jeudi 6 octobre 2016

Parler au «nous»

Hier matin, j'écoutais Puisqu'il faut se lever avec Paul Arcand et ce dernier interviewait une mère et son fils qui avait participé à La voix Junior. Je n'ai pas écouté La Voix Junior, car je prédisais que les parents des participants me taperaient sur le chou. Les débordements amplifiés devant caméra des familles des candidats adultes m'énervent, je me disais que ce serait encore pire avec ceux des jeunes. Je ne sais pas ce qu'il en est: je n'ai pas regardé.

Mais hier, à la radio, une chose m'a accroché l'oreille durant l'entrevue. À un moment, la mère a dit quelque chose comme « c'était une belle expérience qui s'offrait à nous». Nous? C'est l'expérience de l'enfant, non?

C'est en plein ce qui m'agace un brin. Le désir de s'inclure dans le projet des autres et tout particulièrement de nos enfants. J'avais vécu un peu la même chose à un match de soccer où une mère encourageait son adolescente et son équipe en criant «Lâchez-pas! On va les avoir!» dans un esprit assez clair qu'elle ne faisait pas qu'encourager l'équipe de sa fille, mais en faisait en quelque sorte partie.

Je sais que c'est un peu chercher des poux, mais ça m'agace. Comme si en parlant au «nous», en s'incluant dans le projet ou la mission, on avait l'impression de plus s'impliquer ou de mieux encourager.

Même chose avec les parents qui disent «On a fait les devoirs hier!». Ou devant une note «On a assez travaillé pour cette note-là!» Hein? Chaque fois, les oreilles me frisent un peu. Un autre exemple du «nous» qui m'achale «notre grossesse». Euh... ? «Notre bébé»: oui. «Notre grossesse» - et venant de la femme ou de l'homme - : non.

Il n'y a rien de mal à ne pas avoir les deux pieds dans le projet, l'épreuve ou la vie de l'autre et être ultra-présent quand même. On n'a pas à s'inclure pour se sentir impliqué. Être «à-côté» n'est pas moins. C'est peut-être encore mieux: c'est laisser de l'espace, montrer à l'autre qu'on a pleinement confiance et ne pas lui laisser croire que sans nous, il n'y arriverait pas.

On a tellement besoin de faire partie d'un tout, d'une gang, d'un projet. Des fois, c'est épuisant. Des fois, ça fait peur.  Comme si on avait peur de moins exister.



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