Y’a des jours où je trouve que je suis la pire des mères. Et ces jours, il y a toujours beaucoup d’impatience et des phrases lancées en l’air qui entrent en ligne de compte.
Et une fois que c’est lancé, j’ai beau me mordre les lèvres. C’est dit. La petite scratch est faite.
« T’es donc ben maladroite! »
Ce weekend, j’ai lancé cette phrase aussi simple que directe à Lili qui venait d’échapper sa brosse à dents par terre pour la 2e fois dans le même 2 minutes. Deux mottes de dentifrice à ramasser. Deux rinçage de brosse à dents. Pas si compliqué, finalement.
Mais je n’ai pas pu m’empêcher de lui lancer ce commentaire plate. C’est sorti. Tout haut. Alors que j’aurais très bien pu me contenter d’y penser, tout bas.
Et j’ai vu dans ses yeux que ma remarque l'avait blessée. Pas une grande blessure ouverte, juste une petite égratignure. Mais qui fait mal pareil.
Elle a roulé son fauteuil jusqu’à sa chambre, a fermé la porte et ne voulait pas de mon aide pour la hisser sur le lit. Jusqu’à ce qu’elle se rende à l’évidence qu’elle avait besoin de moi pour la soulever. Et que j’aille m’excuser. Mais je trouve toujours que les excuses sont trop faciles. Et je n’en pense pas moins quand c’est à moi de les utiliser.
Avec cette petite phrase, j’ai effacé les rires qu’on avait eu dans la journée. Et je me suis senti la pire des mères. Celle qui scratche des cœurs pas mal plus souvent qu’elle le voudrait. Avec des phrases inutiles, une patience effritée et une boule qui reste dans la gorge pour le reste de la journée.
Et même si je connais ce sentiment de profonde déception qui me happe aussitôt la phrase prononcée, ça finit par se reproduire. Je lance des flèches. D’autres circonstances, même feeling de marde.
Je sais que ce ne sera pas la seule chose que mes enfants retiendront de moi. Ils me répètent si souvent que je suis la «meilleure mère du monde». Et ils semblent le croire véritablement. Reste que moi, des fois, je n'y crois pas.
mardi 26 novembre 2013
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14 commentaires:
Ouf ... je vis souvent la mêmem chose ... la routine de stress avec le travail, les travaux, les horaires chargés ... L'impatience fini souvent par gagner. À mon grand malheur. Si tu trouves une solution pour éviter cela, DIS LE. Nous ommes surement plusieurs avec ce problème et cette culpabilité qui nous ronge.
Quand je me fâche, ma fille me regarde les larmes aux yeux et me dit qu'elle n'aime pas ça quand je suis fâchée. Et je me sens coupable. Mais je me dis aussi que se fâcher c'est une émotion normale, et tout le monde se fâche et perd les nerfs. Est-ce que je dois l'épargner à ma fille, ou doit-elle tout simplement apprendre que desfois les gens se fâchent et c'est comme ça. Moi aussi, j'ai droit à mes émotions. On s'excuse, on s'explique et on continue.
Émouvant ce petit billet ce matin. Je vous offre en cadeau une petite phrase que j'ai reçu lorsque j'ai débuté dans l'enseignement. Elle est un peu usagée tant elle m'a souvent servie. Mais dans ce cas, le ''seconde main'' est parfois plus efficace...
Ayez confiance en vos enfants...
j'ai pleuré en lisant ce billet! Je suis pleine de culpabilité chaque fois que je fais une petite scratch! L'auto contrôle...pas toujours facile..
Envie de pleurer aussi...
Merci pour votre billet! Merci de nous rappeler qu'on est pas sur une île déserte, que d'autres vivent ça au quotidien aussi. J'ai fait une grosse scratch sur mon fils et ma fille ce matin! Encore! Si seulement on avait un petit ange conseiller sur l'épaule qui nous coachait au quotidien...pcq des fois on sait juste plus quoi faire.
