mercredi 4 mai 2011

Ces parents qui dérapent

On pensait avoir atteint la limite de l’insoutenable avec les détails du procès de Guy Turcotte mais voilà qu’un autre drame familial insupportable s’est joué tout près de nous, alors qu’un père a mis le feu à une camionnette et y a laissé brûler ses trois enfants (l'un d'eux s'en est miraculeusement sorti, gravement blessé et traumatisé à vie). Avec du propane, tout le kit, bien équipé. Complètement prémédité.

Dans les deux cas, une séparation était en cause. Dans les deux cas, c'est le père qui avait pété les plombs. Plutôt, en avril, une mère s'était jetée dans la rivière des Prairies avec ses deux bambins (seul le bébé de 2 mois a survécu). Mais qu’est-ce qu’il y a dans l’air pour qu’autant de parents dérapent à ce point?

Comment, en tant que parents, peut-on à ce point perdre pied avec la réalité? Comment peut-on faire à ce point abstraction de l’instinct de protection que nous avons tous envers nos enfants pour mettre leur vie en danger volontairement, pour leur enlever la vie avec violence sans qu’un éclair de lucidité nous rattrape au moment d’empoigner un couteau, d’ouvrir la valve de gaz propane ou de se lancer délibérément dans l'eau glacée?

Oui, ces trois parents vivaient un drame mais au lieu de chercher de l'aide -ou de se suicider à l'abri des médias- ils ont choisi de faire un coup d'éclat et de tuer leurs enfants de trois manières plus incroyables (immondes, choquantes, bouleversantes) les unes que les autres.

Pourquoi supprimer leurs enfants qui n'ont pourtant rien à voir avec le drame qui se joue? Par désir de vengeance sans aucune doute. Pour anéantir la vie de l'ex-conjoint, c'est évident. Et franchement dégueulasse de sacrifier de petits innocents pour faire le plus gros des pieds-de-nez qui soit à son ex. ''Na-na-na-na-na, c'est MOI qui aura le dernier mot!''

MOI. C'est sans doute le mot-clé dans ces drames. MOI je n'accepte pas la séparation, MOI je ne suis plus capable d'endurer mes enfants, MOI je suis en train de M'oublier dans MA vie.

Ça m'amène à penser à la catégorie de parents qui m'horripile le plus: les gros bébés adultes qui doivent satisfaire leur moi-moi-moi avant tout : mes loisirs, mes besoins, mes amis, mon temps pour moi, mes moments de détente et éventuellement, au bout de la liste, quand il me reste du temps (donc pas souvent!) mes enfants (ce cute accessoire qui me fait bien paraître en société).

Combien de grands-parents compensent et camouflent les incapacités parentales de leurs grands enfants devenus parents en gardant, s'occupant, éduquant leurs petits-enfants plus souvent qu’autrement? Et je parle ici d’adultes autonomes, provenant de milieux aisés, professionnels et éduqués mais qui ont complètement baissé les bras: ‘’J’pensais pas que ce serait aussi demandant d’avoir un enfant…’’, ai-je déjà entendu. Deuh?!! S'occuper de ses enfants, c’est pas toujours rose, j'irais même jusqu'à dire que c'est franchement du trouble. Des fois ça crie, c’est demandant, ça te prend la tête et ça ne comprend pas du premier coup. Tu dois TOUT lui apprendre, répéter, recommencer et répéter encore mais c’est ça avoir un enfant. C’est exigeant et c'est aussi mettre entre parenthèses son gros nombril pendant quelques années pour mieux re-consacrer son temps à sa petite personne quand le plus gros du mandat parental est complété.

C’est pas la fin du monde, c’est juste un autre chapitre -pas toujours facile et avec beaucoup d'action et peu de répit- mais qui fait avancer l'histoire. Pour peu qu'on ait envie d'évoluer.

Mais revenons au cas de folie parentale. Sans être expert en scène de crime ni psychiatre, vous avez sans doute votre avis là-dessus en tant que parent. Parce que c'est de parentalité qu'il s'agit. Et elle va mal en maudit ces temps-ci.

