Comme vous, j'ai été frappée par un tourbillon en ce début d'automne. Trop de choses à faire, pas assez de temps. Quand on pense s'en sortir enfin, d'autres trucs nous tombent dessus. Je suis certaine que vous savez de quoi je parle. Ça doit être pareil chez vous! J'ai rencontré une vingtaine d'entre vous la semaine passée à Trois-Pistoles lors d'une conférence et c'est ce que j'ai compris: on court tous.
Le problème? J'haïs courir. Au propre comme au figuré.
Mais, je le fais. Au propre comme au figuré. Reste que ce n'est pas ma tasse de thé.
Au propre. Je cours au gym parce que j'ai besoin de me remettre en forme. Non, en fait, c'est que j'ai besoin de retrouver une énergie perdue. Je sais que le sport peut m'aider à le retrouver, alors je me force un brin (lisez ici: je me donne un *?%(* de coup de pied au cul!). Parce que c'est un peu contre moi. Je dois vraiment miser sur les bienfaits ressentis après pour m'encourager à y aller. Et je ne fais pas ça sans rien. Je m'entraine en trainant mon iPad pour suivre une émission de télé que je ne m'autorise pas à regarder autrement que si je suis sur une machine. Il m'en faut du «nanane» pour me faire avancer sur un tapis roulant. Et parlez-moi même pas de courir dehors: 1) le froid, la pluie, la possibilité d'un orage ou d'une averse, un vent, un grain de neige ou autres seraient suffisants pour me faire sauter ma séance. 2) je suis bien trop dans ma tête en train d'imaginer et penser à 1001 affaires que j'oublierais de regarder où je pose les pieds. Pas pour moi. Alors j'haïs courir, mais je sais que ça me fait du bien «après coup», alors je le fais... Je ne dis pas que je ferai ça toute l'année (même encore peut-être pas tout le mois), mais, là aujourd'hui, je le fais. Je n'essaie pas de me convaincre d'aimer ça. Mais j'ai trouvé une façon de mieux «profiter» de cette course (et du coup des bienfaits physiques qui viennent ensuite!).
Au figuré. Je cours d'un projet à l'autre ces jours-ci (en fait depuis quelques semaines et pour quelques semaines encore si je regarde mon agenda... que j'essaie de ne pas trop regarder pour ne pas hyperventiler!). Au fond, c'est une bonne nouvelle. C'est que les contrats arrivent, que les choses bougent, que les projets avancent. Mais fiou! Tout ça crée une bonne dose d'angoisse qui explose souvent vers 3h41 et m'empêche de me rendormir ensuite. Je me lève donc pour m'avancer. Et là, je mets le pied dans un engrenage sans fin. Oui, j'étire en quelque sorte mon temps de travail... mais je gruge mes heures de sommeil (et ma réserve de patience qui, elle, joue sur mon irritabilité, etc. Quand je vous dis qu'on se connait mieux qu'on pense dans la vie!). Rarement une équation gagnante sur le long terme. Alors, à travers cette course folle, j'ai décidé de mettre des pauses dont je ne suis même plus gênée. Des fois, je sais très bien que ma to-do-list déborde toujours, mais tout ce dont j'ai envie c'est de prendre un bain et lire. Ou sortir prendre un café. Ou même laver mes armoires. Ou aller à la biblio. Ou jouer à un jeu. Ou me mettre du vernis. Autant d'activités qui semblent contre-productives dans la course du quotidien, mais qui sont nécessaires pour faire une coupure. Pour ne plus avoir l'impression d'être juste quelqu'un qui court. Parce que je n'aime pas courir ainsi. J'ai l'impression de ne profiter de rien. Alors, ces «pauses» sont des pieds-de-nez à la course imposée par la superposition de projets et des moments où je peux ralentir. Parce que c'est moi qui décide, non? Je peux devoir courir par bout, mais je refuse que ce soit tout le temps.
Au fond, on fait tous des choses qu'on n'aime moins dans la vie. Et on en fera toujours. C'est ainsi. L'important, c'est de savoir y injecter une dose de plaisir pour contrebalancer le tout et nous faire croire (un instant ou deux) que c'est pas si pire. Ou, mieux, que ça a du sens de le faire.
