jeudi 3 octobre 2013

De moins en moins indispensables

Vous croyez-vous indispensable?  À quoi? Pourquoi?

Si vous partiez quelques jours, seriez-vous du genre à préparer les repas? Sortir le linge des enfants? Appeler dix fois pour savoir s'ils ont mangé? Si les enfants sont bien? S'ils se sont brossé les dents?

Êtes-vous celle qui gère, qui court aux rendez-vous, qui tient les comptes, qui paie les factures, qui prépare les repas, qui brosse les cheveux, qui court au coiffeur, qui fait le taxi et qui organise les fêtes?

Vous le faites pourquoi? Vous êtes vraiment LA seule qui peut le faire? Vous avez partagé les tâches? 

Cette semaine, j'ai eu un vilain rhume. Du genre que la moitié de mon cerveau était dans la brume. Du genre que je dormais avec ma boîte de Kleenex, mon pot de Vicks, un verre d'eau sur ma table de chevet et une débarbouillette humide sur le front (en alternance avec un sac magique bien chaud!). Bref, j'étais assez KO.

Et du fond de mon lit, j'ai compris que j'étais de moins en moins indispensable. Pour l'une des rares fois, ça ne m'a pas fait un pincement au coeur.

C'est vrai! Comprendre qu'on n'est pas indispensable - du moins en entier! - à notre enfant n'est pas toujours facile à prendre. La première fois où je me suis fait dire par MissLulus que ce n'était pas nécessaire qu'on la reconduire au coin de l'autobus, j'ai compris qu'on venait de franchir une étape. Quand JeuneHomme annonce fièrement qu'il s'en va prendre sa douche et qu'il n'a plus besoin de nous pour lui sortir ses trucs, aussi.

Cette semaine, j'ai vu la maisonnée rouler très bien sans moi. Les enfants ont préparé leur lunch. Les repas se sont fait sous l'initiative de mon Zamoureux, le lavage aussi, les douches, les devoirs, aussi. Les enfants se sont rappelés qu'ils allaient chez leur père mardi soir et se sont mis une note dans leur agenda pour ne pas oublier. En dehors de moi, on a planifié la visite de l'école secondaire de MissLulus (avec leur père!) et le magasinage du costume d'Halloween (avec Zamoureux!).

Ça ne veut pas dire que je vais lâcher ce que je fais ou que je vais baisser les bras. Mais cet état enrhumé m'a fait réaliser que je pouvais donner du lousse. Arrêter de me mettre le nez partout. MissLulus veut transformer sa chambre. J'ai mille idées pour elle, presqu'autant de suggestions et de trucs qui commencent par «Selon moi, ce serait mieux de...», mais j'ai décidé de me taire.C'est SA chambre. Je vais lui donner du lousse. C'est un domaine où je n'ai pas à être là.

Avant, j'avais de la misère à ne pas m'impliquer, là je comprends que je peux laisser aller. Peu à peu et que c'est beeeeeen correct! Personne n'est traumatisé. Personne ne se sent mal.

En ces temps où on parle énormément de la conciliation travail-famille, est-ce que la propension toute féminine de se croire indispensable - partout! - n'est pas en train de nous couler? Si on se sentait moins indispensables ou on ciblait mieux nos champs où on doit vraiment intervenir, est-ce qu'on n'y arriverait pas mieux? Arrêter de prendre ceux qui entourent nos enfants - père, beau-père, grand-parent, gardienne, etc - comme étant incapable de s'en occuper. Surtout que pour la plupart, on les a choisis pour cette aventure. Je ne dis pas de se désengager complètement et de s'en crisser, je dis d'arrêter de croire que sans nous le monde ne tournera pas rond. Il tournera quand même... Nous, les mères, ne sommes pas indispensables dans la vie de nos enfants. Nous sommes un morceau indispensable de leur vie. Il y a une différence, je crois. Une petite, mais indispensable différence.

5 commentaires:

Michèle a dit…

L'idéal pour réaliser qu'on n'est pas indispensable, c'est de ne pas être là. Sinon, c'est plus fort que nous, on a bien de la misère à lâcher prise...ou on prend tellement les devants que les autres n'ont pas le temps de les prendre. Je parle en connaissance de cause!

