mercredi 4 février 2009

Le « syndrome » de la maternité tardive

Il y a plusieurs années, une collègue et moi avions développé un programme d’intervention précoce parents-poupons. Notre objectif premier était de rejoindre les jeunes mamans, souvent isolées et peu outillées dans leur nouveau rôle de parent. Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir devant nous, lors de notre première couvée du programme, une majorité de participantes âgée de plus de 35 ans, pourtant bien outillées et entourées – elles avaient tout lu, s’étaient préparées depuis le jour du test de grossesse à l’arrivée de ce poupon dans leur vie – mais finalement totalement paniquées par la maternité. Leur bébé ne se retourne pas du dos au ventre à 4 mois? Elles sont prêtes à consulter un ergothérapeute pour le stimuler. À dix mois, il ne fait que du babillage? Elles ont déjà pris rendez-vous avez une orthophoniste. Et elles sont en démarche pour une évaluation du développement de la motricité globale parce que leur bébé n'a toujours pas fait ses premiers pas à un an. En six semaines avec elles, nous avions l'incroyable défi, non pas de les aider à stimuler leur enfant, mais plutôt à les accompagner pour qu'elles se mettent au diapason de leur tout-petit.

Non, ce ne sont pas toutes les mamans plus âgées qui vivent ce « syndrome » de la maternité tardive comme je l'ai affectueusement baptisé, et oui, on peut bien sûr retrouver ce phénomène chez des mamans plus jeunes. Il reste que c’est tout de même dans ce groupe d’âge, les 35 ans et plus, qu’on retrouve le plus de parents totalement hystériques face au développement et aux performances de leurs enfants. Et je suis certaine que ce sont en majorité les enfants de ces parents qui remplissent ces « fabriques des surdoués » malheureusement de plus en plus en demande dans les milieux de garde. La proportion des nouvelles mamans de plus de 35 ans est de plus en plus élevée, leur nombre ayant triplé entre 1987 et 2005. C'est donc dire qu'on en croise de plus en plus dans notre quotidien. Et j'avoue que l'impact chez les enfants concernés me fait peur...

Heureusement, malgré l’arrivée de la maternité tardivement dans ma vie (je suis devenue maman pour la première fois à 35 ans, j'ai eu le deuxième à 37), je n’ai pas été atteinte de ce syndrome et j’en suis bien soulagée. Pour mes enfants surtout. Oui, j’ai vécu de l’insécurité les premières semaines, les premiers mois, surtout à ma première, mais tout de même, j’ai toujours eu à cœur de les laisser se développer à leur propre rythme. Et surtout de ne pas vouloir en faire de petites machines plus performantes que celle du voisin…

Aux yeux de ces mamans de ma "tranche d'âge", je dois passer pour une mère dénaturée et totalement insouciante du développement optimal de ses enfants. Mais je m'en fous! Parce je trouve cela drôlement plus enrichissant de ralentir le rythme pour me mettre au niveau de mes enfants plutôt que d'accélérer le leur pour les faire grandir trop vite. Et je pense sincèrement que bien des parents auraient avantage en faire autant, tant pour leur propre équilibre mental que celui de leur progéniture!


(Z) Imparfaite invitée : So

6 commentaires:

Anne-Marie Dupras a dit…

Assez percutants tout ça! Je suis d'accord quant au fait qu'il y a de plus en plus de mère qui s'en font ma foi beaucoup trop! Il arrive que certaines personnes disent que j'ai eu mon fils jeune, alors que j'avais tout de même 24 ans, me regardant comme si j'avais été une fille-mère complètement désarçonnée. Moi je ne trouve pas que c'est jeune, je ne regrette rien et je suis bien contente de l'avoir eu à cet âge en fait. J'étais juste assez mature pour bien en prendre soin, et juste assez insouciante pour entendre certains conseils et me dire "Wow, faut pas virer fou!". Chaque fois que l'envie me prend d'avoir d'autre enfants, je regarde autour de moi et je me dis que ça semble de plus en plus compliqué d'être une maman, et clairement, plus on vieillit, plus on s'en fait. Donc je laisse faire et j'me dis que je ferai une super grand-mère à la place :)

gen a dit…

Je suis allée voir l' article...ça pas de bon sens. Aussi petit et avoir autant de pression!

Anonyme a dit…

Encore une fois : Bravo !
Pourquoi paniquer sans arrêt ? Je conseille aux jeunes et moins jeunes mamans de regarted les documentaires sur les animaux où on voir des mères qui élèvent leurs petits d'une façon très décontractée !
Il n'y a que dix génies par siècle dans le monde et ce ne sera pas un de vos rejetons, hélas !

Unknown a dit…

J'ai 33 ans et je ne pense pas être des ces femmes non plus. Vivre et laissez vivre. DE toutes façons, il y a assez de l'école pour les pousser dans le dos :)

Faut pas stresser de la vie :)

Anonyme a dit…

Je ne crois pas que ce genre d'attitude ne se retrouve que chez les mères plus âgées...je pense plutôt qu'il s'agit du syndrome de la super femme qui se transforme en super maman une fois le bébé arrivé...On vit dans une société axée sur la performance et losqu'on tombe à pieds joints là-dedans et bien tout y passe le rôle de parent aussi...On connaît tous des femmes qui après deux semaines suite à l'accouchement reprennent l'entraînement, les 5 à 7 entre filles (parce qu'il faut bien entretenir son réseau d'amis) et qui n'oublie surtout pas de s'occuper de son homme !!! Un couple ça se travaille après tout! Bref des femmes qui veulent performer en tout...seulement voilà quand on devient maman, notre priorité, du moins pour les premiers mois, ça doit être notre bébé et quand on ne choisit pas cette option et bien c'est notre enfant qui devient victime de notre société de performance...triste et malheureux ! Il faut savoir faire des choix pour et en fonction de notre enfant... Et cela ne veut pas dire s'oublier totalement, rassurez-vous !

Anonyme a dit…

je poursuis mon commentaire en ajoutant que ce syndrome de la femme parfaite se transmet parfois chez les enfants pour ces femmes-là...donc vite on le sort et on le fait garder (il faut bien qu'il développe ses habiletés sociales), on l'inscrit à la piscine, plus tard ce sont les cours de judo, yoga, tennis et à l'école toutes les activités parascolaires y passent...l'enfant se retrouve avec un horaire aussi chargé qu'un président de compagnie...ouf! on se demande après pourquoi les troubles de comportements sont à la hausse !!