lundi 4 mai 2015

Avez-vous peur d'être un parent NON-zen?

 
La psychothérapeute française Isabelle Filliozat a écrit de nombreux ouvrages sur la parentalité, les enfants et la vie de famille. Certains ont des titres assez intéressants : «J’ai tout essayé», «Il n’y a pas de parent parfait» (tiens donc!), Fais-toi confiance!, etc. Mais lundi dernier, quand j’ai lu un article dans LaPresse+, j’ai sursauté, recraché mon café et hurlé un gros «Ben voyons donc!» dans la cuisine. 

De passage à Montréal pour le festival Métropolis Bleu, elle a discuté avec une journaliste des façons d’être un parent zen et donner des outils pour y parvenir. 

En quatre points rapides, elle dit rien ne sert de hausser le ton avec les enfants, que les punitions sont inutiles, que donner des ordres est contre-productifs et qu’on peut gérer une crise avec un verre d’eau. Eh ben! Comme a dit une femme sur la page Facebook des (Z), elle vit dans un beau monde de licornes et de pouliches! C’est ce que je crois aussi! (Une autre a dit qu’elle avait vu ce type de parent une seule fois… dans la famille de Caillou!)

Bien sûr, je ne pense pas qu’hurler après nos enfants est LA façon de les éduquer. Mais parfois un puissant AÏE est beaucoup plus saisissant et efficace (oui oui!) que dix minutes d’explications sur le pourquoi du comment qu’il ne faut pas sauter sur les divans (par exemple!). Mais pour ne pas crier, il faut justement les éduquer, ces enfants! Bien qu’une grande partie de l’éducation soit constituée d’explications et d’agissements cohérents, il faut aussi discipliner, mettre des limites et des balises. Non? Sauf que la suite de l’article nous apprend que les punitions sont inutiles. Eh ben! Je crois qu’il n’est pas tout à fait sain de faire croire aux enfants que leurs actes n’ont pas de répercussions sur les autres ou sur eux. Dans la vie, il faut que tu assumes et ce n’est pas à 13 ans qu’il faut leur faire comprendre ça (le comprendrait-il?).

Aussi, on ne doit pas donner des ordres. Re-eh ben! En quoi, c’est brimant de se faire dire quoi faire? Je ne veux pas péter la bulle de personne, mais dans la vie on va en avoir des ordres auxquels obéir : à l’école, en conduisant, au travail, etc. Pour illustrer son propos, elle suggère qu’au lieu de devoir dire à son enfant « Donne-moi la main ! » avant qu’il traverse la rue tout seul, il faut le préparer « dans un souci de tous les instants, à l’importance de cette règle» et de «répéter les règles ; si je joue avec ses peluches, répéter aux peluches qu’il faut traverser en tenant la main. ». Donc, il faut dire la règle, mais pas à l’enfant. C’est bien mieux de la dire à un toutou. L,ordre «tombe» sur un toutou et non sur l’enfant, donc l’estime de ce dernier est intact. Il ne se sent pas trop visé et pas trop bousculé comme pourrait l’être un enfant qu’on élève tout simplement et à qui on dit les vraies affaires.

Franchement, pire que de proposer un modèle culpabilisant aux parents – vraiment qui ne hausse pas le ton et qui ne punit pas…! –,  je trouve que cette pratique essaie de faire croire aux enfants que ce sont eux qui décident, qu’ils ont (et auront toujours) le choix et que les règles, c’est pour les autres (pas eux!). Comme a dit une autre mère sur la page Facebook : «C’est leur mentir! L'autorité fait partie de la vie et c'est aux parents d'enseigner ce fait à leur progéniture. De toute façon, les enfants savent reconnaître une autorité légitime et exercée sans abus (même s'ils rouspètent à l'occasion) et ça les sécurise de savoir qu'il y a un capitaine dans le navire.»

Non, je ne pense pas que cette formule de parents  zen n’est pas souhaitable ni pour les parents ni pour les enfants. Je suis d’accord sur plusieurs points (il faut travailler en amont, prévenir, expliquer – mais pas sans fin - , se calmer le pompon donc moins crier, etc.), mais garder notre enfant dans une bulle où toutes les potentielles frustrations, peines et colères sont évacuées me fait grimper dans les rideaux. Parce que ce n’est pas ça la vraie vie. Si je faisait ça, je sentirais que je mens à mes enfants, que je suis hypocrite de leur faire croire que la vraie vie, c’est ça et que ses profs, ses boss ou ses amis vont agir ainsi avec lui.

Assumer notre autorité ne veut pas dire être abusif ou agressif, c’est être ferme, constant et ne pas avoir peur de perdre l’amour de notre enfant pour un «non», pour un ordre lancé ou une punition appliquée. Je veux bien «améliorer» mes techniques d’éducation, mais je refuse celles où chacun de mes écarts et de mes actions sont perçus comme une atteinte potentielle à mon enfant. Franchement! Oublions-nous comme parents. Plus facile de ne pas assumer ses écarts que d’essayer de ne pas en avoir. Ne jamais exprimer le fond de notre pensée, nos limites et nos moments d’à bouttisme. Nenon… notre enfant pourrait en être brimé et surtout… il pourrait nous en vouloir.

Je ne sais pas si c’est ça le fond de la nouvelle vague de techniques d’éducation : craindre le non-amour de nos enfants. Ou craindre qu’ils nous remettent quelque chose sur le dos plus tard. Pour être sûr, on abolit les distinctions entre qui est le parent et l’enfant. On est tous pareils. Comme ça tout le monde est supposé être zen.

