On ne veut pas péter votre bulle, mais les enfants (les vôtres et les nôtres!) sont extraordinaires!
(et c’est tant mieux!)
Pourtant, vous en
êtes certaine d'avoir accouché d’un génie! Vous en êtes persuadée.
Plus le temps file, plus vous en êtes certaine. Vous étalez ses prouesses (des
plus insignifiantes aux plus étonnantes) partout : vous
compilez des données dans le livre de bébé, vous inondez votre mur Facebook de
chacune de ses expériences et étalez son savoir, vous l’inscrivez à 8 cours
différents par année pour le stimuler sans relâche, vous faites avec lui
d’innombrables bricolages compliqués (votre armoire ressemble à l’entrepôt
brico du Dollorama), vous le félicitez pour tout (et sûrement pour rien!). Vous
pensez avoir un enfant exceptionnel, c’est normal : vous êtes sa mère.
Mais sachez-le bien : votre enfant est ordinaire.
Oh! Ordinaire : le mot vous choque peut-être. Vous avez fait un énorme «pppffft» en disant «Ben, voyons, elles ne connaissent pas MON enfant!» (avec un p’tit air plein de dédain envers nous et notre analyse de bas étage!). Détrompez-vous : c’est génial d’avoir des enfants ordinaires. On ne nivèle pas du tout vers le bas. On vit juste chaque chose en son temps. Et c’est ce qui cloche justement dans la parentalité de nos jours : on veut tout vivre vite, prévoir pour plus tard et s’inquiéter de demain. On a donc besoin de se calmer le gros nerf.
Tous les parents
veulent le mieux pour leur enfant, c’est bien normal. Mais est-ce une raison de
virer complètement fou avec l’obsession du génie? Il y a des enfants de trois
qui apprennent trois langues, sont inscrits à des cours de chant privé à trois
ans (riez pas, on a déjà eu à subir le numéro de l’enfant supposément prodige
dans un spectacle de fin d’année d’un école de danse-théâtre-musique), sont
poussés à patiner… avec leur couche et qui savent écrire tout leur alphabet (et
le récite dans les trois langues, évidemment!).
Nos enfants, à trois
ans, ils jouaient avec une fausse cuisinière, nous faisaient goûter des fausses
pizzas, improvisaient un spectacle de marionnettes, jouaient aux parents avec
une flopée de poupées et créaient des bonhommes en pâte à modeler. Ils s'amusaient comme des enfants de 3 ans.
Aujourd'hui, ils savent tous lire, écrire, additionner, multiplier, etc. Ils ne
sont pas extraordinaires, mais ils sont eux. Et ça, ça veut dire beaucoup
aussi. Ils sont ce qu’ils veulent être. Pas ce qu’on veut qu’ils soient.
L’obsession du génie
est d’abord une obsession parentale, un désir qu’on avoue pas de réparer ce
qu’on a vécu, colmater un manque ou offrir qu’on n’a jamais eu. Un professeur
américain – David McCullough Jr – a écrit un véritable plaidoyer
anti-performance. Le titre de son livre : You Are NOT Special. Il s’est
inspiré d’un discours qu’il a prononcé à la remise des diplômes de ses
étudiants en 2012 dans lequel il les
encourage à oser vivre des expériences par eux-mêmes, de suivre leurs intérêts
sans rechercher la récompense matérielle, la reconnaissance des pairs, une note
sur un examen ou une médaille, non juste pour le feeling que ça procure de faire quelque chose par réelle passion.
Le plaisir avant le résultat? C’est un bon principe non?
Pousser nos enfants à devenir des êtres d'exception? Non merci! On clame le retour des enfants-enfants! Ceux qui jouent, qui essaient, qui brisent des trucs, qui osent, qui inventent et qui s’ennuient. Parce que s’ennuyer, c’est avoir de l’espace pour rêver! À vouloir qu’ils soient extraordinaires, on les empêche d’avoir tout simplement du fun. Dépoussiérez vos souvenirs : vous aimiez jouer au ballon-chasseur à l’école, vous vous rappelez le plaisir que vous aviez à jouer, mais vous vous rappelez vraiment des résultats? Vous vous souvenez du plaisir à monter une pièce de théâtre avec votre classe en 5e année, mais vous rappelez-vous de votre note reçue?
À bas la pression à
exceller, à performer, à se démarquer, à sortir du lot, à être exceptionnel ou
«spécial» à tout prix. Elle empêche les jeunes de prendre des chances, des
risques, d'oser, de penser et d'agir par eux-même, etc. Et si on redonnait un
peu de liberté aux enfants avant de
suivre ses rêves, de faire quelque chose qui le fasse vibrer, de faire des
choses petites, mais qui l'aident à se trouver, à se connaître, à s'aimer, à
aimer, etc.
Les enfants
ordinaires ont du plaisir et des souvenirs tandis que les enfants
extraordinaires ont des «satisfactions» et des résultats.
Comment être des parents ordinaires?
- Dire «oui» quand notre enfant veut essayer de faire un gâteau tout seul.
- Laisser ses enfants s’ennuyer en répondant «je ne sais pas moi non plus » à un «Qu’est-ce que je pourrais bien faire?».
- Arrêter les cours parascolaires pour 6 mois… un an… toujours?
- Laisser les enfants jouer dehors
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