En faisant le grand ménage post-rénos, je suis tombée sur un truc que j'avais presque oublié: le journal néonatal de mes triplés. Ce cahier que je remplissais au quotidien à partir du jour 1 de mon hospitalisation pré-accouchement (3 jours!) jusqu'à la sortie de Lolo de l'unité de néonatalogie de l'hôpital Ste-Justine deux mois plus tard.
Dimanche, ça fera huit ans que cette période un peu floue (comme si je l'avais rêvée plutôt qu'incarnée...) commençait. C'est remuant de lire mes angoisses et mes espérances sur ce que deviendront mes petits poussins couvés dans leur isolette. De pages en pages, je suis toute énervée à tous les grammes que prend Lolo. ''Enfin, tu pèses deux livres!'' ''Ton coeur n'arrête plus de battre quand tu digères le lait qu'ils t'ont donné par le petit tube qui passe dans ton nez.'' ''Tu es si minuscule, comment fais-tu pour tourner la tête dans notre direction quand on te parle à travers la petite porte?''
Et Momo qui m'inquiète parce qu'elle a fait une légère hémorragie cérébrale. Et Lili qui ne semble pas me voir. ''Est-elle aveugle? M'entend-elle?'' Ma peur des séquelles, de la vie bien mal partie que je viens de leur donner. Nos craintes de parents, partagés entre le bonheur immense d'avoir enfin des enfants et l'angoisse totale devant l'inconnu.
Et les premiers kangourous, expliqués dans les moindres détails alors qu'on s'apprivoisait tranquillement les uns les autres, tentant par tous les moyens d'établir un contact à travers les petits trous des incubateurs.
Il s'en est passé des choses depuis huit ans. Ça fait ultra cliché mais c'est vrai que l'eau a coulé -parfois doucement parfois en torrent- sous les ponts. Et mes trois poussins sont devenus exactement les enfants que j'ai toujours souhaité. Avec leurs imperfections et leurs difficultés mais aussi avec leur persévérance et leur courage, hérités de ces premières journées (semaines, mois) de vie mouvementées.
Si je suis tombée sur ce journal maintenant, c'est que le timing est bon. Dimanche matin, après une série de câlins et un party (avec de la grosse musique forte - demande spéciale de Lili!), on va se retrouver sur le sofa et je vais ouvrir pour la première fois ce journal devant eux et leur raconter la plus belle histoire qui soit, la leur.
mercredi 15 juin 2011
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10 commentaires:
Wow ! Que c'est touchant, j'en ai les larmes aux yeux. C'est tellement vrai qu'en tant que parent on se fait tellement de soucie, et lorsqu'on se rend compte comment ils vieillissent et se développe nos craintes et nos peurs prennent du recul.. Bravo pour ce beau billet
clo maman de 3 (C.: 5 ans, B.: presque que 4 et M.: 19 mois)
Très beau post très touchant.
Je pleurs d'être émue en imaginant ce moment, pour toi et aussi pour moi un jour . Bravo pour ce billet. xxx
Belle histoire, très touchant. Je peux imaginer l'angoisse que vous avez vécu en tant que parents.
Estelle
quel beau texte plein d'émotions! tu a de quoi être fière de tout ce chemin parcouru... bonne lecture dimanche!
Sophie
Je suis émue de lire ces mots...et de découvrir une si belle suite à ton roman :)
Moi aussi, j'ai les larmes aux yeux! Même si je ne l'ai pas vécu à la même échelle, je crois qu'on a tous des moments d'inquiétude. Bravo à toi d'avoir tout noté ça. C'est un vrai trésor maintenant!
Quel plaisir de savoir qu'ils sont en parfaite santé, avec des débuts aussi difficiles.
Ça me réchauffe le cœur de lire votre billet cet après-midi. Dimanche dernier, mon amie a accouché de ses jumelles à 27 semaines de grossesse. C'est une épreuve absolument difficile à vivre pour sa famille et nous sommes toutes très inquiètes pour elles. Merci donc pour ce petit billet touchant et surtout, très encourageant!
Des souvenirs importants à se remémorer. Bonne fête à tes grands!
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