dimanche 11 janvier 2009

Débat sain d'une (Z)imparfaite démasquée


Dans le tout dernier Châtelaine, on peut lire les propos de l'auteure et illustratrice Élise Gravel (Elle a notamment signé les décapants Nunuche Magazine, Le catalogue des gaspilleurs et Bienvenue chez Bigburp, livres dont on a déjà hâte de glisser dans les mains - ou la conscience- de nos petits (Z)imparfaits qui aiment déjà J'élève mon monstre) qui fait une montée de lait contre l'allaitement.


Elle raconte comment les diktats culpabilisants des "gourouses" et autres ayatollahs de l'allaitement imposent leur vue stricte de l'allaitement aux futures mamans québécoises. Elle note leurs commentaires immondes lancés à ses amies comme "L'allaitement, c'est une question de volonté" ou "Un allaitement qui ne réussit pas, ça n'existe pas", "Vous n'êtes pas en paix avec les cinq phases de votre sexualité féminine!" ou "Vous n'avez pas peur que votre enfant soit moins intelligent que les autres?".


Dans cet engrenage malsain activé par ces intégristes qui font pousser les cliniques et les haltes d'allaitement aux quatre coins de la province, martelant leur "bonne nouvelle" comme des preachers en plein délire, Élise Gravel démontre que personne n'est gagnant. D'un côté, les mamans qui allaitent avec peine sont malheureuses. De l'autre, celles qui donnent le biberon le font presque dans la honte.


Elle écrit : "Plusieurs amies, épuisées d'avoir constamment leur bébé au sein, jour et nuit, ont développé une quasi-aversion envers lui et entretiennent le fantasme de le jeter par la fenêtre." Et elle poursuit: "Je connais des filles qui, lorsqu'elles doivent nourrir leur bébé en public, cachent leur biberon sous une couverture comme si elles étaient en train de lui offrir de la vodka."


Elise Gravel convient que dans l'absolu l'allaitement est ce qu'il y a de mieux. Mais que l'intégrisme et le lavage de cerveau... jamais!


De la plume d'une maman de deux enfants qui a allaité pendant plus de deux ans (et le fait encore!), ce discours est encourageant!

12 commentaires:

Ge a dit…

Je suis tellement d'accord avec les propos d'Élise Gravel. J'ai allaité mes deux enfants, mais je me bats aussi contre cet intégrisme qui, malheureusement, donne une raison de plus à nous, mères, de se sentir cheap de ne plus vouloir allaiter parce que, par exemple, on ne tient plus debout par manque d'énergie. Mon dernier pesait déjà 20 livres à 7 mois, ce que ma fille pesait à un an, et il buvait deux fois plus qu'elle. La fille, elle n'en pouvait plus... Et que quelqu'un vienne me faire sentir coupable de ne pas l'avoir allaiter plus... Juste pour voir...

Valérie-Ann a dit…

Quand j'ai lu l'article en question, j'étais sûre que vous en parleriez. Je suis contente que certaines osent dénoncer cette dictature de l'allaitement. Je suis pour l'allaitement et quand j'ai réalisé que je serais incapable d'allaiter les miens (je ne produit pas assez de lait) j'ai dû faire un deuil. Ça m'a rendu malheureuse comme les pierres et j'ai même fait une dépression après ma première à cause de cela. Le lait en canne n'est pas mauvais. Il n'est pas parfait, mais pour le bien-être de la mère et de l'enfant ça peut être la meilleure solution, parfois. Il est temps qu'on se le dise.

Solène a dit…

J'en ai souvent parlé, j'ai été marraine d'allaitement et ai fréquenté les haltes de mon coin. Et je me suis buttée à tellement de rigidité face à l'allaitement, vous pouvez pas imaginer! De la part des infirmières et des consultantes en allaitement, qui sont supposées supporter les mères dans leurs expériences d'allaitement, j'ai trouvé cela inconcevable.

Heureusement, le recueil de récit "Près de coeur", auquel j'ai participé, et rédigé par des mamans, mais aussi des professionnelles, aborde cette délicate question. Et je trouve cela tant mieux, qu'on puisse enfin crever cet abcès qui met tant de pression aux femmes. Il n'y a pas qu'une façon de "materner", qu'on se le dise! Et pas qu'une façon d'allaiter non plus, si c'est le choix qu'on fait.

Anonyme a dit…

Je me rappelle m'être pratiquement fait crucifier en plein cours pré-natal par les charmantes infirmière et marraine d'allaitement parce que j'avais poser 1 ou 2 questions sur l'hypothétique possibilité de ne pas être physiquement capable d'allaiter... Mon mari était presque convaincu que la secte de l'allaitement débarquerait chez nous le soir même pour sauver nos âmes de parents indignes.
Soit dit en passant, j'ai allaité mon fils pendant 7 mois mais cet intégrisme m'écoeure au plus haut point.
MS

Anonyme a dit…

Allaiter naturellement, c'est bien mais faut pas virer folle ! Si ça ne marche pas, pour quelle que soit la raison, on passe au biberon, point, à la ligne....
L'important, c'est de nourrir le bébé !
Je pense la même chose pour les césariennes.

