lundi 16 avril 2012

Je suis ambitieuse. Et vous?

En lisant l'édito de Mélanie Thivierge dans le dernier Châtelaine et aussi parce que j'ai écrit une capsule informative sur le sujet dans le Coup de Pouce de septembre dernier, je me suis requestionnée sur le sujet.

Oui, je pense que j'ai de l'ambition. En général. Et des ambitions, j'en ai pas juste une, mille. Celle d'être heureuse, de réussir, d'être indépendante, d'avoir des enfants, d'avoir une carrière, de réaliser mes rêves, etc. (Si on veut parler de réussite, qui touche aussi l'ambition, lisez aussi le texte de Mylen Vigneault sur Yoopa qui nous a écrit "Mes enfants ne sont pas ma réussite." Ça tombe bien, je pense comme elle et cette phrase je l'ai dit souvent... et toujours sans me faire comprendre par les autres.)

Depuis longtemps et même encore aujourd'hui, une femme ambitieuse se fait regarder un peu étrangement. C'est surtout parce que "l'équation boiteuse «avoir de l'ambition = mauvaise mère» est forte dans l'imaginaire collectif". On garde aussi en tête que l'ambition, c'est négatif et agressif. On veut réussir et on est prêt à tout. Mais ce n'est pas cela du tout!

En 1989, lors de la tuerie de la Polytechnique, j'avais 12 ans et je venais de me rendre compte qu'être une fille pouvait déranger. Déranger à un tel point qu'on veuille les éliminer. Ça a été un choc pour moi. J'avais 12 ans, des amis gars, des amis filles. Je réussissais à l'école. J'aimais l'école. Je me voyais à l'université comme elles. Pourquoi ça aurait dû énerver les gars? Je ne comprenais pas. En fait, rétrospectivement, je sais que l'ambition de ces filles dérangeait. 23 ans plus tard, l'ambition féminine dérange encore.

Pourtant, l'ambition n'est pas négative: elle donne du sens à notre vie. C'est un peu grâce à elle qu'on mesure notre équilibre entre qui on est, ce qu'on fait et ce qu'on voudrait être. Elle nous aide à donner une direction à notre vie. Elle devient problématique quand elle sert à épater la galerie, je pense, car elle ne nous est plus utile à nous... Et puis je suis fière de mon ambition car elle va aider mes enfants. Ils auront eu une maman qui n'a pas eu peur de faire plein de choses et qui a réalisé ses rêves. Une maman fatiguée par bout, qui se court des fois, mais une maman qui leur a aussi montré que tout était possible! Qu'on peut réussir! Qu'il est permis de rêver et d'essayer. Se tromper. Changer. Mais qui est ce qu'elle est en se foutant un peu des conventions et des "qu'en dira-t-on?". J'espère qu'ils feront pareils et qu'ils fonceront.

Ah pis tiens, un peu de mémerages que j'entends à mon sujet...

"Quand tu pars dans les salons du livre, tu fais quoi de tes enfants?": cette phrase, je l'ai entendu des dizaines de fois. Ils ont un papa qui s'en occupent. Je me demande si mes collègues auteurs masculins se font demander cette question. Ont-ils peur que j'aie "oublié" mes enfants?

- "Tu dois t'ennuyer?" Je pense à eux, oui. Je m'ennuie aussi, mais j'ai plein de choses à faire. Je ne me morfonds pas.

- (quand mon Zamoureux et moi les amenons avec nous dans un salon): "Tu les amènes avec toi? C'est du sport?" J'ai choisi d'avoir des enfants dans la vie, c'est pas une "charge" de les avoir avec moi. C'est plus d'organisation, mais c'est loin d'être un fardeau!

