Pendant des jours et des semaines, tout va bien. La vie se déroule sans problème. Puis, PAF! Au détour d'une conversation ou, pire, dans le sous-entendu d'un futil commentaire, on est assailli par la force du doute. S'enclenche aussitôt la machine-à-penser, la production d'une tonne d'interrogation et le réveil d'une culpabilité latente.
Imparfaites peut-être, mais on ne passe pas à côté. Le doute envahit nos vies. Bien sûr, quand tout va sur des roulettes, on le maintient à distance aisément. Mieux encore, on le considère (de loin!) comme une preuve de réflexion songée du genre "si on ne doute pas, on n'existe pas". Mais si on lui laisse une mince porte d'entrée sur notre conscience, il s'infiltre à une vitesse folle.
Bien sûr, c'est le doute qui nous pousse à faire des choix et à nous remettre en question. C'est très bien. Le problème est quand le doute nous déstabilise. Et en ce qui touche les mères, le doute est presque toujours semé par une autre mère...
Une amie en a fait l'expérience récemment. Séparée depuis 3 ans, elle s'est entendue avec son ex pour la garde exclusive durant l'année scolaire afin que les enfants n'aient qu'une seule maison durant l'école, leur assurant une stabilité essentielle à leur vie... d'enfant! Son ex peut venir les voir-chercher-les prendre-sortir avec eux quand il veut. Elle n'a jamais mis de limite, se revirant même sur un dix sous pour mieux les accomoder pour leurs sorties. Jamais il ne s'est plaint. Puis, un soir presque trois ans jour pour jour, une amie - mère, elle aussi! - lui flanque un commentaire du genre "Tu as brimé le père de tes enfants. Tu lui as volé son rôle". Il n'en fallait pas plus pour que le maudit doute se répande dans son esprit.
Les mères se jugent entre elles : "Tu n'as pas allaité!", "Moi, je fais toutes les purées de mon enfant. C'est bien meilleur!", "Mon enfant n'a JAMAIS pris de suce!", "Fiston dit 73 mots. Le tien?", "On ne mange que du bio" et la liste est aussi longue que les sujets souvent futiles! C'est notre fléau. Sérieux, vous en avez vu plusieurs des papas (im)parfaits s'assomer (subtilement, évidemment!) de commentaires insidueux, plates et accusateurs du genre? Non, il n'y a que les mamans pour faire cela. Et pour tenir devant le raz-de-marée du doute, il faut être solide et des fois, on n'en a plus l'étoffe. On se sent comme un chiffon mouillé. On plie. On s'accuse. Etc.
Se rappeler qu'on a le droit d'être imparfaite et de nager à contre-courant, c'est un bon départ. Se rappeler aussi qu'on a le droit de penser par soi-même et de ne pas choisir le chemin le plus facile ou le plus achalandé pour choisir celui qui nous ressemble le plus, c'est encore mieux. Il faut s'affranchir du regard des autres et faire des choix pour nous et notre famille. Pas facile, car on a tous peur de passer pour des mauvaises mères. "(...) l'anxiété de performance fait des ravages. Pour vivre une maternité apaisée, il va falloir que les mères acceptent de ne pas être dans la perfection, de faire avec leurs enfants des essais-erreurs, car cela fait partie de la vie. Elles doivent réapprendre à expérimenter par elles-mêmes. La construction de la relation mère-enfant a ses eaux troubles. Les mères ont la capacité de le ressentir, de le détecter. Il faut qu'elles fassent confiance à leur instinct et à leur bon sens. Et surtout, qu'elles n'hésitent pas à se faire aider si elles sentent qu'elles n'y arriveront pas seules", disait Sophie Marinopoulos, psychanalyste dans la revue Psychologies de mai dernier.
Et le meilleur baromètre reste nos enfants et les éclairs qui poussent dans leurs yeux. Les autres, ces créateurs de doutes, peuvent bien jacasser seuls, il ne faut plus les écouter.
vendredi 11 juillet 2008
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6 commentaires:
Les femmes, pas que les mères, les femmes se jugent entre elles. Mais on peut pas le dire, parce que ça suscite trop de réactions négatives. ;)
C'est vrai: les femmes pas que les mères. Mais il me semble que ces commentaires poches me touchent plus depuis que je suis maman. Avant je me disais "Bah tant pis. Qu'ils pensent ce qu'ils veulent". Maintenant c'est juste unpeu plus difficile d'en venir à la même conclusion... quoique j'y aspire aussi.
c'Est parfois tellement difficile, le doute... pis j'Ai une copine tellement bonne pour semer le doute dans mes choix...sur le coup, mais ce n'est pas long que je reviens à la normale et j'assume mon imparfaitiité! Bref, je suis imparfaite et je m'Assume!!!
Si on se laisse autant toucher par les commentaires poches, c' est surtout parce que la culpabilité nait en nous en même temps qu' on devient enceinte.
Ah le doute... ça peut être tellement dévastateur !!!
Mais d'un autre côté, il nous permet souvent de se rendre compte que c'est ÇA qu'on veut faire, que c'est de cette façon là qu'on est bien et permet de nous conforter dans nos choix et décisions !!!
En passant... vous avez un petit cadeau sur mon blogue... !!!
Je fais la vague et j'applaudis ton commentaire si brillant! Merci!
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