Mi-trentaine a dit…

J'ai également lu cet article dans Châtelaine, hier soir. Et ce qui, pour moi, donne encore plus de poids, de crédibilité aux messages que nous envoie l'auteure, c'est ce qu'elle ajoute sous sa signature: qu'elle a allaité ses enfants.

Aequanoctis a dit…

Je suis tellement contente de m'être renseignée sur les pressions pour l'allaitement avant d'accoucher de ma fille, sinon je me serais laissée culpabiliser par les infirmières dès sa naissance! Elle a refusé le sein dès sa sortie et a été au biberon pour les 10 premiers jours de sa vie (avant de comprendre magiquement à quoi servait un mamelon!). J'en reviens pas de m'être faite dire par l'infirmière du CLSC que c'était ma faute si elle ne buvait pas au sein, que je devais avoir fait quelque chose de pas correct (malgré les 8 infirmières qui avaient essayé de la ploguer à l'hôpital!). L'intimidation et la culpabilisation pour allaiter, c'est réel! Mais plus les maman vont savoir, moins elles vont se laisser 'bullshitter' par les ayatollah de l'allaitement!

Anonyme a dit…

Je suis allée au CLSC pour des vaccinations et l'infirmière m'a demandé si j'allaitais. Je lui ai répondu non et elle m'a demandé pourquoi.J'en ai marre de devoir toujours dire pourquoi je n'allaite pas. Il y a des haltes allaitements avec des discussions sur l'allaitement. Mais pour les mères qui donnent le biberon, il n'y a pas de groupes de soutien. On a besoin de rencontrer d'autres mères nous aussi. On se sent seule parfois.

Fairy-bonbon a dit…

J'allaite depuis 2 mois et demi... Je tire aussi mon lait pour le donner a ma fille vs le biberon, ma fille a une suce parce que c'est une teteuse!!! Y'en ai des freaks qui considerent que je n'allaite pas vraiment puisque ma fille boit a la bouteille!!!! NON MAIS!!!! C,est mon lait, ca change quoi qu'il soit donner via une bouteille...

Ma deuxième nuit a l'hopital, apres avoir accouché, j'ai eu ma fille accrochée au sein pendant 8 heures non-stop... Quand mon chum est allé voir l'infirmière pour lui demander si on devrait pas lui donner une suce à la place... Elle nous as dit que si on faisait ca, mon allaitement serait finit, mon bb refuserait le sein.. Que c'était de même l'allaitement et que visiblement, je me plaignait un peu trop..... J'en pouvais plus de me faire têter... Je l'ai plogué sur une suce.... Au risque de ne plus la voir prendre le sein ensuite...Elle n'a jamais refusé le sein...Elle boit autant au sein... Elle boit mon lait au biberon et mon allaitement va super bien....

Je pense que la clique allaitement décourage bcp plus les mères qu'elle ne les aide... Y'a pas juste une facon d'allaiter...

Pis y'a pas juste l'allaitement non plus... Si ca marche pas, si on veut pas ben caline c'est notre affaire... Meme si j'allaite, je ne vais jamais juger quelqun qui ne le fait pas....

Nunuche a dit…

Yeah! Je suis bien contente d'avoir pu faire du bien à quelques filles! J'en peux plus de voir mes amies pleurer.

Si j'avais pu, j'en aurais dit beaucoup plus... j'aurais beaucoup aimé parler, comme Isa, du fait qu'il existe dans tous les CLSC des cliniques d'allaitement, ce qui exclut d'office celles qui n'allaitent pas... et qui ont tout autant (sinon plus) besoin de support que les autres.

Votre blog est bien intéressant. Je m'y plonge!

Élise

Anonyme a dit…

Il y a longtemps que je m'insurge contre la mafia de l'allaitement... moi aussi j'ai vu des amies complètement à terre à l'idée de ne pas allaiter... c'est ridicule qu'on soit rendu à se sentir coupable de ne pas materner comme les "autres" voudrait.

Anonyme a dit…

Objet : Réponse à l’article de madame Élise Gravel, Une montée de lait contre l’allaitement, parue dans l’édition de février 2009.

Madame Gravel,

Vous avez entièrement raison. Bien que je sois consultante en lactation diplômée de l’International Board of Lactation Consultant Examiners communément appelée IBCLC, je partage votre opinion. Bizarre? Pas vraiment. Permettez-moi de vous expliquer pourquoi.