34 commentaires:

French Lily a dit…

Excellent texte! (il ne manque qu'un petit icône pour partager facilement sur Facebook et Twitter ) :)))))

Anonyme a dit…

Effectivement, quel beau texte. Moi aussi je n'en reviens pas de tout ses drames qui se produisent. L'avant dernier paragraphe dont tu fais mentions sur le fait de combien de grand-parent prennent la la relève et s'occupe de leurs petits-enfants car les parents soit soit incapable ou qu'ils n'ont pas le temps, juste dans mon entourage proche je peux en nommer 4 familles, c'est énorme et surtout triste.

Unknown a dit…

Moi aussi, la paragraphe des grands-parents me fait réfléchir.

J'avoue que j'ai déjà envié les parents qui pouvaient compter sur les grands-parents pour une aide ménagère, du gardiennage, du répit, etc...

Mais, comme ça m'arrive souvent, je n'avais pas pensé plus loin que mon nez barbouillé par les derniers dégâts de mes cocos.

C'est un sujet à développer que ce "moi" qui devient un "nous" ou un "vous". Probablement que c'est ce qui fait la différence quand ça dérape. Que c'est ce qui fera une différence.

Une maman qui sait.

Marie-Pascale a dit…

Très bon texte. J'ai eu la même réflexion en apprenant la nouvelle hier, quand les larmes me sont monté aux yeux en songeant que c'est l'âge qu'ont mes trois petits.

Je ne veux pas juger... c'est facile de juger quand on n'est pas au courant de la situation... et comment juger la dérape totale d'un père qui a pété une méchante coche contre la chair de sa chair?

Mais je peux voir un cruel manque d'appel à l'aide. Ces gens-là étaient au bout du rouleau et n'ont pas trouvé de moyens pour se remettre à flot dans leurs émotions, leur détresse, et c'est ce que je trouve désolant.

Dans le règne du moi-moi-moi, c'est encore plus triste je trouve. Personne n'a vu la détresse de ces pères? Pas une main ne s'est tendue? Ou si oui, n'ont-il pas appris que la vraie force ce n'est pas de refuser de l'aide mais bien d'accepter d'en avoir besoin?

Solène a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Solène a dit…

Les drames touchant des enfants M'ont toujours beaucoup bouleversée, mais encore davantage depuis que je suis maman... Incapable pour moi aussi de concevoir que si ça ne va pas, tu peux aller poser des gestes aussi immondes, et prémédités de surcroît.

Ça me touche, ça m'interpelle aussi comme intervenante auprès des familles pendant de nombreuses années. Des parents en détresse, j'en ai vu. Mais à ce point? Rarement... Qu'est-ce qu'il manque à notre société pour éviter de tels drames? C'est là ma question...

Anne-Marie Dupras a dit…

Il n'y a pas de mots pour expliquer la tristesse et le désespoir que ce genre de nouvelles engendre...

Il y a des exceptions mais en général (je spécifie en général), les hommes ont beaucoup plus de difficulté à gérer une séparation, alors que les femmes auront plus tendance à être triste et déprimée à l'idée de la fin d'UN monde, les hommes vont êtres complètement désespérés à l'idée de la fin DU monde. Et ne veulent pas souffrir seul ni partir seul et posent des gestes impensables.

En effet, beaucoup ne semblent pas réaliser l'ampleur que comporte la tâche d'être parent et encore moins la responsabilité. On me met pas un enfant au monde pour l'éliminer si notre plan de vie échoue et dévie.

Pauvres, pauvres petites êtres qui n'ont pas demandé à venir au monde... et encore moi à y être arrachés.
Les parents vont mal, ils ont trop de pression, travaillent trop et passent trop de temps aux mauvais endroits comme sur leur téléphones supposément intelligents. Et si on travaillait moins et on passait plus de temps avec nos petits êtres attachants???

