Je sourcille toujours quand les parents disent se sentir coupable en avouant à voix basse qu'ils ont hâte que l'école et la routine (bon, peut-être pas les lunchs!) reprennent. Pourquoi devrait-on se sentir cheap? Parce qu'on ne peut pas dire qu'on est tanné par bout? Pas tout le temps (ça, ça s'appelle de la nuance!), mais de temps en temps (vers la fin août, c'est un sentiment récurrent qui revient plusieurs fois par jour et qui nous fait sourire juste en pensant au sac d'école!). Et c'est juste normal. Ben oui!
Et ce qu'on n'entend jamais, c'est que les enfants aussi ont hâte. Eux aussi n'en peuvent plus de nous (et de nos "ramasse ça!", "lâche ton frère!", "décollé de la télé!", "veux-tu bien te coucher!", etc.). Eux aussi en ont plein le dos de nous voir aussi souvent. Faudrait pas imaginer que vivre avec nous en mode "proximité maximale" n'est que du bonheur minute après minute! On leur tape sur les nerfs aussi! Ils nous vendraient sur eBay aussi. Ils ont hâte de sortir de la maison et pas pour aller en visite ou pour une sortie dans un autre place trop bourré de monde pour voir en vrai de vrai un hippopotame mariner dans une mare (alors qu'en deux clics, on doit pouvoir en voir un sur YouTube dans son habitat naturel!). Ils ont hâte de retrouver leur école (et du même coup leurs amis qui sont moins emmerdants que nous, faut-il l'admettre!). L'école est cet espace non-investi de nous où ils peuvent être eux-mêmes et commencer à expérimenter le monde tout seuls. Avouez que c'est un plaisir! À l'école, ils se sentent moins surveillés et un peu plus libres, car enfin seuls devant un univers où enfin leurs parents ne sont pas en permanence. Leur école, c'est LEUR lieu, leur place, leur repère. Leur tremplin vers leur vie sans nous. Et c'est normal (et bon signe!) qu'ils aient hâte d'y retourner.
Donc que l'été achève et que le temps que la routine reprenne doit être un moment qu'on attend sans gêne, sans culpabilité. Des deux côtés. Parce que si on n'ose pas dire qu'on a hâte au retour de l'école, nos enfants ne le feront peut-être pas non plus. Et ce serait bien dommage. Comme si compter les jours avant le retour aurait avoir avec l'amour qu'on se porte mutuellement. Pas du tout! Se sentir coupable de dire qu'on a hâte qu'ils tournent à l'école serait comme de leur laisser sous-entendre qu'ils ne peuvent pas "ne pas vouloir" été avec nous. Ce serait se donner une bien trop grande importance. Nos enfants ont besoin de nous pour vivre et s'épanouir. Mais pas juste de nous (nuance, encore!). On doit leur donner le droit (et leur faire sentir) qu'ils ont à créer des liens d'autres personnes et que ces liens-là ont aussi besoin d'être forts et significatifs. La maxime "il faut tout un village pour élever un enfant" n'est pas juste cute à avoir sur sa tasse de café. Il faut laisser nos enfants le vivre ce village-là. Et pour eux, leur premier village est l'école. En allant voir ailleurs, en se réalisant pas seulement dans notre cocon médiat, en confrontant nos manières de vivre et nos idées, on s'ouvre aux autres, au monde, Apprécier nos vies, c'est apprécier tous ses moments. Quand on est ensemble et quand on ne l'est pas. Faudrait pas imaginer que des vacances seraient possibles 365 jours par année: on se taperait tous sur les nerfs et notre relation en écoperait bien plus que de s'avouer franchement qu'il est temps que les classes reprennent.
Le bonheur avec les vacances, c'est donc qu'elles finissent. Parce que c'est le retour du bonheur de la routine et des "sais-tu ce qui est arrivé aujourd'hui à l'école...".
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