vendredi 9 janvier 2015

Donner le refus de la culpabilité en cadeau

MissLulusPuDeLulus a eu 12 ans. 12 ans.

Quand un anniversaire est si proche de Noël, laissez-moi vous dire qu'on se creuse la tête pour trouver un cadeau.

Cette année, on lui a offert une leçon, celle d'apprendre à s'occuper de soi. C'est tout un cadeau à faire, je crois. Et ça n'a rien à voir avec l'égoïsme ou l'individualisme. Non, c'est la base pour se sentir bien et ensuite, pouvoir mieux aimer les autres, les aider, bâtir des relations, etc. 

On s'en va, entre filles, l'espace d'une escapade d'une nuit à l'hôtel avec, au menu, restaurant, ski de fond, massage, soin du visage, spa, boutiques, lectures, flânage, etc. Que des trucs qu'elle aime! Non, on ne part pas en famille. On part en duo mère-fille... s'occuper de nous.

À travers ce cadeau, on voulait aussi lui montrer qu'elle ne vient pas toujours en "package deal" avec son frère ou qu'on a besoin de sortir "tous les quatre ensemble".  Parfois, on a besoin de se retrouver, entre filles, avec un seul de tes parents, entre amis, entre frère et sœur (j'imagine... J'en ai pas!), etc. Des fois, juste toute seule. Et que c'est correct. Les enfants font souvent partie de groupe - à l'école, dans leur classe, avec leurs amis, dans les cours parascolaires, etc - et ils oublient qu'ils peuvent faire des trucs juste par eux-mêmes, sans tous les autres. Ils sont conditionnés depuis l'époque de la garderie où il fallait que "tous les petits amis" fassent tout en groupe, en même temps ou presque. C'est important d'apprendre à suivre le groupe, d'y faire sa place, mais apprendre ensuite à s'en distancer peut être difficile.

Les autres, on en a besoin, c'est certain. Mais il faut être capable de se choisir aussi dans la vie. Ne pas attendre que les autres prennent soin de nous et prendre, nous-mêmes, les choses en main. Et on n'a pas à se sentir coupable de le faire. Ça, c'est le noyau du "penser à soi". Bang! La culpabilité peut nous rentrer dedans. Combien, encore, de femmes partent pour une soirée de filles en ayant préparé le souper pour son chum et les enfants, les lunchs du lendemain, fait faire les devoirs et qui appelle pour vérifier si tout va bien.... Elle se sent coupable de laisser son chum et ses enfants sans elle. Pourtant, c'est un cadeau pour tout le monde: le chum a toute la place pour faire les choses à sa façon, les enfants apprennent donc une autre façon de faire, les enfants et lui ont du temps ensemble en cocon, elle voit ses amies, etc.

Je veux montrer que c'est important de prendre du temps pour soi et que ça ne veut pas dire qu'on est égoïste et qu'on n'a pas à se sentir coupable. On a tellement peur de passer pour un être qui ne pense qu'à lui. Dans une société qu'on dit individualiste, ne pas être altruiste, un aidant, un "donner au suivant", un bénévole de tous les instants, un sacrifié pour les autres - du moins, en surface, ce n'est pas facile. Pourtant, je trouve que, souvent, on pense beaucoup aux autres (et trop aussi à ce que les autres vont penser) et on se fait passer en dernier, toujours en se sentant coupable.

En fait, non, je ne lui en parlerai même pas de culpabilité et d'égoïsme. Je n'utiliserai pas ces deux mots-là parce que, pour le moment encore, elle trouve ça normal de prendre du temps pour soi et je voudrais que ça reste ainsi. Pour elle, c'est normal que je sorte au restaurant sans elle, que mon chum aille voir ses amis pour jouer de la musique, que je parte en vacances un week-end avec mes amies, que je m'enferme dans mon bureau pour faire du yoga en plein milieu d'une journée, etc. Jamais, elle ne trouve ça injuste ou "poche". Jamais, elle s'est sentie "exclue". Pour elle, c'est dans la normalité et je souhaite que ça reste ainsi. Pour que jamais elle ne se sente coupable de s'éclipser par moment pour se retrouver seule ou en mini groupe, pour se retrouver, se ressourcer ou juste se sentir bien. Ce besoin est trop nécessaire pour le bâcler et l'obscurcir avec la culpabilité.

À l'aube de l'adolescence, je trouvais que c'était un bon cadeau à lui offrir... le refus de la culpabilité.

1 commentaires:

Jaslabarack a dit…

Merveilleuse idée. Je prend une note.