Zen? Pffft! Quand j’y repense. Je ne serai pas zen d’être ainsi. Mes enfants non plus. Je ne serais plus moi-même non plus. Et c’est pas ça que j’ai envie que mes enfants vivent et reproduisent. J’aime 1000 fois mieux péter une coche de temps en temps, me montrer 100% comme je suis vraiment à mes enfants, avouer mes torts et mes bons coups, ne pas avoir honte ni de mes failles ni être gênée de mes forces, juste être vraiment moi-même. Et assumer tout ça et les implications qui vont avec. Et ça ne me fait pas peur.

Non! Même pas peur!   Et vous avez-vous peur de vous montrer comme vous êtes vraiment ? Qu’avez-vous pensé de cet article?   

P.S. Et je n’ai même pas parlé de la technique de gestion de crise avec un verre d’eau… Mais comme beaucoup, j’ai pensé que le verre d’eau dans sa main pendant une crise équivaudrait à un dégât à nettoyer en plus (parce que tu ne peux pas dire à l’enfant «C’est toi qui l’a lancé, ramasse-le!» : tut tut tut! C’est un ordre, ça!). J’ai aussi pensé qu’un verre d’eau dans le visage aurait plus d’impact pour calmer une crise. Mais le meilleur conseil serait de prendre moi-même un verre (de vin, pas d’eau!) pour m’aider à gérer la crise!




    

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Depuis la lecture de cet article un peu ridicule, le truc du verre d'eau est devenu un running gag entre mon chum et moi. Quand fiston fait une crisette, on lui offre un verre d'eau. Aucun effet sur ladite crise, mais le ridicule de la situation a au moins l'effet de nous faire sourire...

zazou a dit…

J'ai testé le verre d'eau ce week-end: ma fille ne faisait pas une crise de caprice mais hurlait parce qu'elle s'était écorché le genou au sang...Hé bien je dois vous dire que ça lui a changé les idées et ça l'a calmée!!!

Pour le reste, je partage votre point de vue. J'ai lu ce même texte sur la Presse+ et en le lisant je pensais aux futurs employés/enfants rois....

Anonyme a dit…

Je pense que ceux qui s'offusquent de ce texte, ne le comprennent tout simplement pas parce que ça ne correspond pas à leur personnalité. Ça n'a rien à voir avec la peur de ne pas être aimé de nos enfants. Ça a juste à voir avec le respect des autres et transmettre des valeurs à nos enfants qu'on a en tant qu'adulte. Quand ceux qui répondent disent que ça ne représente pas comment ça se passe en société, ben je sais pas d'où ils viennent mais moi, je ne crie pas après les gens quand quelque chose ne fait pas mon affaire, je m'affirme et je m'explique, tout simplement. Calmement. Dans le respect. Est-ce que ça en fait des enfants-roi ? Tellement pas. Quand c'est non, c'est non. Ils apprennent les règles, mais dans une ambiance plus agréable. Les punitions ne font pas partie de notre quotidien mais il y a quand même des conséquences aux mauvais comportements. Il faut juste faire la distinction entre punition et conséquences. Pour ce qui est du verre d'eau, je ne l'ai jamais essayé. Mais changer les idées, oui souvent. Une fois que le "non" a été dit et le pourquoi (sans tomber dans les explications interminables) on a pas à se justifier davantage, alors on change de sujet afin de montrer à l'enfant que le sujet est clos. Quand on le fait régulièrement, l'enfant comprend que ça ne sert à rien de continuer la crise. Aussi, au lieu d'offrir un verre d'eau, simplement nommer le sentiment de l'enfant ("Tu es fâché parce que tu voulais avoir... ? Je comprends que tu trouves ça plate mais c'est pas possible pour l'instant") lui montre qu'on a compris ce qu'il vit, mais que ça ne change pas notre décision. Ils ne faut jamais oublier que les enfants apprennent (et répètent)beaucoup plus de ce que l'on est et de ce que l'on fait que ce qu'on leur dit. Il faut donc commencer par se demander si nous on leur montre le bon exemple quand on gère nos propres frustrations.

titani a dit…

Je lis souvent les livres que vous suggérez, j'adore lire!
Je vous en suggère un aujourd'hui d'Adèle Faber et Élaine Mazlish :
Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent.
ou
Parler pour que les ados écoutent, écouter pour que les ados parlent.
Ça vaut la peine de prendre le temps de lire, le premier date de 30 ans!
Parenthèse punition :
Si la punition fonctionnait, ça ne serait pas toujours les mêmes enfants qui seraient en punition à l'école, le problème serait règlé après la première punition... si c'était efficace!
Et un peu dans la même veine qu'Anonyme de 22h38, mon patron ne me met pas en punition lorsque je fais une erreur au travail. Heureusement!
Lors que je sens que je devrais envoyer un de mes enfants (3) en pause, c'est moi qui y va après avoir dit ce qui me met en colère(et je la crie parfois ma colère). Le résultat est toujours le même, il répare ou règle le problème qu'il a causé et vient cogner à ma chambre pour me demander si je suis calme. Il a réfléchit à ce qu'il a fait et s'excuse sans que je ne demande quoi que ce soit. C'est très efficace et pendant ce temps, j'ai une belle pause dans ma chambre pendant quelques minutes!
Et surtout, il ne recommence pas!