mercredi 16 septembre 2015

Apprendre à «chiller»

Momo est revenue à la maison après ses premiers jours au secondaire avec une grande question existentielle: «Comment être une vraie ado?».

C'est que Momo avait commis un impair plus tôt dans la journée en confiant à ses tout nouveaux amis qu'elle avait a-do-ré le premier cours de maths. Isssshhh! Grave erreur! «Mais c'était tellement cool le cours de maths! Mais quand j'ai vu leur air, je me suis rattrapée. Je veux être une vraie ado comme dans les films. Tsé, les filles cool sauf que moi, j'aime ça l'école!».

Grand dilemme en ce début de secondaire!

Je la voyais aller ma Momo au primaire: toujours en train d'étudier, de faire des recherches sur ses projets, bien franchement, elle en faisait trop. Elle aurait pu ne pas étudier et elle aurait eu des notes tout à fait correctes. Elle a mis les efforts et elle a eu de très bonnes notes. Et je ne voulais pas que ça se poursuive au secondaire. Je n'ai pas voulu qu'elle s'inscrive au programmation d'éducation internationale parce que je voulais qu'elle apprenne à «chiller».

Oui, oui, vous avez bien lu. Moi, sa mère, je veux qu'elle chill. Pas qu'elle n'aime plus l'école, au contraire! Sa passion pour le cours de maths, elle peut me la raconter tous les soirs. Mais elle doit apprendre à vivre selon son âge. Pas toujours voir plus loin, se projeter dans l'avenir ou s'inquiéter des examens de fin d'année. Mais vivre son moment présent d'ado.

Je lui ai conseillé d'aller dans un programme qui la passionnerait sans qu'elle ait à pousser en fou sur les études. Je voulais qu'elle slaque sur la performance et qu'elle fasse de la place au plaisir, aux relations sociales, aux activités-midi, pas juste aux exposés oraux, aux examens de maths et aux dissertations de français.

Et depuis qu'elle a commencé le secondaire, elle sait ce qu'elle a à apprendre. Pas juste les maths -même si le cours est très cool!- ni l'anglais ou la géo, elle doit apprendre à devenir une vraie ado. Cette période qui définit les contours de la future adulte qu'elle sera. Une adulte dont le bonheur ne se mesurera pas à la performance, je l'espère...

7 commentaires:

Une femme libre a dit…

Ouf! C'est très audacieux comme billet. Va à l'encontre de la compétition et de la performance à tout prix, oui. Je ne peux tout simplement pas être d'accord parce que ça met tous les ados dans le même sac: des jeunes qui ne veulent que chiller et qui trouvent étrange de penser que le cours de math puisse être cool. Or, des jeunes intéressés aux études et aux sports aussi et dynamiques et ambitieux (ouf! le grand mot que vous allez réprouver, je le sais), il y en a tout plein! C'est très important à l'adolescence de faire partie d'un groupe et votre fille avait la chance de fréquenter des jeunes comme elle, qui aiment les études, en allant à l'école internationale. Lui conseiller de ne pas s'y inscrire pour apprendre à chiller est identique à inscrire un adolescent qui n'aime pas les sports en sport-études pour qu'il apprenne à les aimer! Il y a une part de cruauté là-dedans, inconsciente et de bonne foi évidemment, je le sais bien que vous aimez vos enfants et que vous faites pour bien faire, mais n'empêche, c'est dommage de la freiner dans ses élans.

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord avec Une femme libre!

Anonyme a dit…

D'accord avec Une femme libre aussi... L'important à l'adolescence est principalement d'être accepté par ses pairs. On n'a de valeur à nos yeux que lorsque les autres nous en donnent, lorsqu'on se reconnait à travers leurs goûts, leurs envies, leurs plaisirs. On les partage et on se sent appartenir à un groupe qu'on a choisi et qui est extérieur à nos parents, à notre famille. Les élèves du PEI forment un tel groupe auquel votre fille aurait très bien pu s'identifier, tirer valorisation à leur ressembler, ne pas se sentir à part d'aimer les maths justement. En même temps, je comprends que vous voyez le stress de la performance qui peut être écrasant et qui peut effectivement entraîner des dérives et des malaises importants. D'où votre rôle parental à faire baisser cette pression de résultats... mais en encourageant son envie scolaire. Mon fils aîné m'avait dit au moment de choisir une école secondaire "Pourquoi y'a pas un programme étude-étude comme il y a du sport-étude?" Il a fait PEI, ce qui se rapprochait le plus du "étude-étude" tant souhaité. Il n'y était pas le plus performant, mais il y a trouvé des ados qui, comme lui, valorisaient les études, le travail, etc. Certains plus que d'autres. Il entre au CÉGEP cette année et croyez-moi, il a fait son lot de niaiseries et de chilling quand-même !

