mercredi 5 septembre 2012

La preuve...

Il y a quelques jours, je vous disais que j'allais devoir apprendre à JeuneHomme que tout le monde n'est pas beau, tout le monde n'est pas fin.

Avec la nouvelle du jour, je crois que ce sera à recommencer à grande échelle avec MissLulus. Elle qui commençait à poser des questions sur le déroulement d'une élection, les partis politiques et tout. Tellement qu'hier, juste avant qu'elle ne parte chez son père, on lui a dit «Demain soir au retour de l'école, on jasera des élections ensemble et on lira les journaux!»

Savez-vous quoi? Je n'en ai plus autant envie...

D'un côté, il y a une facette hallucinante de ces élections qui méritent d'être relevée. Les femmes ont obtenu le droit de vote en 1940. Il y a donc 72 ans. Et là, en 2012, une femme devient Première Ministre (et une autre femme dirige un autre parti politique au pouvoir!). Quand même! C'est du chemin parcouru! C'est inspirant! C'est motivant!

Mais l'attentat vient tout assombrir. C'est sûr. Comment lui expliquer à MissLulus? Fera-t-elle un parallèle avec un mauvais perdant dans sa classe qui bouscule, bardasse ou boude quand il ne gagne pas? Est-ce qu'elle comprendra qu'il faut savoir vivre avec toutes sortes de gens qui ne pensent pas nécessairement comme nous sans se venger ou les détruire?

Il y a des déclics nécessaires à faire parfois. Même s'ils sont difficiles. En 1989 lors de la tuerie à l'école Polytechnique, je venais tout juste d'avoir 12 ans. Pour moi, amis ou amies à l'école, c'était pareil. Je n'avais jamais sentie que je dérangeais parce que j'étais une fille. Puis, cette nouvelle. D'un coup, je comprenais que ça pouvait déranger les autres que des filles étudient/aient de l'ambition/veuillent plus. Je ne comprenais pas. Et puis, je m'étais dit que moi, ça ne m'arrêterait pas. Que je ferais mon chemin que ça plaise ou non aux autres. Un choc suivi d'un élan nouveau, plein d'espoir pour que ça change...

Peut-être que ce sera la même chose pour MissLulus? Que ce qui arrive lui insuffle l'énergie pour se tenir debout quand même! Pour croire que le bon triomphe, encore.Qu'au-delà de ce qui s'est passé, elle se dise que c'est bien de se tenir pour ses idées?

Finalement, c'est pour tout ça que je ne peux pas lui passer sous silence ce qui est arrivé. Parce qu'à 9 ans, allumée, vive et intéressée, elle l'entendra partout. Ça se parlera partout dans la cour d'école et dans les corridors de l'école. Elle doit savoir, je pense. En version modérée.

Et vous, quand l'actualité déraille et nous offre des monstruosités, vous en parlez avec vos enfants? Et surtout, surtout: comment?


11 commentaires:

Evelyne a dit…

C'était un choque ce matin. J'ai fini la soirée en écrivant sur FB que bien que la soirée n'a pas été dans le sens que j'aurais voulu au moins deux femmes chefs de parti se retrouvent à l'assemblée. Et puis ce matin mon conjoint me dit, lit les journaux, c'est triste.

Je crois que c'est important de ne pas passé ça sous le silence. La démocratie est fragile. Elle l'a toujours été. Il est impoortant que nos enfants apprennent que les convictions sont importantes et doivent être défendues avec passion, mais qu'il faut aussi respecter que tous ne pensent pas comme nous et qu'ici c'est la majortité qui l'emporte selon un système établi que nous approuvons tous.

Le monde n'est pas toujours beau et pas toujours gentil. C'est en quelque part triste de devoir éveiller ses enfants à ça, mais je crois aussi que c'est notre devoir de leur motrer la leçon dans le triste et méchant. Acceptons les autres, acceptons la différence et dans cette différence trouvons le moyen de se battre pour le bien commun.

