vendredi 6 juin 2014

Viser le top, mais niveler vers le bas en même temps

Je ne sais plus trop quoi en penser.

D'un côté, je trouve complètement ridicule cette tendance à vouloir augmenter le QI des enfants en les faisant ingurgiter des capsules d'huile de poisson et en ne leur donnant que des jeux super-éducatifs. Ça me fait frissonner de voir qu'on utilise la vulnérabilité des parents pour vendre un tas de trucs qui supposément pourraient augmenter un score de QI (et qui parle aussi de l'intelligence émotionnelle, voire la "globale"?). Viser trop haut, en sautant des étapes, ça m'inquiète...

De l'autre côté, je trouve qu'on exagère et qu'on stresse parfois trop intensément les enfants avec l'école et leurs notes. Toutefois, je suis la première à être quand même exigeante tout en essayant de me calmer. J'ai cessé de focusser sur la note, mais il y a des erreurs (de français, surtout!) que je ne laisse jamais passer. C'est impossible que je ferme les yeux. C'est juste plus fort que moi.

Alors, je ne comprends pas qu'on ait demandé aux enseignants de revoir les exigences à la baisse pour les examens du Ministère. L'exemple choc: si un élève écrit «Les chatte sont noire», les profs ne doivent compter qu'une seule erreur plutôt que deux. La raison: c'est la même règle d'accord qui n'est pas respectée. Ben voyons! Des examens recorrigés parce que le taux d'échec est trop haut? C'est moi ou c'est essayer de camoufler la réalité et ne pas porter la responsabilité de ces notes. Viser trop bas, en bâclant des apprentissages, ça m'inquiète tout autant.

Bref, je ne sais plus du tout de quel bord je suis. La course frénétique au QI élevé ou aux notes exceptionnelles, ça ne me dit rien. Niveler vers le bas, ça me pue au nez.

Vous vous situez où, vous?

Finalement, en y réfléchissant, je pense que je suis pour l'encouragement constant des efforts. J'en demande toujours un peu plus que la veille, tranquillement. Une pense ascendante, quoi. Vers le haut, mais graduellement, étape par étape.

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Je me situe au niveau de l'apprentissage, point. Développer le goût d'apprendre, la curiosité, le sens critique, la méthode, la rigueur.

Niveler par le bas, c'est accorder trop d'importance aux notes. La note est simplement une mesure de ce qui a été apris ou pas. C'est une mesure imparfaite, parfois biaisée même selon la méthode d'évaluation. Enlever un point plutôt que deux pour une règle de grammaire qui n'est pas maîtrisée, ça ne change rien au fait que la règle n'est pas maîtrisée. Le but de l'apprentissage ne devrait pas être la note en elle-même: le but devrait être la maîtrise de la matière au programme.

J'aime généralement les jeux éducatifs... mais dans le fond est-ce qu'il y a vraiment des jeux qui ne sont pas éducatifs? Je pense que de créer jeune un intérêt pour la lecture, pour les chiffres, pour les jeux de logique... c'est super. Tant que ça reste ludique. Et tant qu'on ne se concentre pas sur un aspect au détriment des autres. Parce qu'il faut aussi bouger, jouer dehors, créer, trouver des solutions, observer le monde autour de nous, se faire des câlins, s'ennuyer et même se chicaner un peu des fois... Tout ça fait partie de l'apprentissage. La vie, ce n'est pas juste l'école et le travail.

Anonyme a dit…

« Des examens recorrigés parce que le taux d'échec est trop haut? »

Je n'ai pas vu l'examen, alors je ne me prononcerai pas. Mais voici des questions auxquelles il faudrait avoir des réponses pour bien juger la situation :

-Est-ce le même examen que les autres années?
-L'examen était-il proportionnel à ce qui a été enseigné?
-Les questions étaient-elles bien formulées?

Si c'est le même examen que toujours et que soudainement une cohorte est faible, laissons-la être faible et tirons les conclusions à tirer. Mais si l'examen était soudainement plus difficile, différent de ce qui a été fait au cours de l'année ou si les questions pouvaient être interprétées de manières diverses/étaient mal formulées, le problème est tout autre.

Des examens mal conçus, ça existe, et ce n'est pas la faute des élèves. Des cohortes plus faible, ça existe aussi. Et je ne suis pas en mesure de dire quel est le cas ici.

Nadine a dit…

@anonyme de 10:01: J'aime l'idée d'être au niveau de l'apprentissage, point.