Isabelle a dit…

J'admire les parents qui n'ont pas la perfection à tout prix comme but dans la vie! Un questionnement à se poser... pourquoi on veut toujours le top des notes, le "best du best" et non pas une vie de bonheur qui n'est pas nécessairement dans la perfection, dans les 100%, dans les hautes études au détriment du bonheur! Bravo! Ton ado saura s'en tirer sans aucun doute et le message me rejoint beaucoup!

Mamounet a dit…

« Je n'ai pas voulu qu'elle s'inscrive au programmation d'éducation internationale parce que je voulais qu'elle apprenne à «chiller». »
Ouf… Triste, mais tellement triste pour votre ado Momo.
Je suis la maman d’un garçon qui suit le programme d’éducation internationale depuis le primaire (il est maintenant en sec. 4). Ce programme est parfait pour ceux qui sont curieux, allumés et qui aiment apprendre, ce qui semble être le cas de Momo. Au PEI, mon ado a appris une troisième langue (espagnol), participé à des projets stimulants, fait des voyages avec ses amis (New-York, Boston…, donc loin de sa famille pendant quelques jours : ça dégourdit les jeunes et ils apprennent à s’organiser). Et mon fils sait tout de même « chiller ». Il a des amis, n’a presque pas de devoirs le soir (il arrive très souvent à les terminer en classe, donc beaucoup de temps libre pour jouer en ligne à l’ordi avec ses amis…) et je le vois rarement étudier, même pour les examens de fin d’année. Et il a tout de même de très bons résultats (tout spécialement en maths, justement). Je crois donc que le fait « d’en faire trop » n’est pas une question d’école, mais plutôt une question de tempérament du jeune et de sa perception de ne jamais en faire assez. Momo semble aimer l’école. J’espère seulement qu’elle ne se démotivera pas en côtoyant des jeunes pour qui l’école et les maths sont plates et pas importants. Mais, il est vrai que c’est vous qui connaissez le mieux votre fille et ce qui est bon pour elle. Je souhaite sincèrement que vous ayez fait le bon choix, car Momo semble une jeune fille allumée. Ce serait tellement dommage de l’éteindre…

Nancy a dit…

@Mamoumet et tous ceux qui ont pensé que je visais leurs enfants au PEI: Ma Momo est dans un programme avec le double d'enseignement en anglais, des projets médiatiques, des voyages, de l'espagnol, etc. comme au PEI. Je n'ai d'ailleurs rien contre le PEI, mais ce n'était pas le bon profil pour elle. Elle n'est pas en "classe de décrochage", n'ayez crainte! Elle a la réussite facile mais stresse quand même avec l'école. C'est plus fort qu'elle. Je veux qu'elle ait du plaisir à l'école durant cette période-clé qu'est l'adolescence. Les autres élèves de son programme ne sont pas tous des "performeurs". Elle va apprendre à "chiller" à leur contact. Elle est en apprentissage. Et c'est très bien ainsi. Même si ça va à l'encontre du courant de performance ambiant. Et je ne me sens pas une moins bonne mère pour autant. Et ce n'est vraiment pas "tellement triste pour mon ado Momo", quoi que vous en pensiez. C'est juste une autre façon de voir l'apprentissage dans sa globalité (pas seulement académique).

Mamounet a dit…

Merci d'avoir apporté ces précisions, je comprends mieux vos motivations. Et loin de moi l'idée que vous soyez une moins bonne mère! Le programme de Momo semble bien intéressant et je lui souhaite un heureux passage au secondaire, rempli de belles découvertes, tout comme à Lili et Lolo.