Ça me rend aussi mal à l'aise qu'à "boutte" ces commentaires. Mais je me dis aussi que lorsque quelqu'un se sent obligé de me questionner ainsi, , est-ce parce que secrètement cette personne aurait voulu faire la même chose, mais n'a jamais osé? Parce que comme on dit "il faut avoir le courage de ses ambitions". Pas juste les dire, mais les faire. C'est comme tout ceux qui disent "Tu es chanceuse...". Ça n'a tellement rien à voir avec de la chance. (Là, c'est Marie-Julie Gagnon qui parlait de la fameuse "chance". Encore une fois, ses mots sont les miens.)

Mais bon tout ce discours me fait voir qu'être une femme qui mène plein de trucs de front, souvent avec brio, se fasse encore souvent regarder de travers. En 2012. Mais vous savez quoi? Tant pis! Si être ambitieuse, c'est être (Z)imparfaite... moi ça me va tellement! Car je ne voudrais pas être autrement.

13 commentaires:

Isabelle a dit…

Merci, car en ce lundi matin, tes mots me donnent un peu de ta force, ton audace et de ton courage pour vivre et accepter toutes mes petites ambitions, et ce, en élevant une petite famille de trois enfants! :)

Juillet a dit…

Comme je suis d'accord avec tes propos ce matin! Et lorsque je lis et entends les (nombreux) commentaires (imbéciles) sur les "méchantes mères" qui "abandonnent" leurs enfants pour les "placer" en garderie (c'est drôle, les méchants pères, eux, on en entend jamais parler!),j'ai aussi cette réflexion sur le fait que nous sommes en 2012. Le fait de pouvoir nous réaliser nous amène, je crois, à devenir pour nos enfants des sources d'inspiration (et c'est vrai autant pour les mères que pour les pères).

KArine a dit…

D'accord avec Juillet... Par contre, on est mieux d'oublier le jour où un père se fera critiquer pour faire plein d'affaires SANS ses enfants... ça arrivera pas... ;-) Je pense que les critiques viennent effectivement de gens qui jalousent... qui eux, voient peut-être leurs enfants comme un obstable à leurs ambitions... comme je l'ai été au début de la vie de mon tit-homme... mais j'ai réalisé que non, il n'est pas un obstacle et que même s'il est avec moi, je peux en faire PLEIN d'affaires... il n'a que 3 ans et demi et quand il me dit : 'chui fier de toi maman, tu fais bien ça' ça me fait un méga velour :-) Les jugements, il y en a de toutes parts, de notre famille, de nos amis, d'étrangers qui ne font pas les choses EXACTEMENT comme nous... je commence (parce que j'ai encore des rechutes) à m'en foutre un peu!!! :-)

Anonyme a dit…

Quel beau texte! Je me reconnais tellement dans ce que tu dis!

Je suis une méchante mère qui travaille et qui abandonne mon enfant au méchant CPE et je n'en ai pas honte! Malgré que j'ai choisi de travailler seulement 30h semaine, j'occupe quand même un emploi exigeant. Je suis fière de mon travail et je suis convaincue que ma fille en sera fière elle aussi. Elle sera fière un jour des accomplissements de sa mère en tant que personne et non en tant que maman.

Oui donc à l'ambition saine qui permet à une mère de s'épanouir. Et non aux commentaires désobligeants provenant trop souvent de mères à la maison blasées qui se cherchent un faire-valoir.

Unknown a dit…

Voilà!!!! Tannée du monde ''né(e) pour un petit pain!!!! Pu CAPABLE!!!

Ton billet fait du bien comme tu peux pas imaginer!

On est au Québec (hummm Ontario pour moi mais bon... pour le moment ;-)) et on a tout devant nous, tout est possible et on a le droit de rêver. Faire de ses rêves une réalité, il n'y a rien de mieux dans la vie. C'est ÇA la vraie vie du bonheur.Quelle meilleure leçcon peut-on espèrer léguer à nos enfants!? La liberté de nos ambitions... J'aime, j'aime, j'aime!!!

