les parents qui prostituent leurs enfants, qui se droguent. Il s'agit de savoir si on peut légaliser un fait qui se transforme vite en marchandisation, en toute-puissance accordée à la génétique, comme si la femme était un outil une grossesse n’ajoutait rien à ces gènes.

Catherine Morissette a dit…

POur répondre à Lawrichai, se sont les contrats passés avec une mère porteuse qui sont illégaux.

Donc toute entente qui viserait à dédommager la femme pendant sa grossesse ne serait pas valide.

Ce que ça signifie concrêtement, c'est que si elle décidait de garder le bébé, il serait impossible d'aller devant les tribunaux pour faire respecter le contrat, puisqu'il est jugé nul, donc inexistant.

Il resterait à faire valoir la paternité du papa, mais à moins que la mère porteuse renonce à ses droits parentaux, la conjointe du père biologique ne pourrait pas légalement adopter l'enfant.

Bref, c'est très risqué, il faut bien choisir la femme qui portera le bébé!

Le contraire est vrai aussi. Si un couple a promis à la porteuse de payer ses dépenses et qu'il ne le fait pas, elle n'a aucun recours! Et si le couple change d'idée et ne veut plus de l'enfant, les options qui resteraient à la femme sont assez déplaisants!