En effet, les futurs parents se font vendre l’allaitement comme étant un acte extraordinaire, une preuve de leur amour inconditionnel pour leur enfant, qui le rendra de surcroît plus intelligent que les enfants nourris aux préparations pour nourrisson. Je suis d’accord que selon cette prémisse et étant donné que personne n’est contre la vertu, les parents en devenir privilégieront nécessairement l’allaitement. Mais une fois le bébé arrivé, si des difficultés surviennent, ils ne reçoivent pas tous le soutien compétent auquel ils ont droit. Le vrai problème est là.

L’allaitement est une fonction biologique qui assure depuis la nuit des temps la survie et le développement des nouveau-nés dans le but désintéressé de garantir la pérennité de l’espèce. Il n’y a pas d’avantages à allaiter. La nature ne fait rien d’extraordinaire, elle répond seulement aux besoins des espèces. De la manière dont la promotion de l’allaitement se fait actuellement au Québec, elle induit beaucoup de culpabilité étant donné que l’emphase est mise sur des composantes émotives plutôt que factuelles ou scientifiques.

La multiplication des pseudo-expertes en allaitement qui pullulent ça et là est un réel problème. Comme vos copines, les familles se font dire n’importe quoi, n’importe comment. Le gouvernement doit prendre position et réguler plusieurs professions qui gravitent autour des familles, dont celle de consultante en lactation. Il faut savoir que les seules vraies spécialistes en allaitement sont les consultantes en lactation diplômées de l’IBCLE (les International Board Certified Lactation Consultants – IBCLC), qui sont de plus reconnues internationalement. Les IBCLC sont régies par un code de déontologie et des normes de pratiques rigoureuses afin d’assurer la sécurité du publique. Il est plus que temps que la profession d’IBCLC soit reconnue ici au Québec et que le titre soit protégé, pour empêcher l’auto-proclamation. Présentement, n’importe qui peut se proclamer consultante ou conseillère en allaitement. Au Québec, la plupart des IBCLC sont membres de l’Association québécoise des consultantes en lactation diplômées de l’IBLCE (AQC). Les familles qui souhaitent obtenir l’aide d’une spécialiste en allaitement ont avantage à consulter le site web de cette association pour s’assurer que la personne est réellement une IBCLC.


De nombreuses familles consultent à gauche et à droite pour trouver de l’aide. Étant donné l’ambiguïté terminologique qui règne actuellement, les familles présument à tort qu’elles ont toujours affaire à une spécialiste. Elles courent donc le risque de recevoir de l’information qui n’est pas soutenue pas des données probantes et appuyées sur des recherches scientifiques valables. J’ai eu l’occasion de suivre de nombreuses familles, et moi aussi les oreilles me frisent lorsqu’elles me relatent les propos tenus par certains, qu’il s’agisse d’infirmières, de marraines d’allaitement ou même de médecins. C’est particulièrement bizarre que les expériences personnelles ou les croyances de certains intervenants en allaitement prévalent sur les données scientifiques probantes.

Les familles n’ont aucune garantie sur la formation ou la compétence des pseudo-expertes. Par contre, pour devenir IBCLC, il faut avoir une solide expérience en allaitement, avoir plusieurs heures de formation préalables et réussir l’examen de l’IBLCE, ce qui n’est pas une mince affaire. Après seulement cinq ans de pratique, si l’on veut conserver son titre d’IBCLC, il faut fournir la preuve que l’on détient suffisamment de crédits de formation continue; si non, il faut repasser l’examen de certification. Et finalement, après dix ans, il faut repasser l’examen, peu importe le nombre de crédits accumulés. Vous conviendrez que peu de professions sont aussi exigeantes.

Votre copine à qui on a dit que sa production de lait était insuffisante parce qu’elle n’était pas en paix avec les cinq phases de sa sexualité féminine devrait, si elle a reçue cette information d’une consultante en lactation IBCLC, déposer une plainte auprès de l’IBLCE. Cette information n’est certainement basée sur des données probantes!

Le plus malheureux, c’est que pour plusieurs familles pour qui l’allaitement est difficile, les ressources spécialisées ne sont pas réellement accessibles et toutes ces nombreuses personnes en s’auto-proclamant spécialiste en allaitement nuisent plus qu’elles n’aident.

J’invite les familles qui désirent avoir accès aux IBCLC à se manifester et à écrire au Ministère de la Santé et des Services sociaux. Sans le soutien de la population, les IBCLC, qui sont trop peu nombreuses au Québec, n’ont pas une voix suffisamment puissante pour se faire entendre.

En terminant, j’aimerais vous dire que j’ai été soulagée d’apprendre que votre allaitement se passe pour le mieux. Je vous remercie sincèrement d’avoir pris le temps d’écrire à Châtelaine et d’avoir ainsi soulevé une question importante. Les IBCLC travaillent très fort pour faire reconnaître leur profession et votre texte les aidera certainement. Merci.

Chantal Lavigne, IBCLC
Présidente de l’AQC