Courir peut avoir du bon, mais je sais que ça ne me définit pas et ne me définira jamais. Et, pour moi, c'est très bien ainsi. Au moins, je sais pourquoi je le fais et je m'organise pour le faire sans me sentir fâchée de le faire. En prenant des détours, en courant moins vite, en courant autrement, mais à ma manière.
vendredi 28 octobre 2016
jeudi 6 octobre 2016
Parler au «nous»
Hier matin, j'écoutais Puisqu'il faut se lever avec Paul Arcand et ce dernier interviewait une mère et son fils qui avait participé à La voix Junior. Je n'ai pas écouté La Voix Junior, car je prédisais que les parents des participants me taperaient sur le chou. Les débordements amplifiés devant caméra des familles des candidats adultes m'énervent, je me disais que ce serait encore pire avec ceux des jeunes. Je ne sais pas ce qu'il en est: je n'ai pas regardé.
Mais hier, à la radio, une chose m'a accroché l'oreille durant l'entrevue. À un moment, la mère a dit quelque chose comme « c'était une belle expérience qui s'offrait à nous». Nous? C'est l'expérience de l'enfant, non?
C'est en plein ce qui m'agace un brin. Le désir de s'inclure dans le projet des autres et tout particulièrement de nos enfants. J'avais vécu un peu la même chose à un match de soccer où une mère encourageait son adolescente et son équipe en criant «Lâchez-pas! On va les avoir!» dans un esprit assez clair qu'elle ne faisait pas qu'encourager l'équipe de sa fille, mais en faisait en quelque sorte partie.
Je sais que c'est un peu chercher des poux, mais ça m'agace. Comme si en parlant au «nous», en s'incluant dans le projet ou la mission, on avait l'impression de plus s'impliquer ou de mieux encourager.
Même chose avec les parents qui disent «On a fait les devoirs hier!». Ou devant une note «On a assez travaillé pour cette note-là!» Hein? Chaque fois, les oreilles me frisent un peu. Un autre exemple du «nous» qui m'achale «notre grossesse». Euh... ? «Notre bébé»: oui. «Notre grossesse» - et venant de la femme ou de l'homme - : non.
Il n'y a rien de mal à ne pas avoir les deux pieds dans le projet, l'épreuve ou la vie de l'autre et être ultra-présent quand même. On n'a pas à s'inclure pour se sentir impliqué. Être «à-côté» n'est pas moins. C'est peut-être encore mieux: c'est laisser de l'espace, montrer à l'autre qu'on a pleinement confiance et ne pas lui laisser croire que sans nous, il n'y arriverait pas.
On a tellement besoin de faire partie d'un tout, d'une gang, d'un projet. Des fois, c'est épuisant. Des fois, ça fait peur. Comme si on avait peur de moins exister.
Mais hier, à la radio, une chose m'a accroché l'oreille durant l'entrevue. À un moment, la mère a dit quelque chose comme « c'était une belle expérience qui s'offrait à nous». Nous? C'est l'expérience de l'enfant, non?
C'est en plein ce qui m'agace un brin. Le désir de s'inclure dans le projet des autres et tout particulièrement de nos enfants. J'avais vécu un peu la même chose à un match de soccer où une mère encourageait son adolescente et son équipe en criant «Lâchez-pas! On va les avoir!» dans un esprit assez clair qu'elle ne faisait pas qu'encourager l'équipe de sa fille, mais en faisait en quelque sorte partie.
Je sais que c'est un peu chercher des poux, mais ça m'agace. Comme si en parlant au «nous», en s'incluant dans le projet ou la mission, on avait l'impression de plus s'impliquer ou de mieux encourager.
Même chose avec les parents qui disent «On a fait les devoirs hier!». Ou devant une note «On a assez travaillé pour cette note-là!» Hein? Chaque fois, les oreilles me frisent un peu. Un autre exemple du «nous» qui m'achale «notre grossesse». Euh... ? «Notre bébé»: oui. «Notre grossesse» - et venant de la femme ou de l'homme - : non.
Il n'y a rien de mal à ne pas avoir les deux pieds dans le projet, l'épreuve ou la vie de l'autre et être ultra-présent quand même. On n'a pas à s'inclure pour se sentir impliqué. Être «à-côté» n'est pas moins. C'est peut-être encore mieux: c'est laisser de l'espace, montrer à l'autre qu'on a pleinement confiance et ne pas lui laisser croire que sans nous, il n'y arriverait pas.
On a tellement besoin de faire partie d'un tout, d'une gang, d'un projet. Des fois, c'est épuisant. Des fois, ça fait peur. Comme si on avait peur de moins exister.
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