Anonyme a dit…

Pour répondre à Anonyme 10:17, l'examen est différent d'une année à l'autre. Je trouve également vos questions très pertinentes. Les gens du ministère qui conçoivent les examens ne sont pas toujours «dans la réalité»... Par exemple, cette année, dans l'examen de maths en 6e année, il était entre autres question d'hibiscus et d'autres types de plantes... Quel élève de 12 ans sait ce qu'est un hibiscus?! Le problème mathématique aurait été le même avec des marguerites (ou pourquoi pas des plants de tomates?) et auraient permis de vérifier les compétences en maths et non leurs connaissances générales.

Anonyme a dit…

Le problème c'est qu'on oublie le plus important principe de la pédagogie : un cours est réussi lorsque les objectifs généraux sont atteints. Partant de ce principe, le barème de l'examen doit être conséquent et si un élève échoue, c'est qu'il n'a pas assimilé la matière. C'est pourquoi la marche entre les études secondaires et le Cégep et ensuite l'université et le marché de l'emploi est de plus en plus élevée, les étudiants ne rencontrent pas les critères de sélection.

Julie a dit…

Nos enfants sont intelligents et curieux de nature. On devrait leur faire plus confiance, et donner un peu moins d'importance aux évaluations et aux notes. Je suis tout à fait d'accord avec anonyme 1 : développer le goût d'apprendre, la curiosité, le sens critique sont absolument essentiels et devraient être au cœur des apprentissages. C'est mille fois plus important que des notes.

Anonyme a dit…

"Quel élève de 12 ans sait ce qu'est un hibiscus?!"

anonyme de 10h21, Ca c'est prendre les enfants pour des imbéciles... ils sont capables de tout apprendre si on n'imagine pas d'avance que c'est trop dur pour eux...

Pour répondre a ta question, mon fils de 5 ans qui n'est pas encore à la maternelle le sait, non parce que j'essaie d'en faire un petit genie en lui apprenant le dictionnaire, mais parce qu'il l'a vu dans "passage secret" un jeu sur ipad!! c'est aussi la qu'il a appris à lire les nombres à 5 chiffres...

Vous aurez compris, je suis donc contre le nivelage par le bas... Viser trop haut permet d'atteindre un niveau moin bas de toute façon...

Et outre la maitrise de la regle, dans le fait de compter 2 fautes plutot qu'une pour la meme regle, il y a aussi l'apprentissage de la rigueur... Ex, ma fille de 5 eme annee qui elle maitrise les regles, ne les applique que quand elle a le temps (c'est a dire surtout en dictée ou elle a presque toujours 100%), ses autres devoirs sont bourrés de fautes... parce qu'on lui envoie le message que l'orthographe ne sert a rien d'autre qu'avoir de bonnes notes en dictée. je vous jure que si CHAQUE faute était pénalisée, elle s'arrangerait pour n'en faire aucune. C'est donc des éleves comme elles qui sont pénalisés par le nivellement par le bas...
Il y a pourtant des professions ou la rigueur et le zero faute sont indispensables, des professions ou l'erreur est impensable...

Anonyme a dit…

@Anonyme 9:16 ARK. Je plains vos enfants.

ganesh46 a dit…

mon niveau : je NE SUPPORTE PAS les fautes d'orthographe....

Anonyme a dit…

Pour vous répondre, anonyme de 9:16, bien sûr que les enfants sont capables de tout apprendre. Je ne les prends pas pour des imbéciles, bien au contraire. Trouvez-vous vraiment pertinent que ce soit appris dans le cadre d'une évaluation? Bien des élèves vont bloquer sur ce mot alors que le but est de voir s'ils peuvent résoudre un problème mathématique. Oui, de façon implicite la lecture est sollicitée, mais ce n'est pas le but premier.

Je comprends très bien pour les fautes dans les travaux. Il est important de les sensibiliser. Cependant, avec la charge de travail des enseignants de plus en plus lourde, cela n'est tout simplement pas possible.

Anonyme a dit…

Dans le même sens que 10:07 et plus haut quant à l'examen proportionnel/bien formulé:

Vu dans un examen sur les relations entre les mots (sans droit au dictionnaire): «trouvez un synonyme d'accastillage». Voici, en une étape, comment s'assurer de ne pas vérifier ce qui doit être évalué. N'y a-t-il pas une marge entre s'en tenir à chien-chat-banane et ça? Dans un exercice, pourquoi pas, ça permet d'enrichir le vocabulaire en même temps, mais dans un examen, c'est une attrape inutile et nuisible.

Anonyme a dit…

Pour avoir déjà été correctrice de l'épreuve unique de français qui sanctionne la fin des études secondaires, je peux vous dire que oui, à défaut d'améliorer véritablement le résultats des élèves, le ministère s'arrange pour corriger de façon à ne pas "pénaliser" trop les élèves et à ne pas pénaliser trop son bilan.