Nancy a dit…

J'ai réussi à convaincre Momo et Lili d'aller se coucher en leur promettant de leur enregistrer le discours de Pauline Marois. Elles étaient fières, mes filles! Je les ai bordées en leur disant qu'elles avaient toutes les chances de devenir, un jour, la deuxième première ministre du Québec. Et voilà que je devrai leur expliquer l'envers de la médaille ce soir. Parce que ce matin, on n'a pas ouvert la radio, sachant pertinemment qu'il faudrait en jaser longtemps et le matin, les minutes sont comptées. Et j'ai supprimé mon enregistrement. Triste, finalement.

Anonyme a dit…

Pour ma part, à 6 ans, ma fille n'est pas encore au fait de l'actualité. Nous n'écoutons pas vraiment les nouvelles avec les enfants, sauf la radio dans l'auto parfois. Je ne crois lui parler de ça, à quoi bon! C'est triste, mais ça reste quelque chose d'isolé à mon sens. Il ne faut pas que cela teinte l'ensemble des résultats non plus.
Signe que chacun vit les événements différemment, j'avais 13 ans pour Polytechnique et ça ne m'a pas marqué une miette. Je ne me souviens même pas d'avoir parlé de ça avec mes parents. Je pense que c'était bien loin de moi et ça ne m'a pas atteinte comme « femme » non plus. À 13 ans, j'étais encore dans les jeux del'enfance, hey oui!

Roukinette a dit…

Ma petite fille est née cet été. J'espère pouvoir seulement me rappeler que c'était l'année où la première femme est devenue Première Ministre. Parce que le reste ce n'est pas historique, c'est un fou et il ne mérite pas qu'on se souvienne de lui.
Je veux me souvenir des belles choses, pas du mauvais.

Anonyme a dit…

Oui,
Moi, je commente l'actualité avec mes fils. Peut-être pas Magnotta, mais je ne veux pas cacher des choses. Le malaise, les non-dits, je trouve ça pire, parfois. Alors s'ils demandent de quoi il s'agit (la radio joue souvent à l'heure du déjeuner), je le leur explique simplement. Ainsi, mon petit de 6 ans m'a demandé ce qui se passait quand il a vu aux nouvelles Pauline Marois (qu'il reconnaît) se faire sortir, puis les policiers et le feu... J'ai dit qu'un fou avait voulu la tuer, mais que la police l'avait arrêté. Qu'on appelle ça un attentat. Il m'a demandé si c'était un étudiant et je lui expliqué que non, que ça n'avait rien à voir, que c'était quelqu'un de malade dans sa tête. Il a changé de sujet.

Je crois que pour apprécier à sa juste valeur la beauté du monde, il faut en connaître aussi le versant sombre.

Annie a dit…

Je viens de faire un billet semblable. Ma fiulle a 6 ans. Elle ne comprenait pas pourquoi c'Métait la première fois qu'une femme était au pouvoir, pour elle, c'est incensé qu'il y en ait pas eu avant. Qu'on ait tenté de l'a tuer en plus, ça, ça l,atriste. Elle ne comprenmd telleemnt pas que ce genre de chose puisse arriver. Je m'en veux d'avoir gâchée sa naïveté, mais reste que c'est ça la vie...

KArine a dit…

Je comprends qu'on veuille expliquer les choses de la vie à nos enfants...

Mais de là à expliquer à un enfant de 6-7-8 ans pourquoi la première madame premier ministre a failli se faire tuer... c'est pas d'aller une peu loin, un peu vite?

Oui, ils sont intelligents, oui, il comprennent vite, mais ils sont aussi facile à impressionner, facile à déstabiliser...

Le matin où j'ai entendu qu'une dame à Montréal avait sauté d'un viaduc avec sa fille de trois ans, j'ai dit 'Maudite marde, veux-tu ben me dire où on s'en va??? C'Est épouvantable...' Je l'ai pas crier, je me le suis dit à MOI, tout bas, fallait que ça sorte... mon fils m'a demandé pourquoi j'avais l'air découragée et pourquoi je disais que ça a pas de sens, j'ai pas commencé à lui expliqué qu'il y avait une maman malade qui avait voulu tuer son enfant en sautant d'un viaduc (anyway, il aurait fallu que j'explique c'tait quoi un viaduc!!! ;-))... voyons!

