jeudi 28 mai 2015

Lassitude de fin d'année

Il faut beau (enfin!). Il fait chaud (enfin!). Et on croule sous les devoirs, les projets et les devoirs (encore!).

Cette période de l'année est la plus terrible, tant pour les enfants que pour les parents. Bien franchement, rendu à cette période de l'année, on est encore moins motivés qu'eux. On a beau jouer le jeu et leur dire de donner "un dernier p'tit coup", que c'est "le sprint final" et que "ce sera bientôt les vacances et qu'ils auront tout leur temps pour rien faire", pas facile de garder son entrain (et on n'a personne pour nous le faire croire, nous!). On veut bien les encourager mais on est encore plus à plat qu'eux. De mon côté, ce n'est pas de la fatigue ou de l'épuisement (après tout, je reviens de vacances!) mais bien une lassitude de la routine scolaire. Après 9 mois, j'en ai ma claque de toutes ces soirées qu'on perd (encore) en famille.

Difficile d'être aussi productif quand tout nous appelle à faire autre chose qu'étudier et faire des devoirs le soir... Je bénis les jours de pluie qui nous remotivent (un peu) à moins procrastiner.

La fin de l'année scolaire -et ça me semble pire en 6e année avec les examens du ministère, le bal des finissants et tout le tintouin- est une intense période de rush familial. On est sollicité de tous bords tous côtés pour les spectacles et activités spéciales de fin d'année. On n'a plus d'idées pour les lunchs. Les enfants se couchent trop tard (ce qui fait qu'on se retrouve à se coucher trop tard nous aussi...). On a la tête ailleurs pendant la journée au bureau (dehors!), on a envie de prendre ça relax le soir (on file 5 à 7 chaque jour de la semaine!) mais on a 1000 choses à faire. Une belle période pour être à boutte.

Plus que 25 jours avant la pause estivale... qui va nous recrinquer pour la rentrée!


lundi 25 mai 2015

Mon enfant, tu n'es pas spécial (et c'est parfait ainsi!)

La semaine passée, PresqueAdo est catastrophée, la veille du retour de l'école après un congé qu'on a étiré pour aller en pré-vacances:

«Je n'ai pas pu étudier comme il faut. J'avais demandé à une amie de me photographier ses notes pour que je les recopie, mais la photo est brouille, je ne vois rien et je n'arrive plus à la rejoindre pour qu'elle prenne d'autres photos. Qu'est-ce que je fais? Je vais avoir 0 dans l'examen.»

Bon, 0: on voit que la panique était grande. Qu'est-ce que je pouvais bien faire? J'aurais pu écrire un mot à son professeur, excuser PresqueAdo, je ne sais pas trop. Mais je ne l'ai pas fait. J'ai rassuré PresqueAdo en lui disant qu'elle avait bien préparé son plan d'action, mais qu'il n'a tout simplement pas fonctionné. Ça arrive. Maintenant? Elle doit trouver une solution et/ou vivre avec les conséquences. Il n'y aura pas de miracles à faire. Et on ne virera pas fou non plus. C'était un mini-examen qui ne comptait que pour un infime pourcentage dans la note finale. Se planter, ça arrive. Et c'est même formateur. Je lui ai conseillée d'aller voir son prof pour lui expliquer ce qui s'est passé et négocier, si possible, une entente avec elle. PresqueAdo a insisté pour que j'écrive un mot dans son agenda. Ce que j'ai écrit ne lui a pas plu: «PresqueAdo voudrait discuter avec vous d'une situation en lien avec l'examen à faire aujourd'hui.». Le message était plutôt: «Débrouille-toi, ma belle!». Finalement, elle a parlé à son professeur (je ne sais même pas si elle lui a montré mon mot!) et elle a suggéré d'étudier pendant une période normalement accordée au plan de travail et faire son examen après. Voilà que PresqueAdo avait réglé un problème d'elle-même.