Marie-Julie a dit…

Je n'arrive pas à avoir de réflexion censée sur le sujet. Ça me met complètement à l'envers. Ça prouve un grand détachement avec la réalité. D'une tristesse inouïe, tant pour le bourreau (il faut être en proie à une méchante détresse pour en arriver là) que pour les victimes. Quant aux grands-parents, je pense qu'il est facile de juger de l'extérieur. Nous, on a pas de famille proche géographiquement. Alors je dirais oui pour de l'aide de leur part n'importe quand s'ils étaient dans les parages! Tout est dans le dosage. Et je ne peux m'empêcher de penser que la responsabilité va dans les deux sens: comment se fait-il que ces adultes ne soient pas plus responsables?

Bubulles a dit…

D'après ce que j'ai lu, le cas de la mère qui s'est jetée dans l'eau avec ses deux enfants c'est probablement une psychose post-partum, alors que le cas des deux pères de famille serait lié au besoin de vengeance. Dans tous les cas le résultat est tragique, on se demande comment prévenir ce genre de drame, on a de la misère à y croire. Quand je regarde mes enfants, il me semble que je me jetterais devant une voiture en marche pour les sauver plutôt que de leur faire du mal. J'aime me coucher en cuillère avec eux et me donner l'illusion que mon dos, mes épaules sont un bouclier au travers duquel rien ne peut les atteindre.

Je ne suis pas capable de lire ou d'entendre quoi que ce soit sur le proces de Guy Turcotte, ca me touche trop.

Et pour le reste du texte, je n'ai pas la chance d'avoir mes parents et les parents de mon conjoint proche. Je me sens mal parfois de les faire garder par une ''petite gardienne'' en plus des longues heures à la garderie. J'essaie de garder un équilibre, continuer à avoir une vie, des loisirs, En essayant de faire en sortes que les enfants soient heureux. On a trouvé de nouveaux loisirs où ils avaient leur place. Je fais certaines de mes activités sportive sur mon heure de diner et je bouffe sur le pouce.

Et comme je suis au bout du rouleau, j'ai quemandé de l'aide. On devrait partir bientôt quelques jours mon conjoint et moi ensemble et faire garder les mousses par leurs grands-parents. Mais une ou deux fois par année, c'est pas trop demandé hein ?

Dominique a dit…

Tout ces drames m'effraient car ce sont tous des pères en apparence normaux à qui les mères ont confiés leurs enfants en toute confiance. Personne n'a vu de signes, personne n'aurait pu prévoir ou empècher que ça se passe. Le père de mes enfants est longtemps resté très déprimé à la suite de notre séparation (et il accompagnait cela de boisson et de drogues) et à chaque fois que les enfants allaient chez lui, j'avais peur de ne pas les revoir... Maintenant, ils n'y vont plus et leur père travaille sur sa dépression et ses dépendances donc je suis plus tranquille. Mais n'empêche, quand je lis ce que G. Turcotte a fait (lui, un médecin respecté et père vu comme aimant ses enfants) je ne comprends pas et je me dis que ça peut arriver à n'importe qui. Je ne comprends vraiment pas comment tu peux en arriver là et faire ça à tes enfants. À la limite je peux comprendre s'il se suicide, mais amener les enfants avec toi????? Ça non...
Toutes ces histoires donnent froid dans le dos....
Aussi au sujet des grands-parents, je voudrais dire que si les parents leurs donnent la responsabilité d'élever leurs enfants ce n'est pas correct mais s'ils sont présents en tant qu'appui et aide, je ne vois vraiment pas le problème. Après tout, les enfants bénéficient de la présence d'une grande famille auprès d'eux (cette famille qui inclut les parents et les grands parents)!!

Julie a dit…

Je n'arrive pas non plus à avoir une réflexion sensée sur le sujet parce que je suis l'un de ces parents qui a déjà été en prise à une détresse effroyable. Non pas à cause des enfants. À cause de la dépression, d'un élément X qui m'handicapait gravement la vie.
Cependant il ne m'aurait jamais effleuré l'esprit d'emmener mes enfants avec moi dans mon tourbillon de folie, lors de ma tentative de suicide (oui, je m'y suis rendue! Non, c'était pas une solution!)
Bon, ces histoires-là s'agissent effectivement de folie parentale. Mais, ça m'interpelle. Est-ce que je suis folle? Non. Est-ce que je pouvais avoir de l'aide? Oui. Depuis 4 ans que je bûche pour me remettre sur la track et ce n'est pas fini. Alors c'est un billet qui, ce matin, m'interpelle positivement et négativement. Je me sens pointée comme une folle, mais aussi pointée comme avoir eu l'équilibre de rester et de me débarrasser de ma spirale de folie.

