Pendant mon congé de maternité avec mes triplés, c'est TriplePapa qui a ressenti ça le premier. De retour au travail, il côtoyait le vrai monde... et leurs préjugés.
Tous les clients qu'ils rencontraient et qui étaient au courant de notre nouvelle situation familiale lui disait: «Comme ça ta femme va rester à la maison avec les enfants maintenant.» Ça allait de soi pour tout le monde sauf nous, puisque ça ne nous avait même pas effleuré l'esprit.
Puis, quand je suis retournée travailler à temps plein, tout le monde me gratifiait d'un encourageant «Tu vas craquer, tu dois être débordée» ou une autre de ses variables. Et moi, je passais pour une vraie folle à leur répondre: «Ben... c'est pas si pire.»
Sérieusement. J'avais beau avoir trois bébés en Terrible Two, je ne trouvais vraiment pas ça si pire. Je trouvais qu'on s'en sortait vraiment bien et qu'on avait l'air moins débordé parfois que d'autres parents avec un seul enfant sans handicap. (Bon, avec le recul et maintenant que les enfants sont plus grands, je me rends compte à quel point c'était quelque chose mais sur le coup, j'étais à fond dedans et motivée! Je me permettais de péter des coches et de brailler mais après c'était fini et on focusait sur le positif).
Mais tout ça est venu titiller ma culpabilité de mère. Est-ce que je devrais rester à la maison avec les enfants pour leur bien. Sauf que pour mon bien à moi, je savais que j'avais besoin d'aller m'oxygéner quelques heures si je voulais me donner à fond auprès de mes enfants. J'avais expérimenté l'asphyxie dans les dernières semaines de mon congé de maternité, rallongé de 3 mois. Ça, c'était beaucoup plus difficile (pour moi) que de concilier le travail et la famille.
Puis a commencé la ronde des rendez-vous avec les spécialistes pour les enfants. Avec leur prématurité, on a eu droit (et c'est une chance!) à un suivi complet. Les rencontres pour les thérapies (physio, ergo, etc.) des enfants se succédaient. Au début, TriplePapa et moi y allions toujours à deux, de peur d'en rater des bouts car 3 réunions d'une heure back-à-back (une pour chaque enfant), c'était épuisant (surtout quand tu dors 4 heures par nuit!) et ça l'aurait été encore plus s'il avait fallu tout raconter à l'autre au retour (pas d'énergie pour ça!). Souvent, je sortais de là remplie de culpabilité parce qu'on s'étonnait encore que je travaille à temps plein. TriplePapa, quant à lui, (travailleur à temps plein lui aussi) était louangé par l'assemblée pour sa disponibilité et ses efforts.
Je n'ai jamais compris ça.
Encore aujourd'hui, devant l'agent d'assurances ou le banquier, je passe pour la mère absente et débordée alors que TriplePapa se fait toujours dire qu'il en fait beaucoup pour un homme. Ça le choque autant que moi. On est parents à 50 / 50 mais ça paraîtrait mieux si on l'était à 70 / 30 (le 70 m'étant réservé, bien sûr!).
Je manque une réunion, il se fait dire: «Ah, la maman n'est pas là?.» (plein de sous-entendus). Il manque une réunion, je me fais dire: «Vous avez un bon mari, il en fait beaucoup!»
On en ri à chaque fois mais franchement, quand on y pense, ce n'est pas drôle du tout.
mercredi 17 octobre 2012
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8 commentaires:
De quoi se mêlent toutes ses personnes ????
Effectivement de quoi se mêle toutes ses personnes, la familles est un choix personnelle , pour le reste du monde, occupez-vous de votre nombril. Je peux te dire que pour une maman à la maison de bientôt 4 enfants, je suis aussi victime parfois de commentaires parfois disgracieux ou complètement inappropriés, bref je m'en fou, je ne m'en occupe pas et au diable ses personnes ce qu'ils pensent j'en ai rien à foutre. Moi je sais ce qui est bien pour ma famille et mes enfants et je penses que tout le monde le sais aussi, je respecte ceux et celles qui ont un choix différent du miens et c'est ça.