Ça m'a fait penser au livre You Are NOT Special écrit par David McCullough Jr, un professeur américain. Ce livre est né du discours qu'il a prononcé devant ses élèves du high school lors de leur remise des diplômes en 2012 (vous pouvez l'écouter ici) dans lequel il les encourage à oser vivre des expériences par eux-mêmes, de suivre leurs intérêts sans rechercher la récompense matérielle, la reconnaissance des pairs, une note sur le haut d'une feuille ou une médaille, non juste pour le feeling que ça procure de faire quelque chose par réelle passion.

Son livre est un plaidoyer anti-performance qui fait du bien. Selon lui, les jeunes sont tellement dirigés, organisés, encadrés et contrôlés, avec un agenda complètement malades et des parents trop impliqués qui les poussent vers leurs propres rêves déchus, qu'ils possèdent, en vérité, bien peu de réelles expériences de vie liées à ce qu'ils aiment vraiment. Ils n'ont aussi que très peu d'expériences d'échecs, leurs parents étant toujours là pour intervenir à leur place en trouvant les solutions à appliquer tout en, bien sûr, les couvant, les excusant et les plaignant au besoin. Exit l'apprentissage formateur de l'échec; on les empêche de les vivre. On le voit bien: tout le monde est bon! Tout le monde est un champion!

Avons-nous tout faux à vouloir pousser nos enfants à devenir des êtres d'exception? Selon ce professeur ayant 26 ans d'expérience dans le monde scolaire et lui-même père de deux ados, oui. Il croit que cette pression à exceller, à performer, à se démarquer, à sortir du lot, à être exceptionnel ou «spécial» empêche les jeunes de prendre des chances, des risques, d'oser, d'agir par lui-même, etc. Il faudrait enlever de leur tête que chaque étape est ultra cruciale et que chaque apprentissage doit être spectaculaire pour laisser un peu de liberté aux jeunes... la liberté de suivre ses rêves, de faire quelque chose qui le fasse vibrer, de faire des choses petites, mais qui l'aident à se trouver, à se connaître, à s'aimer. C'est ainsi que les enfants prennent confiance en eux. Pas autrement. Dans son livre, il dit une phrase qui résonne beaucoup chez moi: «Climb the mountain not to plant your flag, but to embrace the challenge, enjoy the air and behold the view. Climb it so you can see the world, not so the world can see you.». En la lisant, je me suis dit que c'est la citation que je mettrai dans la carte que je vais offrir à PresqueAdo pour la fin de son primaire. Parce que je lui souhaite exactement cet horizon pour plonger au secondaire. Rien d'autre.

Dire à un enfant : «Tu n'es pas spécial!», c'est lui enlever une énorme couche de pression. C'est lui dire aussi (entre les lignes) «Tu n'as pas à être spécial pour vivre une vie formidable ou pour que je t'aime.» Et ça, ça donne des ailes.
 

vendredi 22 mai 2015

Et voilà le Terrible Twelve!

Ça m'a frappé en plein fouet en vacances, cette période bénie où on reconnecte en famille et où on a le loisir de mesurer ce qui a changé ou non avec la dernière fois où on s'est retrouvés tous ensemble aussi longtemps 24 heures sur 24: ça y est, on est en plein Terrible Twelve!

Peu documentée dans les livres de psychologie du pré-ado-de-plus-en-plus-vrai-ado, cette période méconnue est pourtant bien réelle (et aussi intense que les autres terribles périodes!). Mon groupe-témoin de trois spécimen l'a confirmée pendant deux semaines.

À l'instar de son cousin éloigné le Terrible Two, le Terrible Twelve se caractérise par une réaction d'opposition continue mais se différencie par sa manifestation plus passive qu'agressive (pas de crise de bacon mais une lenteur dans le mouvement qui a le même effet pour les parents).

