jeudi 16 juillet 2015

Sacrer devant les enfants

Vous dites des gros mots devant les enfants? Moi aussi. Et je ne suis plus vraiment gênée. Et il parait que c'est ok de le faire. Que ça peut même les aider. Eh bien, chapeau! Il y a longtemps que je les aide, donc. Bien sûr, quand ils étaient plus petits, j'essayais de refouler quelques «calisses». Mais MissLulus, à peine deux ans, avait compris l'essentiel des blasphèmes. Ratant toujours sa cible au jeu de poches, elle avait utilisé un puissant «calisse» pour se défouler. Une autre fois, elle l'a dit parce qu'elle avait échappé tous les bagages de sa poupée dans les marches d'escalier. Une autre bonne utilisation, en fait. J'en ai pas fait de cas. Je n'ai ni ri, ni puni, ni réagi, ni expliqué, ni été outrée. Et elle n'a plus jamais sacré ensuite.

Mais moi, j'ai continué. C'est plus fort que moi. Mais c'est un moyen d'expression comme un autre. Et désolée, je ne crois pas que de lâcher un «Zut de flute!» quand je me cogne violemment le gros orteil sur le bord de mon lit est aussi «soulageant» qu'un bon vieux «tabarnak». Il y a toute une variété de nuances dans nos sacres - chacun a son préféré et celui qu'il utilise que lors de moments de très très haute intensité! - et selon leur utilisation, on peut mieux comprendre notre degré d'à-boutisme, par exemple. Un «Misère qu'il m'énerve!» n'est pas du tout la même chose qu'un «Sacrament qu'il m'énarve!».

Selon un billet d'une mère qui dit que c'est correct de sacrer devant nos enfant, sacrer permettrait une certaine cohésion sociale, de se défouler et de réduire notre douleur. Plus encore, cette forme d'expression très spontanée montre aux enfants à être franc. Si on leur évite ce contact bien réel avec nos émotions fortes, si tout est toujours beau, bon et gentil, si on ne s'emporte jamais, si la vie est un fleuve tranquille sans jamais de houle, ils pourraient prendre toute une débarque quand ils vont tomber dans la vraie vie. Il serait toujours mieux de leur montrer à vivre et extérioriser leurs émotions qu'à les refouler. Un «ostie» de temps en temps vaudrait mieux qu'une explosion de colère. Sacrer serait donc échapper au fur et à mesure le trop plein, comme la vapeur qui s'échappe d'un presto pour empêcher la catastrophe.

Et puis, en sacrant, on montre aussi aux enfants le moment et les lieux où c'est socialement acceptable ou non. Savoir avoir du filtre est un art qui se perd. Dire des gros mots entre amis ou en famille, c'est une chose. Les utiliser à l'école ou au travail pourraient avoir des conséquences. Les enfants apprennent donc qu'il y a des comportements appropriés selon les circonstances.Tout n'est pas permis partout. Ça aussi, c'est un apprentissage.

Donc, je ne m'offusque plus de sacrer ou non devant mes enfants. Tout est question de dosage et de gros bon sens. Et surtout, je ne fais pas l'autruche... Ils vont en dire aussi... comme moi! Et ce n'est pas une raison pour en faire tout un plat.

Puisqu'on en jase, quel est votre «sacre» préféré? 


5 commentaires:

Anonyme a dit…

Câlisse !

Anonyme a dit…

ostie, pour l'exaspération, et tabarnak, pour la douleur physique.

Grand-Langue a dit…

Les jurons sont utilisés dans toutes les langues et toutes les cultures. Les mots employés varient mais ils ont essentiellement la même utilité.

Inutile de montrer aux enfants comment sacrer, la maison n'est le seul lieu d'apprentissage, ils l'apprendront partout ailleurs!

J'aime inventer des jurons, pour le plaisir de la chose. Cela fait rire et les enfants retenaient les plus originaux, pas pour les répéter, pour se moquer sauf que parfois il leur fallait fouiller dans le dico pour les comprendre.

Grand-Langue

Anonyme a dit…

TABARNAK

D'ailleurs, ma toute petite a dit caliss bien avant de pouvoir dire s'il vous plait. Est-ce un problème? Nah!
Maintenant, faut juste lui apprendre à pas sacrer à l'école. De quoi j'aurais l'air? ;)

Anonyme a dit…

Bravo....