J'ai appris à mes enfants à ne pas me laisser leur parler comme ça. Je m'excuse mais je leur dis aussi de me dire tout de suite maintenant qu'ils n'acceptent pas de se faire parler sur ce ton ni de se faire dénigrer. En les faisant pratiquer avec moi, ce sont tous les autres qui vont vouloir les blesser, intentionnellement ou pas, devant lesquels ils vont s'affirmer. Parce qu'ils l'auront appris. Et c'est moi, qui suis si imparfaite et qui moi aussi, leur ai dit des choses blessantes des fois, qui le leur aura appris. Et je peux être fière de ça.
C'est un très beau billet que tu as écrit là. Il vient du coeur.
J'ai moi aussi eu les yeux dans l'eau en lisant ce billet. Quand j'ai à m'excuser à mes filles, j'essais de faire une réparation en même temps qui aide à réparer la "scratch"… mais quelques choses de réparé, ça garde une marque… et je me questionne toujours sur l'ampleur de la marque que je viens de faire.
J'aime beaucoup la méthode d'"une femme libre", je garde l'idée, si "l'erreur" peut servir à quelques choses, c'est au moins ça!
Et si c’était vrai qu’elle était maladroite ? C’est si grave que ça !? Et ls gens qui ont envie de pleurer !?!
Je ne pense pas que dire à quelqu'un qu'il est maladroit est une erreur. C'est la manière de le dire qui importe. Le dire comme un reproche est moche, mais l'exposer comme un fait est différent (tu es maladroite! vs tu es maladroite ce soir, est-ce que tu es fatiguée?). Je suis une imparfaite maman de 4 enfants qui perd parfois patience et n'a pas toujours les bons mots, mais faire de notre mieux ne signifie pas être parfait. Si nous sommes intransigeants envers nous mêmes, apprenons nous les bonnes valeurs à nos enfants?
Je suis aussi d'avis qu'il faut enseigner à nos enfants à nous le communiquer lorsqu'on leur fait de la peine. À ne pas se laisser dénigrer par les autres. C'est un cadeau pour toutes les relations futures !
Je vous félicite d'être une maman capable de se remettre en question ! C'est une qualité essentielle pour être un bon parent: savoir analyser chacune de nos interventions.
Pour répondre à la personne qui veut savoir en quoi c'est grave de se faire traiter de maladroit: Oui, ça blesse. Quand on a une faiblesse, se le faire reprocher constamment (ce qu'on appelle tourner le fer dans la plaie), ça fait mal ! Elle sait sûrement qu'elle est maladroite, la petite. Pas besoin qu'on lui rappelle à tout bout de champs... Surtout si l'éducatrice, l'enseignant, le parent s'y mettent tous de la partie.
Elle n’a pas «passé son temps à lui dire qu’elle était maladroite» : elle le lui a dit parce qu’elle a échappé deux fois sa brosse à dents.
Elle ne l’a pas traité d’idiote ou d’incapable, elle lui a dit qu’elle était «maladroite». Je pense qu’on peut s’excuser si on a «blessé», mais aussi en rire, parce qu’il y a une petite fille qui doit apprendre à rire d’elle-même et à être moins susceptible. Moi, la petite scène après ne m’émeut pas une miette.
"Mais je trouve toujours que les excuses sont trop faciles."
Oh, tellement pas!
Bon, ça dépend dans quel sens. C'est sûr que de faire n'importe quoi en se disant "bah, je dirai je m'excuse" c'est beaucoup trop facile (et très méchant).
Mais la capacité de reconnaître qu'on a fait une erreur, qu'on se sent mal, d'aller en parler de manière sentie, sincère, et de voir si on peut réparer notre geste et en assumer la responsabilité, c'est vraiment un bel exemple.
(un autre mauvais exemple? ceux qui t'envoient promener sur le coup d'une situation, et qui après, au lieu de reconnaître que leurs paroles ont dépensé leur pensée, se tapent une crise d'orgueil et te crient en plus que c'est pas leur problème si t'es trop faible et susceptible et que tu prends tout mal)
Tellement du même avis qu'anonyme du 26 novembre 2013 19:28... elle est maladroite et c'est tout... non, on n'a pas à rajouter 'ce soir'.. elle l'est, maladroite...
Je suis d'accord qu'il faut que nos enfants nous le disent quand on leur fait de la peine, ensuite on gère... mais quand ça leur fait rien ou qu'il y a pas de scratch... faut-il vraiment se sentir coupable???
On culpabilise pas un peu pour rien ici là??
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