Oui, je lui ai dit qu'il y avait une madame qui avait fait de quoi de pas fin... (OUI, il le sait qu'il y a du monde pas gentil... mais j'ai pas encore le goût qu'il sache qu'il y a des papas et des mamans qui tuent leurs propres enfants!!!) il a le temps en masse de voir le monde tel qu'il est, en commençant par les choses qui touchent son petit monde directement (et dites-moi pas que ça le touche parce que dans 10-15 ans, va falloir qu'il vote...), ensuite on ira à plus grande échelle.

Ils sont pas petits et naifs longtemps dans ce monde qui s'en va chez le yable... laissons-leur donc ce petit bout là, le temps qu'il dure...

Nancy a dit…

J,ai attendu au retour de l'école pour expliquer ce qui s'était passé aux enfants et... grave erreur! Ils étaient au courant de tout car tout le monde en avait parlé à l'école et ils ne l'avaient pas appris dans l'ordre ni la manière que j'aurais voulu leur dire. Faut pas avoir la tête dans le sable... Si on ne leur dit pas, ils l'apprendront de toute façon. J'ai fait une erreur ce matin-là que je ne répèterai pas.

Evelyne a dit…

Je pense qu'il y a une manière de dire les choses. C'est certain qu'on dit pas; il y a une mère qui s'est jetté en bas d'un pont avec sa fille ou il y a un fou qui vient de faire un attentat sur la PM.
Il y a des manières de leur dire les choses pour qu'ils comprennent à leur niveau. Mon fils de trois ans et demi est venu voter avec moi. Il avait tous plein de questions. Je lui ai expliqué la politique mais très grossièrement pour qu'il comprenne. Je lui ai dit que je veux un bon travail et une belle maison et une belle école pour lui, alors je vote pour un monsieur qui va tout faire pour que j'aille ça. Je lui ai dit que tout le monde fait ça et que celui qui a plus de votes gagne et que c'est lui le patron.
Je pense pas qu'il faut se mettre la tête dans le sable surtout quand les enfants montrent un intérêt pour un sujet.
Oui, il faut préserver leur innocence, mais d'un autre côté, très jeune on leur dit de pas prendre des bonbons d'un étranger, alors ils savent déjà qu'il y a des méchants dans la vie. On ne leur a jamais dit ce que le monsieur qui a des bonbons peut leur faire, juste qu'il risque d'être un méchant et qu'il ne faut pas s'en approcher. Pas besoin de rentrer dans les détails.S'ils ont des questions, faut y répondre. S'ils ont des questions, c'est que déjà ils comprennent des choses et veulent savoir s'ils ont bien compris.
Enfin c'est ma manière de voir ça

KArine a dit…

Et voilà... à force d'en parler à des ENFANTS, qui ne sont pas en mesure de comprendre ça clairement parce que ce sont des ENFANTS, ils se le raconte tout croche et panique pour rien... ils n'ont pas à parler de choses comme ça entre eux!!! La partie de ballon chasseur est passée free cette journée là mettons! ;-)

Expliquons leur donc ce qui s'est passé avec les enfants de Guy Turcotte pour qu'ils se fassent des peurs dans la cour d'école...

Anonyme a dit…

Je n'avais pas parlé du cardiologue qui a tué ses enfants à mes fils. Celui de 6 ans l'a entendu quelque part et s'est mis à croire qu'il y avait une raison pour que le papa ait fait ça. C'est un ami à nous qui m'a rapporté les propos que mon fils avait tenu à son fils afin que je puisse rectifier le tout. Il n'y avait pas de raison, il n'y a rien qu'un enfant peut faire qui justifie que son papa le tue. Je crois donc maintenant qu'on est mieux d'en parler afin que les enfants ne se mettent pas à imaginer des choses en trop dans les histoires !