En opposition constante pour prouver son autonomie (oui, comme le Terrible Two!), le Terrible Twelve emprunte également au Terrible Four l'insistante et répétitive question "Pourquoi?", remettant obstinément en question toute indication ou directive parentale. Et quand il obtient une réponse tout à fait convenable à son "Pourquoi?", le Terrible Twelve (et c'est là la grande différence avec les terribles précédents...) s'emploie à la remettre en question en citant les grands principes -pas toujours appropriés mais ô combien nobles!- de justice sociale, de logique, d'équité et même les lois de la physique (tsé, faut pousser fort!)

Mon trio terrible n'a pas manifesté ces symptômes en continu mais ils ont fait surface suffisamment ici et là fois 3 pour que je puisse confirmer sans aucun doute possible l'existence de cette phase terrible qui s'ajoute à toutes les autres au moment où on pensait (enfin!) s'être sortis de l'enfer.


jeudi 21 mai 2015

Avant l'été, on tord l'éponge!


Certains lancent la serviette. Moi, j'ai décidé de tordre l’éponge.

Veut, veut pas, tout ce qu'on voit/lit/entend nous influence et nous interpelle. C'est normal, autrement, notre bulle n'est pas hermétique. Et c'est souhaitable aussi, autrement, on agirait sans jamais pensé aux impacts.

Toutefois, il arrive (trop souvent) qu'on devienne un peu trop impliquée sans devoir l'être véritablement. Sans qu'on s'en rende compte, on se laisse s'imbiber de trucs qui ne nous concernent pas. On les laisse s'infiltrer en nous et prendre (souvent) trop de place. Même si c'est nocif. Même si ça aucun lien avec notre vie. Même si c'est inutile de s'en faire. Même si on n'est pas dans les bons souliers  pour évaluer la situation. Même si ça ne nous touche pas. Même (surtout) si on ne peut rien faire. «Moi, je pense que je ferais ça si ça m'arrivait...», «Si j'étais à sa place, c'est clair que...», «Ayoye! Comment je réagirais si je vivais le même drame que lui...», etc. Les pensées s'enchainent à une vitesse folle. Les scénarios improbables aussi. Les «si« nous plongent dans une vie qui n'est pas la nôtre. On vit par procuration des situations qui ne nous arriveront peut-être jamais.

On peut appeler ça de la compassion, du respect, de l'anticipation formatrice ou de la solidarité. Mais c'est aussi essayer de prendre les problèmes des autres sur nos épaules, jouer à une vie qu'on ne vit pas et s'en faire pour rien d'avances. On devient «pleine» de ces problèmes qui ne sont pas les nôtres, «remplie» des drames qui ne nous touchent pas en vérité (ou si peu), «gonflée» de ces maux qui prennent trop de place dans notre tête (déjà pleine!). Le résultat: on est à cran, submergée, lourde de problèmes qu'on traine, l'esprit un peu trop noir, épuisée et j'en passe.

Si on dit que les enfants sont des éponges, il faut se dire les vraies affaires : les adultes aussi. On se laisse envahir excessivement. On éponge les bouts de vie des autres, leurs malheurs et leurs drames (parce qu'on retient moins les bonheurs) et on se demande comment on agirait à leur place, on les achale avec nos conseils, on se met en mode «action» pour les régler (à leur place, à leur insu... ), on joue aux sauveurs, on assaille notre propre hamster de d'autres soucis, etc. Ça suffit!

Et c'est là que je dis que je tords l'éponge. Oui, je me libère de ce qui ne m'appartient pas. Un gros ménage du printemps (tardif) pour retrouver de l'espace en moi. Je fais le tri entre «Ça m'appartient!» et «Ça ne m'appartient pas!». Ce grand tri ne veut pas dire me contrecrisser des autres, mais c'est refuser de trop me laisser envahir. Je continue d'être touchée par ce qu'ils vivent ou bouleversée par leurs drames, mais sans éponger le tout à leur place. 