En 2012, en tant que femmes c'est toujours difficile, mais s'il y a une chose dont je suis fière c'est qu'il y a de plus en plus (Z)imparfaites qui se lèvent et clament haut et fort qu'il n'y a rien d'impossible.

Pasko a dit…

J'ai une formation scientifique universitaire. J'ai travaillé en labo de recherche et ensuite en pharmacie. Je ne suis pas gênée de dire que je n'ai pas ça en moi, l'ambition professionnelle. JE suis en pause professionnelle momentanément (depuis 5 ans) pour élever mes enfants à la maison, par choix. Souvent i'ai hâte de retourner travailler. Parfois on a du mal à se contenter de vivre selon nos moyens actuels mon homme et moi, mais je regrette pas ma pause et je la regretterai jamais. J'aurais pu m'acheter une pharmacie, faire un doctorat pour continuer la recherche, faire un autre bacc pour enseigner... si j'avais pas arrêté. Je ne suis pas née pour un petit pain, j'ai juste choisi un pain moins dispendieux lol!!!

Juillet a dit…

Je tiens à ajouter que, à mon avis, mère à la maison vs mère qui travaille, cela n'a rien à voir avec l'ambition et l'actualisation de son potentiel. Je connais des femmes au foyer qui publient des romans ou sont photographes. J'ai aussi des collègues de travail qui n'ont pour seuls sujets de conversation leur souper du soir, leur abri tempo ou les brassées de linge sale de leur chum incapable de lever le petit doigt dans la maison. La petite flamme intérieure ne vient pas du simple fait "d'avoir un job". Une chance ;-)

Anonyme a dit…

J'aimerais répondre à Anonyme sur le fait qu'elle dit que les mères à la maison sont blasées et se chercher un faire valoir. C'est du jugement très méchant je trouve. Le mot ambitieu a pris une drôle de tournure dans les années 2000. Il y a différent type d'ambition. Pour certain, c'est de devenir une vedette à la télé, pour d'autre c de gagner plus de 100 000$ par année, et pour certains, simplement le fait d'avoir décider de consacrer quelques années à leur famille, c'est pour eux de l'ambition. Ne juge pas trop vite des besoins de chacun. On croit tous maintenant que l'ambition chez la femme est nécessairement de performer au boulot tout en conciliant travail-famille. C'est faux, chacun vie sa vie en fonction de ce qu'il a besoin et c,est vraiment dommage que des commentaires aussi méchants soient dit simplement parce qu'il n'ont pas la même démarche de vie.

Anonyme a dit…

Le texte me touche ce matin, mais parce que je vis la situation inverse! Nous avons décidé que je resterais à la maison avec les enfants jusqu'à ce qu'ils soient à l'école. Je suis inscrite à la maîtrise en enseignement du français au secondaire, je la fais par correspondance, à temps partiel et cette situation me rend heureuse.

On dirait que les gens, les femmes, ont de la difficulté à concevoir qu'un choix qui n'est pas le leur puisse être aussi bon. Lorsqu'une autre femme fait un choix différent, on la juge. Les apports du féminisme ne nous ont-ils pas apporté le libre choix? Alors pourquoi devoir toujours justifier ce choix. Un enfant va être heureux si sa maman est heureuse, s'il voit sa maman bien dans sa peau et à l'aise avec ses décisions. Vous recevez des commentaires parce que vous envoyez vos enfants dans les méchants CPE, j'en reçois parce que je prive les miens de l'apport du, tout d'un coup, merveilleux CPE...

Soyons donc de meilleures personnes et arrêtons de juger les autres lorsqu'elles font des choix différents des nôtres... Je me réalise pleinement en ce moment en tant que maman à la maison. Ma voisine, elle, aime son travail. Cela ne fait pas d'elle une personne qui n'aime pas ses enfants et cela ne fait pas de moi une personne qui manque d'ambition...

