lundi 25 juin 2012

S'ennuyer?

Une semaine sur deux, je m'ennuie.
Eux, non. Ou pas tellement.

Comme moi, ils n'aiment pas trop les départs. Les journées où ils partent chez leur papa, je les sens plus émotifs, plus susceptibles, plus fébriles. Je suis pareille. On ne s'habitue pas. Parfois, ça s'atténue un peu (après une dure semaine, des fois, on a tous envie de changer un peu d'air!), mais habituellement c'est toujours ainsi.

Puis, ensuite ils partent. Vivre leur vie. Et moi, je continue la mienne. J'ai souvent eu peur qu'ils s'ennuient. Mais non, ils sont ok. Et ça me conforte. Quand je les appelle, ils n'ont pas beaucoup de temps pour me parler. Une émission de télé, un jeu, leur souper ou un ami les attend. Ils ont peu de mots. Pas de grands jaseurs au téléphone autant avec moi qu'avec leur père. Si on ne les appelait pas dans la semaine chez l'autre, ils ne nous appelleraient pas, je crois. La transition, ils n'aiment pas. Mais une fois rendu, ils sont ok. Je sais que je dois m'en réjouir. Je le fais. Mais bien égoïstement, des fois, j'aimerais qu'ils appellent, qu'ils aient plus envie de me parler, etc. Je me raisonne immédiatement (pas d'inquiétude, je ne me lamente pas à eux ainsi!) et me dis que si c'était le contraire, je serais bien plus malheureuse. Là, je sais que mes enfants sont bien partout. Surtout, ils ne sont pas malheureux. Ohh non! Je ne leur dis pas que «Je me suis ennuyée de vous!». Je dis plutôt que «J'ai pensé à vous» ou que «Je suis contente de vous revoir!». Ils savent que je pense à eux tout en continuant à faire des trucs, à vivre ma vie. Je pense que pour eux aussi, c'est réconfortant. Ça ne m'empêche pas de profiter de ma semaine sans eux. Je ne vis pas dans l'attente du retour. je ne mets pas ma vie sur pause. Mais en m'autorisant à le dire (à moi et autour de moi), je vis mieux. Je ne fais pas semblant.

Peut-être qu'on s'ennuie chacun de notre côté, sans vouloir le montrer pour ne pas faire de peine à l'autre. Je ne sais pas. On se protège peut-être les trois à la fois. C'est ça aussi, l'amour, je pense.

Cette semaine, je suis partie dans un chalet seule avec mon amoureux. Mes enfants sont bien. Je le suis aussi. Et entre tout ça, je m'ennuie un peu. Ok: beaucoup. C'est ça aussi être (Z)imparfaite. J'imagine que le jour où ça ne te dérange plus du tout, c'est que quelque chose est brisé. Alors oui, je le dis, mais juste à vous: je m'ennuie.

8 commentaires:

Pépine a dit…

C'est un beau texte. Vraiment. "On se protège peut-être les trois à la fois. C'est ça aussi, l'amour, je pense."

Pépine xxx

Anne-Marie a dit…

Quand je vois trainer un jouet avec lequel ils jouent tout le temps, je vois leur petit visage souriant et j'ai comme un pincement au coeur...

Cette période de "liberté" est à la fois belle et triste pour moi. Je prends du temps pour moi, mon travail, pour me reposer, voir des amis, j'ai une vraie vie de célibataire. Mais parfois, dans ma maison silencieuse et propre, je sens le vide causé par leur absence, ça fait drôle et je me dis "étrange époque que celle ou les parents se séparent si souvent"... Oui, je me sens mieux intimement de ne plus vivre avec leur père, mais des fois je me demande si on n'aurait pas pu faire les choses autrement...

En tout cas, il tombe bien, votre billet...

Lilicia a dit…

Merci pour ce billet...Quand ma puce part chez son papa, je tourne en rond pendant un moment. Même après 6 ans, je ne m'habitue pas. Ça fait du bien de voir que je ne suis pas la seule avec ce sentiment de solitude. J'avoue parfois pousser un soupir de soulagement quand son papa prend la relève. Je suis père et mère durant 10 jours en ligne.
Ayant maintenant un autre enfant avec un père différent, c'est au tour de la petite soeur d'avoir le coeur gros au moment du départ.

Je partage avec vous la phrase déculpabilisante et rassurante de mon père: Il y a d'autres personnes que toi qui peuvent contribuer à son bonheur...plus d'amour!

Ceci dit, on peut quand même avoir un pincement au coeur...entre nous;)

Sindy a dit…

Merci pour texte à la fois simple et très vrai.
Je suis touchée.
Sindy

Étoile a dit…

Je trouve ce texte très touchant. Mon fils avait dix ans lorsque son père et moi nous sommes divorcés. Ça fait plus de 25 ans maintenant et il a vu son père que quelques rares fois.Croyez moi chères mamans,qu'un enfant qui ne voit presque jamais son père est très difficle à accepter. Quand on a plus d'adresse pour envoyer une carte de bonne fête,où de Noël,etc...¨ca marque un enfant pour la vie.Devenu un adulte,si il a un petit coup de téléphonne de son père il dit ne pas savoir quoi lui dire ,c'est devenu un étranger pour lui.Mon Dieu que j'ai essayé que cette relation se fasse entre eux. J'Étais impuissante.Je comprends l'ennui de vos enfants lorsqu'ils partent chez leur papa mais soyez heureuse de la relation qui continue malgré tout.Mon père est proche de mon fils mais ne remplacera jamais un vrai papa.Quand j'entends des papas se battrent pour avoir un droit de visite ça me touche profondément.Bien sur il y a des cas où c,est mieux que les enfants soient loin d'eux. Je ne peux refaire le passé j'ai fais de mon mieux.Mon fils est un beau grand gars avec des belles valeurs et je suis très fière de lui. Très bon billet et merci.

ganesh46 a dit…

chaque été depuis quatre ans les enfants partaient avec mon mari 6 semaines complètes et je les rejoignait vers le 10 aout dans notre maison de campagne. Moi en Belgique et eux dans le Sud de la France. La première semaine tout était vide le soir au retour du boulot, trop silencieux, je faisait le ménage à fond dans la maison, le tri des jouets (ils ne se rappelleront pas à la rentré!)...puis on enchaînait les petites sorties avec les collègues de boulot, ciné, resto, c'était cool!
vers la dernière semaine il était temps que je les rejoignent quand même!
quant à eux : mon fils, impassible mais ma fille plus grande de 5 ans assez triste la première année...
ils s'éclataient qd même bie n avec leurs cousines, leur Mamie etc...
là c'est bel et bien fini, j'ai quitté mon boulot!

Caro a dit…

Merci pour ce beau texte. Ça fait quelques mois maintenant que je suis séparée du père de mon coco. Pour nous deux, c'était la bonne décision, nous allons déjà mieux. Mais, c'est pas facile de laisser aller mon petit bonhomme. Je suis vraiment heureuse pour lui que son papa souhaite être présent dans sa vie, mais mon côté égoïste voudrait le garder, chaque fois que je le laisse quelques jours. Et avec ce billet, et vos commentaires ainsi que ceux de mes amis séparés je le sais que je ne m'habituerai pas, mais merci d'être franches, je vais apprendre à apprivoiser la solitude.

Marie-Ève a dit…

Très beau texte, ça me touche beaucoup. (Même si je travaille avec toi sur VUR on se parle pas vraiment directement, même si notre garçon a le même âge...) Je ne savais pas que tu étais séparée. Comme je dirais dans ma vie en anglais, (((Hugs))).