C'est fou comme ça libère. Et cette tactique de l'éponge nous rend plus légère, ce qui n'est pas négligeable dans nos vies de fou. Même que j'en ai parlé à mon ado qui avait, souvent, tendance à vouloir régler les trucs des autres, s'en faire pour les autres, etc. Juste tordre l'éponge, ça fait le tri entre ce qui doit rester et ce qui doit partir. Ce n'est justement pas lancer la serviette et tout abandonner, c'est se donner de la place et se libérer pour les trucs qui comptent vraiment.

Collectivement aussi, on aurait besoin d'une session de tordage d'éponge. Parce qu'on ne peut pas pogner les nerfs sur tout, parce qu'on n'a pas à réagir à tout, parce que si on commençait par bien aller, s'occuper de soi et de son cocon, eh bien, ça serait tout aussi aidant.

Et vous, avez-vous besoin de tordre votre éponge?





mardi 19 mai 2015

Le lâcher-prise, ça s'apprend aussi aux enfants

La fin de l'année scolaire approche et, dans le cas de mes enfants, la fin du primaire également. Les examens du ministère de 6e année (ceux qui m'avaient tellement stressée à l'époque) s'en viennent à grands pas. Il ne reste plus qu'une semaine pour s'y préparer mentalement. S'entraîner, faire des tâches complexes jusqu'à tard le soir, réviser ses verbes, sa grammaire et revoir toutes les notions de maths apprises depuis 2 ans.

Ben non! Pensez-vous! On revient de vacances! C'était notre cadeau familial pour avoir traversé ensemble le primaire (avec ses hauts et ses bas, de difficultés d'apprentissage marquées en réussites remarquables) et pour calmer cette pression de performance que je sens contaminer peu à peu mes enfants.

Deux semaines scolaires qui se sont transformées en "vacances-même-pas-éducatives". Deux semaine pendant lesquelles mes enfants studieux et parfois trop stressés ont lâché prise. Ils ont rushé avant de partir pour être à niveau et je n'ai aucune crainte qu'ils vont s'en sortir sans trop d'impact aux examens de fin d'année. Ils auront peut-être 5 points de moins dans leur bulletin (un 85 au lieu d'un 90 ou un 70 au lieu d'un 75) mais la leçon a valu plus que ces quelques points (qui comptent pour quoi, au final?).

Quelle leçon? Celle de changer les règles s'il le faut pour les faire s'accorder aux priorités qu'on s'est définies. Celle de redoubler d'efforts si l'on veut se permettre de prendre de relâcher. Celle de ne pas viser le top à tout prix, mais se permettre de vivre tout en donnant son maximum et être fier du résultat obtenu et, surtout, du chemin parcouru.

On est de retour, la vie scolaire a repris son cours. On est reposés, bronzés, regorgés de vitamines et tous beaucoup plus relaxes qu'avant notre départ pour se lancer dans ce dernier sprint avant les (vraies) vacances, puis affronter le secondaire (où cet exode privilégié deviendra beaucoup trop compliqué), puis après ce sera le cégep et les jobs d'été... Finalement, on a bien fait de se le permettre car les chances que ça se reproduise sont minces. Mais ces 2 semaines resteront pour longtemps gravées dans notre mémoire (pas mal plus que la note finale en maths dans un bulletin de 6e année! Vous vous en rappelez de la vôtre, vous?).



jeudi 14 mai 2015

Arrêter de stresser avec le temps

Toute une mission, n'est-ce pas? Effectivement. Et vous savez quoi? Je ne suis pas bien bien bonne là-dedans! Je suis celle qui demande toujours quelle heure il est, qui vérifie son téléphone aux dix minutes, qui se met toutes sortes d'alarmes pour ne rien oublier, qui cédule souvent assez serré mes soirées, etc. C'est assez rare que je me laisse porter par le temps... sauf aujourd'hui et les six prochains jours.

