Un
reportage plutôt bâclé sur l'autisme (pas d'avis de médecin outre le chercheur trop content de sa découverte, pas d'avis d'associations de personnes concernées) a été diffusé hier soir en seconde manchette du
Téléjournal.
Céline Galipeau l'a même annoncé ainsi: ''Voilà une nouvelle qui va réjouir les parents d'enfants autistes''.
Je m'attendais donc à une bonne nouvelle mais voilà que le reportage parle plutôt d'un chercheur de Toronto qui a découvert un gène présent sur un infime portion d'enfants autistes et qui permettra aux couples de décider d'avorter les bébés qui en sont porteurs.
''On va avorter les autistes, maintenant?!'', s'est exclamé TriplePapa qui s'est couché en furie. C'est que nous sommes les fiers parents d'un petit autiste (TED) qui fonctionne bien en société. Qui nous cause très peu de problèmes. Son trouble envahissant du développement est modéré et, c'est la beauté de cet état puisqu'il se décline en un vaste spectre, allant du léger au sévère. Plusieurs de ces enfants se débrouillent très bien et -permettez-moi!- méritent de vivre. (Alloooo? Bill Gates, ça vous dit quelque chose?!)
Le reportage précise qu'un garçon sur 80 qui naît au Canada est atteint d'une forme ou d'une autre d'autisme. Ça en fait du monde, hein? À mes yeux, c'est un mini-génocide (oh le gros mot qu'il ne faut pas prononcer!)
Quel message envoie-t-on aux enfants (ados, adultes) autistes? (ils ne sont pas assez stupides pour ne pas comprendre le message, détrompez-vous et éliminez les clichés que vous entretenez depuis Rain Man) Qu'ils sont une nuisance pour notre société? Qu'avoir su, on les aurait rayé de la carte? (C'était ça, la bonne nouvelle selon madame Galipeau?)
Quel genre de société voulons-nous? Un monde remplis d'enfants parfaits, une vie lisse, lisse, lisse sans aspérités? Ça me fait penser aux mères parfaites qui planifient leur grossesse, leur date d'accouchement, leur seconde grossesse et leur second accouchement 5 ans d'avance. Aie les filles! Ça ne marche pas toujours comme vous le voulez. Vous ne pourrez pas toujours tout contrôler! Au fait, avez-vous planifié la date de votre séparation? Parce qu'un moment donné, votre chéri va se tanner!
Et on a beau mettre au monde un enfant parfait (et se cacher la tête dans le sable), ce petit génie peut faire une mauvaise chute, se faire percuter en vélo et finir quadraplégique et devoir se faire gaver pour le reste de ses jours (c'est plate à dire, mais c'est ça!)
Qu'est-ce qui a changé dans le monde pour qu'on tente maintenant par tous les moyens d'éviter les épreuves? D'avoir peur de ne pas être capable de..., d'avoir peur de ne pas pouvoir vivre avec...? Non, je n'étais pas plus prête que vous à vivre avec un enfant TED mais c'est arrivé, c'est la vie, je me suis adaptée et tout va bien.
Et quoi encore? Dans 10 ans, on aura découvert le gène des oreilles décollées et on avortera les petits pas cute parce qu'ils ne correspondent pas au modèle de perfection qu'on se sera imposé?
Le débat a déjà eu lieu pour la trisomie 21. Mais ça m'apparait nécessaire de le faire aussi sur l'autisme. Je vais lire vos commentaires avec intérêt!
Mais avant, je vous laisse sur les paroles du médecin qui nous a expliqué le diagnostic de Lolo: ''la majorité des gens voient le monde de la façon dont vous et moi le voyons. Les autistes le perçoivent d'une autre façon. S'ils étaient en majorité, c'est nous qui serions autistes''.
À méditer...