Des fois, je suis découragée. Mais parfois, je me dis que les professeurs doivent l'être encore plus. Et je ne parle même pas de leurs conditions de travail. Je veux plutôt aborder le sujet délicat de la gestion des parents de leurs élèves. Après chaque réunion de parents, je suis prise d'un profond élan de compassion pour les profs. Déjà que ce n'est pas facile de faire le travail dans le contexte actuel, il faut qu'ils dealent avec des parents aux demandes aussi incroyables qu'hallucinantes. Le tout fait le plus sérieusement du monde. Chaque fois, je me dis que je ne pourrais pas être enseignantes et subir, par exemples, les confidences et les commentaires étranges entendus dans les réunions de parents.
Encore cette année, j'ai encore fait le plein de ces perles qui m'étonnent tout autant qu'elles m'exaspèrent (J'ose imaginer ce qu'en pensent les profs!). Parmi celles entendues et celles qu'on m'a rapportées, j'en ai gardé deux. Et je me demande comment font les profs pour gérer tout ça en ne pognant pas les nerfs (on doit le dire! Je capoterais à bien moins!)
Donc, en pleine réunion de parents, le professeur indique qu'elle ne veut pas avoir à gérer 26 fêtes d'enfants durant les heures de classe et qu'elle demande aux parents de ses élèves de ne pas envoyer un gâteau pour collation le jour de la fête de leur enfant. Totalement compréhensible! 26 fêtes sur 180 jours d'école, ça fait une fête aux 7 jours environ.
C'est beaucoup! On comprend toute la job derrière le geste: 'enseignante a à gérer la distribution du gâteau, les possibles dégâts,
l'énervement qui s'en suit et la gestion pour un retour au calme. À
répétition 26 fois dans l'année: au secours!
Tout le monde semble d'accord. D'autant plus que c'est une classe de 4e année. Et puis, l'enseignante va tout de même souligner la journée spéciale. Ce n'est pas dit que l'enfant ne doit pas recevoir de souhait ni se faire chanter «bonne fête». Mais voilà qu'un parent lève la main. «C'est que les enfants sont habitués à vivre ce rituel-là depuis leur maternelle... C'est dommage... Ils s'attendent à ça, chaque année! Et puis, c'est juste 26 fêtes, quand même!». Pardon? Les enfants s'attendent à ça? Ou c'est le parent qui veut prouver quelque chose en envoyant le plus gros gâteau ou les mieux décorés cupcakes devant un nouveau public? Souligner la fête de l'enfant, ça se fait très bien à la maison, non? Les rituels, ça se change aussi. Un enfant qui aura 10 ans est très capable de comprendre que c'est juste impossible de fêter dans la classe. C'est tout! Il va survivre! Du regard, ce parent cherchait un allié dans la salle de classe. Personne n'a bronché (fiou!). Et quelqu'un, porte-parole du reste, a lancé «Ben non, on vous comprend. Ça n'a pas d'allure de fêter 26 anniversaires!». C'est ça, aussi, appuyer les profs!
Une autre remarque parmi les plus étonnantes «Pourriez-vous ne pas donner de devoirs le jeudi soir, car mon enfant a du karaté?». Ben oui, pourquoi pas? Il est vrai que cet enfant est sûrement le seul de sa classe à avoir une activité après l'école, que ses parents sont les seuls à se courir d'un bord et de l'autre, qu'il vaudrait mieux qu'il n'ait pas à faire trop de devoirs la veille pour compenser, que le contrôle et la dictée ne devraient pas être le lendemain de son cours de karaté parce que ça pourrait influencer son résultat, etc. Et quoi encore? D'autres demandes? Pas de devoirs le lundi, parce que vous voulez écouter Pour Sarah et que ça brime votre horaire? Pas de devoirs le mardi, car c'est le jour de l'épicerie? Heyyyy! Voyons! Comment tu peux penser formuler une telle demande devant tout un groupe de parents? Comment tu peux penser que le prof va dire «Ah bien oui, certainement! C'est bien de me l'avoir dit! Bonne idée!»? Comment tu peux penser que c'est le problème du prof si ton enfant a du karaté le jeudi? Comment tu peux penser que ce sont les 25 autres familles qui ont à se plier à ta propre incapacité de parent à gérer l'horaire familial?
Alors, chers professeurs, on aimerait bien vous entendre, sous le couvert de l'anonymat bien sûr, mais rapportez-nous ces perles de parents que vous entendez durant l'année scolaire. Peut-être que ça peut aider et que l'an prochain, vous en ayez ramassé moins (parce qu'on le sait bien que vous devez vous faire un p'tit palmarès!).
lundi 28 septembre 2015
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3 commentaires:
Oh! Le gâteau et le karaté, bons exemples de bêtises et d'égocentrisme parental. Le gros bon sens devrait primer. Merci de le rappeler. Si ça fait fermer la boîte d'un seul parent-roi, ce billet aura déjà eu une grande utilité. C'est souvent le même parent fatigant qui cause le plus de trouble.
Je suis TES dans une école régulière et <a tous els jours, J'entends des remarques plus que bizarres de la part des parents... Imaginez, j'ai osé chicaner son enfant qui a lancé une chaise! Il était fâché, c'est normal! Hey! Je passe mon temps à respirer avec le nez...
La meilleure de toutes, c'est ce qu'une mère d'un élève (j'enseigne au secondaire...) m'a dit quand je lui ai parlé que son enfant va échouer son année s'il continue à ne pas travailler: "Bon, je vais lui donner un brake pour réfléchir à tout ça." Ils sont partis pour une semaine à Cuba pendant les jours de classe!... Il est de retour en secondaire 1 puisqu'il a échoué tous ses cours...
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