Je m'en vais décrocher, oublier la pression du temps, oublier de regarder l'heure, oublier de me laisser gérer par le temps, etc. On part en pré-vacances pendant le long weekend qu'on prend plaisir à rallonger de chaque côté. La bonne idée. Et on part... rien faire! Pas d'horaire, pas de planification: on va essayer de jeter au bout de nos bras le temps qui nous stresse pour véritablement en profiter. Manger quand on a faim. Flâner si la météo est plate. Aller se promener les lunettes soleil sur le bout du nez.

Une anecdote me revient quand je pense au temps. En fait, j'y pense souvent. Un jour, je demande à JeuneHomme à quelle heure la cloche sonne pour le dîner, car je devais aller le chercher pour un rendez-vous chez le dentiste. «Je ne sais pas!». Mais il sait lire l'heure, là. «Et les récrés, tu sais quand elles sont?». Même réponse. Pour lui, tout semblait normal et vraiment «pas grave». J'ai donc rangé ma face d'éberluée et je n'ai rien dit malgré le fait que j'étais un peu sous le choc. Et, en même temps, assez jalouse. JeuneHomme ne se stresse pas avec le temps. Il le vit. Il s'en fout, à la limite. Il y a des règles, oui, mais pourquoi s'en faire (on s'entends-tu que c'est Monsieur Lâcher-prise!). J'avoue que j'aimerais ça que le temps n'ait pas une si grande emprise sur moi. J'essaie vraiment de m'en défaire, mais je trouve ça encore difficile. Mais... j'ai un exemple à suivre avec moi! C'est le point positif!

Et j'ai quelques jours de congé pour trouver des façons d'y parvenir.

lundi 11 mai 2015

S'abstenir ou... s'auto-punir?

Bon, c'est la nouvelle tendance: l'abstinence (en termes plus clairs: se retenir de, s'interdire).

Et on a l'abstinence large ces temps-ci! Pour plusieurs ce sera l'alcool (c'est rendu in de dire "Je n'ai pas bu d'alcool depuis 22 jours" (m'est d'avis que si tu les comptes tant que ça les jours c'est que ça ne doit pas te faire plaisir, mais bon...), le pain (tsé, le gluten), la télévision, le fromage, le lait, le chocolat...

On s'abstient pour tout plein de raisons, souvent bien justifiables d'ailleurs, mais on ne s'abstient surtout pas d'en parler. De le mentionner chaque fois que l'occasion se présente (même si parfois, elle ne s'est pas présentée tant que ça...).

Une seule question me vient toujours à l'esprit: pourquoi? Quand l'abstinent ne fait pas dans la discrétion, qu'il (ou elle) parle abondamment de son effort, ça ne doit pas être si assumé que ça comme décision.

Alors, pourquoi?

La vie est si courte, pourquoi s'auto-punir? Pourquoi s'interdire? Pourquoi ne pas juste pratiquer la modération au lieu de l'abstention?

Et surtout, pourquoi avoir tant besoin des encouragements des autres si c'est un choix personnel?

jeudi 7 mai 2015

J'ai besoin d'un tuteur pour ados

J'ai eu beau fouiller l'Internet, passer à travers eBay et Kijiji et mettre une petite annonce, je n'ai pas encore trouvé de tuteur pour mes nouveaux ados.

Ne vous méprenez pas! Je ne cherche pas un aspirant-prof, mais bien un tuteur en bois ou en plastique -oui, le bâton, comme pour les plantes!- pour aider mes grands ados disproportionnés à tenir debout.

Ne mettez pas un comptoir devant eux, ils vont s'y affaisser. Une chaise? Ils y reproduiront les montres molles de Salvador Dali. Un sofa? Un "évacheoir", plutôt!

En grandissant, ils ont gagné du mou dans la colonne vertébrale. Plus moyen de s'asseoir autrement que sur leurs clavicules, de se tenir debout sans s'accoter de tout leur long sur un mur, de s'asseoir dans l'auto sans prendre une position défiant la gravité.