Stéphanie

Anonyme a dit…

De mon côté, le plus difficile, c'est d'avoir de l'ambition, mais de ne pas me sentir appuyée par l'entourage. J'habite dans un milieu très traditionnel et c'est difficile pour mes proches de me voir travailler à l'extérieur de la maison. Mon conjoint est très compréhensif et il sait que je ne suis pas faite pour rester à la maison. Mais, il a été élevé avec la pensée traditionnelle du père pourvoyeur. Donc, il a des fois des messages contradictoires : épanouie-toi dans un emploi qui te plaît, ait de l'ambition... Mais de son côté, pas de danger qu'il face des compromis pour aller porter papout à la garderie ou de faire du ménage à la maison pour réduire ma tâche! J'ai parfois l'impression que d'avoir de l'ambition pour une femme, ça rime nécessairement avec être une super woman! Bref, j'envie un peu les mères qui réussissent à s'épanoir dans toutes les sphères (mère, amoureuse, travailleuse) en me disant qu'elles doivent sûrement avoir de l'aide de leur entourage (beaux parents présents, conjoint conciliant,...)...

Anonyme a dit…

Oups, je me rends compte qu'il me manque un bout à mon commentaire, puisque ça été un peu mal interprété...

Né pour un petit pain pour moi c'est ce contenter d'une vie hardinaire (haha ordinaire... mais ça devient hard inaire à la longue).

Super maman à la maison avec des projets plein la tête pour élever des merveilleux bambins, sans travail mais à voyager autour du monde pendant un temps, bénévoles accomplies, femme de carrière... On s'en fou! À chacun ses ambitions et ses rêves mais je pense qu'avoir de l'ambition c'est de décider de VIVRE au maximum, sortir des sentiers battus et de faire de ce que l'on fait ce qu'il y a de mieux. Peut importe c'est quoi! C'est décidé qu'on est pas obligé de se contenter de l'ordinaire quand tous les possibilités s'offrent à nous... et là encore je parle pas de perfection... Je parle d'ambition, de rêve, de passion, d'amour, de ''triper'' sa vie, de vivre intensément et pas à moitié... Parce qu'on juste une vie et elle est beaucoup trop courte pour ce contenter de la vivre ordinairement... médiocrement!

Nancy Bordeleau a dit…

C'est drôle ce soir on a justement eu cette discussion moi et une certaine amie après une séance d'aérobie! HO MON Dieu ça y est j'ai laissé l'homme couché les enfants pour aller raffermir mon fessier, ce que je suis mère indigne ! Blague à part, je suis d'accord avec toi,je crois juste que peu importe le choix que tu fais, tu dois l'assumer. Si tu choisis d'être à la maison, tu auras droit au même dérision et même question mais du type, écoutes tu Les feux de l'amour en mangeant des crottes au fromage tout les après-midi ou encore, wow tu dois t'emmerder, ou même tu n'as pas peur d'être étouffante pour tes enfants? Tse dans le fond, les autres on s'en tape! On doit faire d'abord et avant tout ce que l'on veut et ce que l'on aime! Avoir de grandes ou de petites ambitions ça importent peu, tant qu'on est heureux!Un jour ma mère m'avait dit lors de mon premier acouchement en parlant de l'allaitement, un biberon heureux vaut mieux qui sein malheureux. Et bien cette merveilleuse phrase on pourrait la réécrire comme suit : Une mère heureuse vaut mieux qu'une mère malheureuse et ce peu importe le choix qu'elle fera! Ambitieuse ou pas !

Nadine a dit…

Il y a PLEIN d'ambition. Je ne peux pas parler de ce que je ne connais pas. Et je ne dis pas que les mères à la maison ne sont pas ambitieuses.
On la choisit notre ambition. Ensuite, on fonce et on est fière, non?
Il n'y avait pas de guerre de clochers! Comme a dit Anonyme «À chacun ses ambitions et ses rêves mais je pense qu'avoir de l'ambition c'est de décider de VIVRE au maximum, sortir des sentiers battus et de faire de ce que l'on fait ce qu'il y a de mieux.».