vendredi 28 septembre 2012

De l'importance de se parler en privé...

Au retour de l'école mardi, Lili m'a vite averti: «Je dois vider mon tiroir à soucis.»
(c'est le truc que j'ai trouvé pour que les enfants me parlent de leur soucis mais ne restent pas pris avec ça toute la journée. On doit rouvrir le tiroir pour que le souci revienne mais quand le tiroir est fermé, on l'oublie. Essayez-le, ça marche!)

Comme j'aime faire d'une pierre trois coups avec mes triplés, je lui ai demandé si on pouvait en discuter tous autour à table au souper. «Ton frère et ta soeur vont peut-être trouver des solutions» (mais mon idée, soyons franche, est de faire une thérapie collective pour que la leçon serve aux deux autres tant qu'à y être!)

«J'ai un chagrin d'amour...» Oups! Déjà, ça partait mal et ça me semblait de l'ordre du privé mais on était là tous ensemble à vouloir en savoir plus... Pour faire une histoire courte, le meilleur ami d'un garçon de son école lui a demandé si elle voulait être la blonde de son ami en question. Et elle a refusé parce qu'elle ne le connait pas et ne lui a jamais parlé. Sauf qu'elle a dit «non», juste «non» et l'amoureux transis a eu de la peine. Et là, elle avait de la peine de lui avoir fait de la peine (vous me suivez encore?) et elle aurait dû lui dire qu'elle pourrait peut-être commencer par être son amie. Bref, un cas classique!

Alors qu'on la rassurait sur sa réaction, qu'on lui donnait des idées pour amorcer le dialogue avec le futur beau-frêre et que le souci semblait réglé (yé! enfin, on allait pouvoir se lever de table et clancher les douches!), Momo a lancé un: « Elle est tellement chanceuse, Lili! Elle est tellement plus belle que moi, tous les garçons sont amoureux d'elle!». Vingt minutes de discussions plus tard, alors que Momo se convainquait peu à peu qu'elle avait du potentiel et qu'elle reprenait confiance en son pouvoir de séduction (genre...), elle a eu l'idée de poser la question à son frère.

« Qui est la plus belle: Lili ou moi? »

- Ben, Lili!, a-t-il répondu dans toute la subtilité et la délicatesse que ses 9 ans lui permettent et sans se soucier de mes grands yeux qui allaient de gauche à droite et qui disaient clairement LES DEUX!

J'ai donc transformé la discussion de groupe en entretiens privés malgré moi en poursuivant Momo, partie en coup de vent dans sa chambre, et je m'en suis tapée trois plutôt qu'un, car il a fallu aussi donner quelques leçons de tact à Lolo.

Ça m'apprendra à vouloir rentabiliser la gestion des soucis! La prochaine fois, je privilégie les têtes-à-têtes! Finies les thérapies collectives! Pffft!

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Bah, ce n'est pas mauvais de se parler en famille non plus. Quand ils seront plus grands, ils auront l'habitude de se confier à leurs frères et soeurs et seront à l'aise de discuter de leurs problèmes avec eux. Et d'avoir d'autres opinions que celle, avouons-le, un peu biaisée de maman.

Le manque de tact, ce n'est pas super, mais parfois ce n'est pas mauvais non plus. Je me souviens, adolescente, j'avais un gros kick sur un gars. Je faisais n'importe quoi pour qu'il me remarque, pour le cruiser... il restait indifférent. Mes deux meilleures amies écoutaient chacune de mes péripéties amoureuses en trouvant toujouts une raison "logique" (logique souvent tirée par les cheveux, mais bon... c'était de la loyauté) pour laquelle le garçon de mes rêves continuait de m'ignorer. Et un jour, lors d'une de ces thérapies de groupe, mon meilleur ami de gars m'a simplement dit: "ben là, ça ne t'es pas encore passé par la tête qu'il ne veut juste rien savoir? Genre que t'es pas son genre de fille?" OUCH. Brutal, mais nécessaire.

De dire à sa soeur qu'elle est moins belle que l'autre, ce n'est fort probablement pas nécessaire... mais viendra bien un jour où l'opinion crue de Lolo aura sa valeur et son utilité... entre temps il aura appris à quand dire ces vérités dures et quand se la fermer. Peut-être.