jeudi 21 mai 2015

Avant l'été, on tord l'éponge!


Certains lancent la serviette. Moi, j'ai décidé de tordre l’éponge.

Veut, veut pas, tout ce qu'on voit/lit/entend nous influence et nous interpelle. C'est normal, autrement, notre bulle n'est pas hermétique. Et c'est souhaitable aussi, autrement, on agirait sans jamais pensé aux impacts.

Toutefois, il arrive (trop souvent) qu'on devienne un peu trop impliquée sans devoir l'être véritablement. Sans qu'on s'en rende compte, on se laisse s'imbiber de trucs qui ne nous concernent pas. On les laisse s'infiltrer en nous et prendre (souvent) trop de place. Même si c'est nocif. Même si ça aucun lien avec notre vie. Même si c'est inutile de s'en faire. Même si on n'est pas dans les bons souliers  pour évaluer la situation. Même si ça ne nous touche pas. Même (surtout) si on ne peut rien faire. «Moi, je pense que je ferais ça si ça m'arrivait...», «Si j'étais à sa place, c'est clair que...», «Ayoye! Comment je réagirais si je vivais le même drame que lui...», etc. Les pensées s'enchainent à une vitesse folle. Les scénarios improbables aussi. Les «si« nous plongent dans une vie qui n'est pas la nôtre. On vit par procuration des situations qui ne nous arriveront peut-être jamais.

On peut appeler ça de la compassion, du respect, de l'anticipation formatrice ou de la solidarité. Mais c'est aussi essayer de prendre les problèmes des autres sur nos épaules, jouer à une vie qu'on ne vit pas et s'en faire pour rien d'avances. On devient «pleine» de ces problèmes qui ne sont pas les nôtres, «remplie» des drames qui ne nous touchent pas en vérité (ou si peu), «gonflée» de ces maux qui prennent trop de place dans notre tête (déjà pleine!). Le résultat: on est à cran, submergée, lourde de problèmes qu'on traine, l'esprit un peu trop noir, épuisée et j'en passe.

Si on dit que les enfants sont des éponges, il faut se dire les vraies affaires : les adultes aussi. On se laisse envahir excessivement. On éponge les bouts de vie des autres, leurs malheurs et leurs drames (parce qu'on retient moins les bonheurs) et on se demande comment on agirait à leur place, on les achale avec nos conseils, on se met en mode «action» pour les régler (à leur place, à leur insu... ), on joue aux sauveurs, on assaille notre propre hamster de d'autres soucis, etc. Ça suffit!

Et c'est là que je dis que je tords l'éponge. Oui, je me libère de ce qui ne m'appartient pas. Un gros ménage du printemps (tardif) pour retrouver de l'espace en moi. Je fais le tri entre «Ça m'appartient!» et «Ça ne m'appartient pas!». Ce grand tri ne veut pas dire me contrecrisser des autres, mais c'est refuser de trop me laisser envahir. Je continue d'être touchée par ce qu'ils vivent ou bouleversée par leurs drames, mais sans éponger le tout à leur place. 

C'est fou comme ça libère. Et cette tactique de l'éponge nous rend plus légère, ce qui n'est pas négligeable dans nos vies de fou. Même que j'en ai parlé à mon ado qui avait, souvent, tendance à vouloir régler les trucs des autres, s'en faire pour les autres, etc. Juste tordre l'éponge, ça fait le tri entre ce qui doit rester et ce qui doit partir. Ce n'est justement pas lancer la serviette et tout abandonner, c'est se donner de la place et se libérer pour les trucs qui comptent vraiment.

Collectivement aussi, on aurait besoin d'une session de tordage d'éponge. Parce qu'on ne peut pas pogner les nerfs sur tout, parce qu'on n'a pas à réagir à tout, parce que si on commençait par bien aller, s'occuper de soi et de son cocon, eh bien, ça serait tout aussi aidant.

Et vous, avez-vous besoin de tordre votre éponge?





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