L'important c'est d'être bien avec nos choix, pou les autres ils sont envieux ou jaloux .
bonne journée
clo
Moi je pense que les stéréotypes existent parce que dans les faits, c'est plus souvent la mère qui s'occupe des enfants. C'est mon cas... mais si j'avais eu la chance de tomber sur un gars qui voulait s'impliquer autant que moi, j'en aurais été ravie! C'est sûr que c'est frustrant des fois que les gens assument des choses sur notre vie sans la connaître, mais ce n'est pas nécessairement par méchanceté, plus de l'ignorance.
Ahhhh la joie des doubles standards...
Je me souviendrai toujours du beau-frère qui me lance, pendant le souper de Noël avec toute la belle-famille étendue : « Pourquoi est-ce que c’est toujours à nous les pères de changer les couches quand on est en visite quelque part? ». Tout le monde trouvait ça ben ben comique, ben oui, pourquoi est-ce que ce serait à mon chum d’aller changer une couche???
Il y a le fait que lui il avait fini de manger parce qu’il n’avait pas le bébé sur les genoux à jongler entre la purée du bébé et son souper? Pourquoi est-ce que c’est tellement miraculeux un papa qui change une couche? Elle est où ma médaille à moi quand je change une couche? De quoi je me mêle hein hein hein!????!
Blagues à part, les pères sont louangés, ou excusés, de toutes parts alors que les mères sont critiquées peu importe les choix qu’elles font. Tu retournes travailler? Pauvre enfant. Tu ne retournes pas travailler? Tu te fais vivre sur le dos du pauvre homme qui s’éreinte au travail, t’es quand même pas pour t’attendre à ce qu’il vide le lave-vaisselle ou qu’il change une couche!
Mais bon, il y aura toujours des gros cerveaux pour passer ce genre de petit commentaire assassin et ce n’est pas toujours facile de résister à l’envie de faire une scène pour mettre les choses au clair… et là on aurait droit au « Pauvre maman en plein burnout, ça ce peut tu les hormones hein! ».
La seule et unique fois ou mon chum est allé seul à un rendez-vous de notre fille avec l’infirmière du CLSC (parce que je TRAVAILLAIS une journée par semaine, ma fille avait 3 mois), j’ai eu droit à un appel en panique de l’infirmière comme quoi il y avait urgence, que je devais ABSOLUMENT y retourner le lendemain avec ma fille pour un gros, gros problème. C’était quoi le problème? Elle ne comprenait pas comment le Papa pouvait s’occuper d’un bébé de 3 mois encore allaité pendant 5-6 heures le temps que j’aille donner mon cours et que je revienne. Euh… il essaye un biberon pis sinon elle s’endure jusqu’à mon retour?
Je pense que dans des moments comme ça on devrait toutes retombées en pleine crise d’adolescence: « Ben la, c’est parce que genre de quoi je me mêle peut-être??? »!
J'avais un sourire en coin en lisant votre billet. Je suis présentement en congé de maternité et j'ai choisi de donner une bonne portion du congé parental à mon conjoint (que voulez-vous, j'ai besoin de travailler). Je ne suis donc pas en congé pour un an. Nos familles, elles comprennent, mais quand j'explique ça aux autres (collègues, certains amis, médecins des enfants, etc.), j'ai souvent droit à un visage exprimant une totale incompréhension. Comment une maman peut-elle refuser un an complet à rester avec ses enfants et, qui plus est, donner AUTANT de temps au père (on parle en termes de mois ici)? Je suis la mère indigne alors que mon conjoint, lui, il est le grand chanceux « qui l'a compris l'affaire », ou la perle rare des pères.
Mon conjoint a pris l'avion seul avec notre fille de 2 ans pour visiter sa famille.
Pendant tous le vol, des madames sont venus le complimenter sur son courage et sa patience.
Il m'a dit que la maman sur la même rangée que lui, seule avec ses 2 enfants, dont un bébé en porte bébé, riait jaune. Faut dire qu'à part des regards énervés quand ses enfants dérangeaient, elle a pas eu de haie d'honneur, elle.
Ahah Karine, et encore beaucoup de pères changent la couche SEULEMENT en visite pour montrer à tout le monde comme ils sont de bons papas...
Petit défi mesdames. En public, cessez maintenant de dire que papa aide beaucoup. Mentionnez avec naturel et détachement que c'est VOUS qui aidez votre homme. Ensuite, sit back and relax...
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