mercredi 15 décembre 2010

Les CPE... à toutes les sauces!

Un récent article de Yoopa citait une étude dans laquelle on aurait prouvé l'impact positif de la garderie durant les années préscolaires sur le développement de l'enfant, impact qui rejaillirait positivement sur la vie scolaire de l'enfant. Le modèle des CPE québécois est même vu comme une avenue prometteuse pour les populations à risque, un service qui devrait être offert gratuitement à toutes les familles vulnérables...

Bien que je sois d'accord avec le fait que la garderie fait vivre à l'enfant des expériences bien différentes de celles de la maison, loin de moi l'idée de croire que le CPE est la recette miracle à utiliser à toutes les sauces. En fait, pour avoir moi-même travaillé dans un organisme communautaire rejoignant les familles de jeunes enfants, je peux vous affirmer que la halte-garderie, à raison de quelques heures par semaine fait un travail tout aussi formidable pour la socialisation et le développement de l'enfant. Toutes les activités de groupe parents-enfants aussi d'ailleurs!

Et je trouve dommage que ce soit encore et toujours le modèle unique du CPE qui soit ramené. Parce qu'il est faux de croire que ce modèle développé de la même façon "mur à mur" au Québec répond aux besoins de toutes les familles. Combien parmi vous souhaiteraient avoir une place de garde subventionnée à 7$ seulement 2 ou 3 journées par semaine? Combien de mamans à la maison apprécieraient avoir un répit quelques matinées par semaine à faible coût?

À quand une réelle volonté de nos élus de nous entendre et de développer des services de garde ou de répit répondant aux besoins de TOUTES les familles? Qu'elles soient au travail à temps plein, partiel, en travail autonome, sur horaires irréguliers, parents à la maison ayant besoin d'un répit ou parents d'enfants à besoins particuliers, nous avons tous des besoins différents!

Ça fait 12 ans qu'on a développé le modèle CPE et qu'on se rend compte que nous ne sommes pas capables de répondre à tous les besoins, de développer toutes les places voulues. Mais si on offrait plus de possibilités et de souplesse, peut-être que finalement, il n'y aurait pas tant de places manquantes que ça en CPE. Ça fait 12 ans que j'en rêve, du modèle qui devait être initialement proposé par le Ministère de la famille, c'est-à-dire, de services de garde variés et souples, est-ce que ça se réalisera un jour?

(Z) Imparfaite invitée: So

11 commentaires:

Bubulles a dit…

So je comprends ton point de vue vis à vis des haltes garderie. C'est vrai que ça aiderait beaucoup les mères. Mais ce que je trouve qui est difficile aujourd'hui c'est le manque de réseau des mères. Dans le temps de ma mère, qui ne travaillait pas, si elle avait un rv ou quelque chose ma grand-mère ou une belles-soeur gardait. Aujourd'hui, c'est pas toujours évident de faire garder nos enfants par des proches, et qu'est-ce qui nous limite dans le fond, la gêne de demander, la peur d'avoir à garder les enfants des autres en retour alors qu'on aime pas la façon dont ils sont élevés ?
Mais effectivement, des haltes-garderie présentes ailleurs que dans les centres d'achats ce serait fort pratique pour les petits imprévus de la vie.

Iza a dit…

Tu as tout à fait raison! Ce n'est pas tout le monde qui souhaite les envoyer à la garderie 5 jours semaines... moi je suis chanceuse, je me suis trouvé une place en garderie familiale qui me permet de les envoyer seulement 3 jours et de travailler à temps partiel... Par contre, je paie + que 7$ ...

Unknown a dit…

@ Bubulle, une des réponses à ta question est aussi le fait que certaines mamans n'ont pas de réseaux tout simplement...

J'ai des amis, de la famille qui vit loin ou qui est présente, mais pas aidante. Moi-même, je ne me rappelle pas avoir été gardée par des proches. :-(

Unknown a dit…

Merci pour ce billet. Je suis sur le CE d'un CPE qui accueille des enfants ayant des besoins spéciaux et c'est tellement compliqué en dehors de nos murs.

Pourtant, nos services sont appréciés, nous sommes même un modèle, mais ça dérange beaucoup. On se démarque pcq nous adaptons selon les besoins et plutôt que de recevoir des petites tapes sur l'épaule, c'est plutôt des menaces de coupures que nous recevons.

C'est choquant! Du moins, moi, je le suis.

Educatrucs a dit…

A Sherbrooke, il existe des services de répit à très très peu de frais... Parfois, c'est le manque de connaissance qui fait qu'on ne requiert pas les services de ces endroits. Je suis aussi tout en fait en accord avec le fait que le manque de réseau est immense. La peur de déranger, de demander nous empêche de nous bâtir un réseau...