Et avec leurs bras qui allongent à l'infini, je ne vois pas quand tout ça va s'arranger. Nous sommes entrés dans la phase "molle" de l'adolescence. Celle où chacun de leurs membres semblent peser trois tonnes et bouger de façon non coordonnée avec les autres.

Et parfois, j'ai l'impression que leur cerveau est contaminé. Il n'y a plus de verres? Ils boivent dans un bol! Ils font des "expériences" débilitantes: boire une bouteille d'eau sans la tenir (?!), mangez une pizza à l'envers (oups! plus de toppings!) ou s'étirer au maximum pour aller chercher quelque chose à bout de bras (et tomber par terre!) au lieu de se lever de sa chaise pour l'atteindre.

C'est une phase à traverser, il faut croire..!

lundi 4 mai 2015

Avez-vous peur d'être un parent NON-zen?

 
La psychothérapeute française Isabelle Filliozat a écrit de nombreux ouvrages sur la parentalité, les enfants et la vie de famille. Certains ont des titres assez intéressants : «J’ai tout essayé», «Il n’y a pas de parent parfait» (tiens donc!), Fais-toi confiance!, etc. Mais lundi dernier, quand j’ai lu un article dans LaPresse+, j’ai sursauté, recraché mon café et hurlé un gros «Ben voyons donc!» dans la cuisine. 

De passage à Montréal pour le festival Métropolis Bleu, elle a discuté avec une journaliste des façons d’être un parent zen et donner des outils pour y parvenir. 

En quatre points rapides, elle dit rien ne sert de hausser le ton avec les enfants, que les punitions sont inutiles, que donner des ordres est contre-productifs et qu’on peut gérer une crise avec un verre d’eau. Eh ben! Comme a dit une femme sur la page Facebook des (Z), elle vit dans un beau monde de licornes et de pouliches! C’est ce que je crois aussi! (Une autre a dit qu’elle avait vu ce type de parent une seule fois… dans la famille de Caillou!)

Bien sûr, je ne pense pas qu’hurler après nos enfants est LA façon de les éduquer. Mais parfois un puissant AÏE est beaucoup plus saisissant et efficace (oui oui!) que dix minutes d’explications sur le pourquoi du comment qu’il ne faut pas sauter sur les divans (par exemple!). Mais pour ne pas crier, il faut justement les éduquer, ces enfants! Bien qu’une grande partie de l’éducation soit constituée d’explications et d’agissements cohérents, il faut aussi discipliner, mettre des limites et des balises. Non? Sauf que la suite de l’article nous apprend que les punitions sont inutiles. Eh ben! Je crois qu’il n’est pas tout à fait sain de faire croire aux enfants que leurs actes n’ont pas de répercussions sur les autres ou sur eux. Dans la vie, il faut que tu assumes et ce n’est pas à 13 ans qu’il faut leur faire comprendre ça (le comprendrait-il?).

Aussi, on ne doit pas donner des ordres. Re-eh ben! En quoi, c’est brimant de se faire dire quoi faire? Je ne veux pas péter la bulle de personne, mais dans la vie on va en avoir des ordres auxquels obéir : à l’école, en conduisant, au travail, etc. Pour illustrer son propos, elle suggère qu’au lieu de devoir dire à son enfant « Donne-moi la main ! » avant qu’il traverse la rue tout seul, il faut le préparer « dans un souci de tous les instants, à l’importance de cette règle» et de «répéter les règles ; si je joue avec ses peluches, répéter aux peluches qu’il faut traverser en tenant la main. ». Donc, il faut dire la règle, mais pas à l’enfant. C’est bien mieux de la dire à un toutou. L,ordre «tombe» sur un toutou et non sur l’enfant, donc l’estime de ce dernier est intact. Il ne se sent pas trop visé et pas trop bousculé comme pourrait l’être un enfant qu’on élève tout simplement et à qui on dit les vraies affaires.

