mercredi 22 janvier 2014

Le temps que je perds...ou celui que je gagne?

Des fois, je compte trop. Ou plutôt, j'évalue ma vie en chiffres. Pourtant, je suis loin d'être une fille très «mathématiques».

Des fois, je compte le temps que je perds avec mes enfants. Parce que je ne les ai qu'une semaine sur deux, les calculs possibles sont (trop) nombreux. Je me mets à faire des équivalences. Une semaine sur deux, c'est 26 semaines dans une année. Je suis avec eux six mois sur douze. Je "manque" donc la moitié de leur vie. La moitié de tous les bisous de «Bonne nuit!». Et c'est là que je me mets à angoisser, toute seule, surtout les soirs où leur chambre est vide à côté de la mienne. Puis, parfois, en moment de déprime passagère (l'approche du terrible mois de février n'aidant en rien!), je me mets à penser à tout le temps qu'on perd pour différents trucs plutôt banals: les courses, les obstinations à l'heure des devoirs, les lunchs, etc. Et les mini chicanes qui virent en gros drames parce qu'on n'a pas pris le temps de s'écouter, parce qu'on s'est mal compris, etc.

Des fois, je trouve que je perds du temps. Et ça me fait capoter... C'est juste plus fort que moi. Qui a vraiment du temps en banque? Qui a trop de temps dans sa vie?

Puis, je me ressaisis (une chance!). Faut que j'arrête de focusser sur le «temps», cette denrée aussi rare que difficile à gérer. Il faut surtout que j'arrête de vouloir le compter. La vie ne se calcule pas en minutes. Je ne rate pas la moitié de la vie de mes enfants. C'est pas vrai. Je suis là quand même, juste différemment. On a Facetime, les SMS et le bon vieux téléphone pour être là, autrement.  Je dois réapprendre à perdre mon temps pour des trucs qui sont importants pour moi. Pas pour tout le monde. Pour moi.

Cependant, ce n'est pas facile. On est programmé à vouloir optimiser tout ce qu'on fait (et surtout notre temps!), tellement qu'on accumule plein de trucs à faire simultanément pour ne pas avoir l'impression de rater quoique ce soit. Jusqu'à récemment, je mettais le pied par terre dès que j'ouvrais les yeux et je plongeais tête première dans le boulot, le roulement de la maisonnée, etc. J'ai décidé de slaker un peu. J'essaie de prendre un peu plus mon temps. Souvent, c'est presque me faire violence parce que j'ai toujours pas très loin l'espèce de crainte de perdre mon temps... Et si je ratais quelque chose? Et si je pouvais en faire plus? Mais en faire plus, est-ce que c'est faire mieux? Profiter plus? Je ne suis pas certaine. Finalement pour calmer mes angoisses de maman une semaine sur deux, je vais penser à me poser la question: si je les voyais tous les jours, est-ce que je ferais mieux? Est-ce que ce serait du meilleur temps? Pas nécessairement. Ça devrait suffire à modérer mes angoisses nocturnes... du moins, je l'espère...

(Billet écrit à 4h04 du matin. Eh oui... ! Demain, promis, j'essaie de me lever plus tard!)


4 commentaires:

Iseult a dit…

Même réalité, mêmes questionnements

Anonyme a dit…

Allô Nadine,

j'ai lu ton billet hier et, il me reste en tête. D'une part, parce ue je trouve ça plate que tu te ss levée à 4h pour le rédiger et qu'il ne suscite pas de commentaire. Tu aurais tes points d'effort :). D'une autre, prcq ce que tu dis me trouble.

Je pourrais t'écrire mille choses... mais je crois que je résumerai tout ça en te disant que même si tu étais là à tous les jours, tu aurais le même questionnement, je crois. On dirait qu'on a toujours peur de passer à côté de qqch, du moment siiiii mémorable... on dirait qu'on ne les voit pas grandir. Le temps passe si vite. Mes deux parents travaillaient et nous ont légué cette maxime à mes soeurs et moi: "y'a juste 24h dans une journée, pour tout le monde". Quand j'ai eu mes enfants, ils m'ont conseillés de toujours faire mes choix en fonction de mes valeurs. Au fond, peut-être que toute l'histoire de conciliation travail-famille est peut-être juste une histoire de valeur et de choix... de prendre le temps pour te lever prcq c'est important pour toi et d'en mettre moi ailleurs dans ta routine du matin....

caroline a dit…

Peut-être faudrait-il revoir notre façon de voir les choses...
Quand je fais les lunchs des enfants, je ne "perds" pas mon temps, dans le sens que c'est une activité importante dédiée aux enfants, et j'essaie de mettre de l'amour dedans. Quand je plie le linge, c'est du temps investi pour eux... Non, je ne suis pas en train de jouer avec eux, mais je prends du temps pour eux...

Bozette a dit…

Droit dans les dents. Mêmes tristesses, mêmes déceptions, mêmes questions, même avidité à vouloir rendre ces "semaines avec maman" plus belles que nature, moins conflictuelles, plus "pleines", moins occupées, etc. Sauf que, c'est la vie quand-même. Et le vendredi matin, le dernier avant le prochain, perdre patience contre le mini parce qu'il est encore en train de jouer aux LEGO plutôt que de mettre son pantalon de neige et lui pousser dans le derrière parce qu'on va être en retard à l'école, ça me fend le coeur. On ne va pas se quitter pour 7 jours sur une chicane ? Sauf que c'est la vie. Notre vie. Notre réalité. On maximise et on a de beaux moments. Ceux-là on les savoure et on les voit peut-être mieux parce que plus rares. Mais on a aussi des journées ordinaires, ponctuées d'accrochages, de brassées de lavage et de courses à l'épicerie. Me dis que c'est ça aussi être parent. Peut-être qu'en fait c'est sain qu'ils me voient être une maman dans mes faiblesses, mes forces, mes pertes de patience et mes attentions pour eux. La totale, le portrait global. Ça leur permet peut-être de relativiser et d'être juste des enfants aussi si je me permets d'être juste une maman...