Solène a dit…

Bubulle: Je ne parle pas de halte-garderies de type "centres d'achats" mais bien de halte-garderies communautaires (http://www.ahgcq.org/) qui deviennent de réels milieux de vie et de réseautage des familles isolées justement. Pas un endroit qui ne reçoit que les enfants pour quelques heures mais où les parents aussi sont accueillis et puevnt s'impliquer s'ils le souhaitent. Si tu savais le nombre d'amitiés qui se sont développées dans l'organisme où je travaillais! Des amitiés qui durent encore, même une fois les enfants devenus ados (car j'y suis partie depuis 2003, mais puisque j'habite toujours le quartier, je croise encore des parents toutes les semaines).

Éducatrucs: J,ai amorcé ma carrière de psychoéducatrice à Sherbrooke, où j'ai entre autres fait du bénévolat au RAME (réseau d'appuis aux familles monoparentales de l'Estrie), au répit de jour et de fins de semaine. ;)

Livan a dit…

Parfaitement d'accord... il faut cependant bien lire entre les lignes, on fait souvent allusion aux enfants de familles de faible niveau économique ou encore ayant des parents peu scolarisés. On a pas pensé à outiller les parents plutôt que de valoriser la garde des enfants... Avec les résultats des dernières études, je me questionne... Les décrocheurs scolaires sont des enfants des places à 5$, alors comment se fait il qu'ils soient toujours aussi nombreux ! Je travaille en petite enfance, et l'avènement des CPE nous avait été présenté comme un moyen de lutte au décrochage, alors comment peut-on crier victoire.... Bon, bon, je me calme, je termine ma montée de lait...

Anonyme a dit…

Merci pour l'info sur les haltes garderie-communautaires... J'en aurais grandement besoin ! Reste à voir s'il y en a dans mon quartier. Ça fait plus de deux ans que j'attend une place en CPE, c'est vraiment décevant et frustrant, surtout quand je pense que mes impôts paient pour ça !

Solène a dit…

Livan: C'est justement un des mandat des haltes-garderies communautaires: de soutenir les parents dans leurs compétences parentales. Ce que les CPE offrent à ces parents ce sont 50 heures de service de garde en leur passant comme message (et ils sont à peine plus subtils que ça les CPE quand ils parlent de la clientèle vulnérable): "Laissez-nous vos enfants, nous en va s'en occuper comme du monde!" Alors que la halte-garderie permet à la fois le répit du parent, la socialisation de l'enfant et surtout la découverte d'expériences nouvelles qu'il aura envie de reproduire avec son parent (et que le parent aura le temps de faire parce que son enfants n'est pas "pris en charge" par l'état mur à mur du lundi au vendredi). J'ai vu des parents très démunis se mettre au bricolage ou impliquer leurs enfants dans la "popote" ou aller jouer dehors avec leurs enfants (ce qu'ils ne faisaient pas avant) parce que l'enfant disait: "Allez maman, je veux le faire avec toi, comme à la garderie!"

Il faut laisser une pause bénéfique aux parents démunis qui sont souvent isolés et sans ressources mais il faut aussi leur laisser l'occasion et le temps de développer leur expérience parentale.

Bon, je suis repartie... ;) On a sorti la fille du communautaire, mais pas le communautaire de la fille. Mais sincèrement, j'y crois, à redonner le pouvoir aux familles, à toutes les familles, pas à trouver des solutions pour qu'il se sentent encore plus incompétents et désengagés...

Anonyme a dit…

So, je suis tellement d'accord avec toi. Sur toute la ligne. C'est rare que je n'ai rien à ajouter.

Je travaille dans le milieu communautaire, alors je recommande souvent aussi les haltes-garderies communautaires, c'est une ressource peu connue.

virginie

Evely a dit…

Je me plante peut-être, mais j'avais entendu que beaucoup d'enfants décrochent au primaire parce qu'ils sont surstimulés à la petite enfance et que rendu sur les bancs scolaire, c'est plus monotone. Enfin, je trouvais que ce n'était pas fou.

Je suis de celles qui pense que les places à 7 $ devraient être réservées pour les personnes à faible revenu pour deux raisons. La première est celle décrite ici, c'est à dire une chance de stimulation afin d'éventuellement poursuivre des études et parce que ça me tue de penser que des personnes fortunées paient 7 $ alors que des personnes moins chanceuses sont sur des listes d'attente ou paient 30 $.

Une des raisons selon moi pourquoi nous avons un moins grand réseau que nos mères, est que nous travaillons toutes. La voisines n'est plus une maman au foyer comme nous et donc on ne les voit pas. En tout cas, moi je sais qu'en revenant du travail ce n'est pas les voisins que je veux voir, mais mon fils que je n'ai pas vu de la journée.

Je reviens à la charge avec mon rêve de travail à temps partiel. Maman à la maison et au travail. Si je commence à énumérer tous les biens faits que j'y vois, on aura pas fini, mais j'ai beau faire plein de calcul, je vois pas comment faire pour que le gouvernement et les entreprises embarquent sans craindre d'y perdre.