Anonyme a dit…

J'ai toujours voulu encourager l'autonomie chez mes enfants... mais malgré tout, des fois je me surprends à faire des trucs que je pourrais et devrais ne pas faire, que je fais par habitude parce qu'avant elles ne pouvaient/savaient pas et que j'ai oublié de m'ajuster quand ça a changé. Mais en général, je considère que mes filles sont assez autonomes pour leur jeune âge.

Mardi dernier, j'ai eu ce rare pincement au coeur de voir mes enfants grandir... ma grande, 5 ans, était partie jouer chez la voisine (sa meilleure amie) en arrivant de l'école. Elle est revenue juste à temps pour le souper et sitôt le repas terminé, elle était de nouveau dans la porte; "J'm'en vas chez X, ok?"... Et elle est revenue juste pour prendre son bain et se coucher. J'ai vraiment senti qu'on entrait dans une nouvelle étape... celle où les amis prennent beaucoup d'importance. Ce n'étais pas un pincement triste... juste un peu nostagique.

Pour ce qui est de laisser la place à papa, il me semble que c'est bien naturel. Quand aux grands-parents, je profite d'eux aussi, tout en essayant de ne pas trop abuser... ils ont fait leur part avec leur propres enfants, j'essaye de garder ça dans le domaine du plaisir autant que possible avec les petits-enfants (ex: je n'enverrais pas mon enfant attendre à l'urgence pendant des heures et des heures avec grand-maman... à moins d'être incroyablement mal pris! En tant que parent, c'est le genre de tâche moins le fun que je considère qu'on ne devrait pas déléguer autant que faire se peut).

Anonyme a dit…

Moi je suis toute prête à lacher prise et j'encourage beaucoup l'autonomie chez mes enfants (5, 8 et 10 ans)... Et je me rends compte que je suis malheureusement toujours absolument indispensable, à mon grand désespoir... moi aussi j'ai été malade récemment, et bien meme avec 39 de fievre, j'ai du me forcer à faire la plupart des trucs habituels, ou au moins ce qui est parfois plus epuisant encore, à leur faire faire... Car même s'ils sont capables de faire en theorie, esprit d'initiative zero... Y compris pour mon chum lol... c'est vrai que chez lui je n'encourage pas du tout l'autonomie, car nous avons un partage des taches à l'ancienne: je suis à la maison et donc oui c'est moi qui m'occupe de tout et oui je trouve ça normal dans ce cas: les courses, les rendez vous etc... mais alors sans moi il est perdu... c'est vraiment pas le moment qu'il m'arrive quelque chose...haha... Les 2 rares fois ou je suis partie 1 semaine, j'ai fait l'épicerie pour toute la semaine, préparé les plats d'avances, et fait un planning ecrit de quoi devait etre mangé quand!!! c'était ça ou Mc Do a tous les jours...

GeSirois a dit…

C'est moi qui m'occupe de la gestion à la maison, je sais pas pourquoi. Je pense que l'homme aime mieux ça comme ça aussi. Non, je ne prépare pas de bouffe et n'appelle pas 15x par jour si je m'abscente, j'ai pleinement confiances aux capacités de l'homme. Par contre, il y a une chose à laquelle je suis indispensable; le maintient d'un minimum d'ordre dans la maison! Je sais qu'à plus de 24hr ailleurs, j'en ai pour 2 jours à ramasser. Et je suis loin d'être un madame blanche ville....

ganesh46 a dit…

dès que je peux m'échapper je le fais..mais l'occasion ne se présente pas très souvent car mon mari pompier est très souvent de garde...donc il ne peut pas conduire les enfants aux activités à ces moments là, à l'école etc...je ne peux pas partir plusieurs jours car si il est rappelé...ben les z'enfants seraient seuls.
De toutes façons j'ai bien dû lâcher prise quand il a arrêté son boulot pour rester à la maison avec les doudous (7 mois et 5 ans). ça a duré 8 ans, donc je sais qu'il sait gérer, même si il oublie souvent plein de trucs (rendez-vous etc...).
C'est moi la mémoire de la maison (et aussi le rangement!) - même à distance c'est toujours moi qui rappelle les rendez-vous ou les trucs à ne pas oublier....
Bon maintenant je suis à la maison, mais comme j'ai appris à déléguer je suis pas esclave!