Y-a-t-il autour de vous des gens pour qui chaque obstacle est un drame?
La semaine dernière j'avais l'impression qu'à quelques exceptions près, toute la ville faisait partie de cette catégorie.
Oui, je faisais partie des SINISTRÉS SANS EAU POTABLE de la rive-sud. Une nouvelle que j'ai accueillie avec un haussement d'épaules en vidant le réservoir de la machine à café et le bol d'eau du chien pour la remplacer par de l'eau de source et en plaçant une bouteille d'eau de source en évidence sur le lavabo de la salle de bain.
Et puis voilà. C'était ça qui était ça.
La congestion des rues autour des points de distribution d'eau, les heures d'attente en file, la frustration et le stress de manquer d'eau pour faire cuire mes patates, j'ai rien senti de tout ça.
Les patates, ça se cuit aussi au four (c'est même meilleur!) et c'est pas comme si on ne mangeait pas assez de riz et de pâtes comme ça qu'on ne pouvait pas s'en passer pour une couple de jours!
Pas d'eau du tout, je l'aurais trouvé moins drôle! Mais là, même si les stocks d'eau était vides dans toutes les épiceries la ville, il suffisait de se rendre à la ville voisine (moins long que de faire la file pour avoir un 2L gratis) pour s'en procurer pour combler ses besoins de base. Aucun stress, aucun drame. À cinq plus un chien, on a survécu avec 4L sur 3 jours. Tsé. Rien pour mourir de déshydratation.
Mais en lisant les commentaires de mes concitoyens sur les réseaux sociaux ou (pire!) en les entendant dans les vox-pop et les lignes ouvertes, j'avais l'impression de vivre en zone de guerre. Impressionnant comme une situation tout à fait gérable peut s'enfler et prendre des proportions dramatiques. La propension à vouloir faire pitié et à jouer à "mon drame est pire que le tien" s'est accrue ces dernières années. Que voulez-vous, ça attire plus de "J'aime" que d'affirmer que la vie continue et que "c'est pas si pire que ça", et risquer de passer sous le radar.
Et puis l'eau est redevenue potable. Et puis on a annoncé qu'en fait, elle l'avait toujours été.
Mais non. La finale n'est pas assez dramatique. Ce matin, place au recours collectif! (non merci, je passe).
lundi 19 janvier 2015
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6 commentaires:
Cela ramène à dire qu'on fait le choix de la perception que l'on adopte devant une situation !
Je suis à 25 minutes de Longueuil et je me disais justement que les gens n'avaient qu'à sortir de la ville pour aller se chercher de l'eau ou juste aller manger au restaurant.
Il n'y avait pas de catastrophe nucléaire. Les épiceries étaient encore accessibles.
Quand les enfants paniques parce que leur paire de jeans préférée est au lavage, je dis toujours qu'il y a pire que ça dans la vie.
Je ne comprends cette tendance à vouloir tout dramatiser...
Oh! Que j'aime ce post. Quand les gars de Charlie Hebdo se font tuer et que Boko Haram terrorise et tue des populations entières, là, on peut parler de catastrophes. Manquer d'eau potable quelques jours en ayant la possibilité de s'en procurer, tu as donc raison que ce n'est pas la fin du monde. Merci de remettre les pendules à l'heure.
Les médias accordent vraiment beaucoup d'importance aux dignes représentants de l'hystérie collective. Voilà peut être une partie de l'explication.
Devant le désarroi incroyable des gens sans eau potable pour quelques jours et devant faire la file en auto quelques minutes pour avoir leur eau, je ne peux m'empêcher de penser aux gens de certains pays du tiers-monde qui doivent marcher des kilomètres pour aller chercher leur eau, sous un soleil de plomb, tous les jours. On est vraiment bébé-gâtés, au Québec, non? En plus, il y a de la neige partout dehors, ça doit bien être possible d'en faire fondre et bouillir pour l'utiliser, non? Ce n'est pas ce qu'ils faisaient "dans l'ancien temps"?
Sincèrement, j'ai un peu honte de nous...
surtout qu'avec la neige que vous devez avoir au Québec, vous ne devez pas manquer d'eau....dans ce genre de cas je me dis , et je dis aux autres : "on pourrait être en Afghanistan, alors reste cool!"
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