Franchement, pire que de proposer un modèle culpabilisant aux parents – vraiment qui ne hausse pas le ton et qui ne punit pas…! –,  je trouve que cette pratique essaie de faire croire aux enfants que ce sont eux qui décident, qu’ils ont (et auront toujours) le choix et que les règles, c’est pour les autres (pas eux!). Comme a dit une autre mère sur la page Facebook : «C’est leur mentir! L'autorité fait partie de la vie et c'est aux parents d'enseigner ce fait à leur progéniture. De toute façon, les enfants savent reconnaître une autorité légitime et exercée sans abus (même s'ils rouspètent à l'occasion) et ça les sécurise de savoir qu'il y a un capitaine dans le navire.»

Non, je ne pense pas que cette formule de parents  zen n’est pas souhaitable ni pour les parents ni pour les enfants. Je suis d’accord sur plusieurs points (il faut travailler en amont, prévenir, expliquer – mais pas sans fin - , se calmer le pompon donc moins crier, etc.), mais garder notre enfant dans une bulle où toutes les potentielles frustrations, peines et colères sont évacuées me fait grimper dans les rideaux. Parce que ce n’est pas ça la vraie vie. Si je faisait ça, je sentirais que je mens à mes enfants, que je suis hypocrite de leur faire croire que la vraie vie, c’est ça et que ses profs, ses boss ou ses amis vont agir ainsi avec lui.

Assumer notre autorité ne veut pas dire être abusif ou agressif, c’est être ferme, constant et ne pas avoir peur de perdre l’amour de notre enfant pour un «non», pour un ordre lancé ou une punition appliquée. Je veux bien «améliorer» mes techniques d’éducation, mais je refuse celles où chacun de mes écarts et de mes actions sont perçus comme une atteinte potentielle à mon enfant. Franchement! Oublions-nous comme parents. Plus facile de ne pas assumer ses écarts que d’essayer de ne pas en avoir. Ne jamais exprimer le fond de notre pensée, nos limites et nos moments d’à bouttisme. Nenon… notre enfant pourrait en être brimé et surtout… il pourrait nous en vouloir.

Je ne sais pas si c’est ça le fond de la nouvelle vague de techniques d’éducation : craindre le non-amour de nos enfants. Ou craindre qu’ils nous remettent quelque chose sur le dos plus tard. Pour être sûr, on abolit les distinctions entre qui est le parent et l’enfant. On est tous pareils. Comme ça tout le monde est supposé être zen.

Zen? Pffft! Quand j’y repense. Je ne serai pas zen d’être ainsi. Mes enfants non plus. Je ne serais plus moi-même non plus. Et c’est pas ça que j’ai envie que mes enfants vivent et reproduisent. J’aime 1000 fois mieux péter une coche de temps en temps, me montrer 100% comme je suis vraiment à mes enfants, avouer mes torts et mes bons coups, ne pas avoir honte ni de mes failles ni être gênée de mes forces, juste être vraiment moi-même. Et assumer tout ça et les implications qui vont avec. Et ça ne me fait pas peur.

Non! Même pas peur!   Et vous avez-vous peur de vous montrer comme vous êtes vraiment ? Qu’avez-vous pensé de cet article?   

P.S. Et je n’ai même pas parlé de la technique de gestion de crise avec un verre d’eau… Mais comme beaucoup, j’ai pensé que le verre d’eau dans sa main pendant une crise équivaudrait à un dégât à nettoyer en plus (parce que tu ne peux pas dire à l’enfant «C’est toi qui l’a lancé, ramasse-le!» : tut tut tut! C’est un ordre, ça!). J’ai aussi pensé qu’un verre d’eau dans le visage aurait plus d’impact pour calmer une crise. Mais le meilleur conseil serait de prendre moi-même un verre (de vin, pas d’eau!) pour m’aider à gérer la crise!