Anonyme a dit…

@Marie-Pascale: tu dis ''On ne peut pas juger'': euh, oui! Dans ce cas-ci, on doit juger! Ce n'est pas une réprimande démesurée, ce sont des meurtres. À force de toujours s'empêcher de juger les gens, on ne les aide pas!

Anonyme a dit…

C'est évidenent que Nancy ne parle pas des grands-parents qui appuient, aident et soutiennent leurs enfants devenus parents, elle parle de ceux qui se substituent à leurs enfants et qui n'ont pas le courage de les remettre sur la bonne voie, de les responsabiliser et de les réveiller. Ceux-là, sans doute qu'ils ne l'ont pas fait toute leur vie durant... et voilà le résultat!

Hélène a dit…

Je n'ai pas pu lire jusqu'a la fin votre texte... Peut-être est-ce vengeance ou peut-être est-ce simplement l'impuissance, la détresse totale, le manque de ressource qui les poussent à agir ainsi... Juger ces personnes ne fera rien avancer, leur donner une étiquette non plus... Plutôt, tentons de trouver une ou des solutions pour empêcher que cela se reproduise !!!

Anonyme a dit…

Plus que "on ne peut pas juger", je crois qu'il aurait fallu dire "il nous est impossible de comprendre ni même d'imaginer leur motivation).

Oui on peut juger, tuer quelqu'un c'est evidemment très mal, mais comprendre ? Je crois que les suppositions données sont simplistes. Pur égoisme? peut etre aussi mais pas seulement. Parfois aussi c'est peut etre par amour qu'on tue ses enfants, culpabilité de les avoir mis au monde pour qu'ils soient malheureux, impossibilité d'envisager pour eux un avenir heureux etc... Je crois que si vraiment ils n'aimaient pas leurs enfants alors l'echec et la séparation leur ferait beaucoup moins de mal... Alors je ne dis pas qu'ils ont raison bien sur ni que ça excuse le geste. Le problème c'est que même si les gens sont en dépression, ils se sentent capables de tenir des raisonnements "logiques" (pour eux) et parce qu'ils pensent "raisonner" de façon rationelle, ils sont aussi convaincu d'avoir "raison"

Alice a dit…

C'est sûr que ces gens sont en détresse. Je pense qu'ici l'égoïsme n'est pas pointé comme étant la cause, mais comme étant un point commun entre de plus en plus de parents... Malheureusement. Et j'en suis témoin autour de moi aussi.

Grande-Dame a dit…

Ta pensée, Marie-Pascale, résume totalement la mienne.

Anonyme a dit…

C'est drame son le reflet d'un société individualiste.
Tu vis pour toi, c'est TES problème etc etc etc...
Je suis loin de prêcher par la religion, mais avant les gens 'marchait' de peur...Ils avaient le soutient d'une communauté et ils n'avaient pas la télé qui leurs donner les idées pour passer à l'acte...
C'est vrai que c'est un geste très égoiste (MOI j'ai mal à cause de TOI) et quand tuant les enfants, le pères ou la mère reprend ce qui est le lien et détruit tout de leur relation.

Mais sachez tout le monde que nul n'est à l'abris de ce genre de destin.
Nous ne savons pas comment nous ou le conjoint risque de 'réagir' dans un moment de terrible souffrance.
Avant de juger, réfléchissez...

Le cerveau est une terrible machine avec des facultés et des réactions qui sont parfois hors de notre contrôle.
Je n'excuse pas les gestes posés par les parents qui tuent leurs enfants, mais parfois ils ne voient que cette option pour s'en sortir. Ce qui est très malheureux!

Une amie à moi a fait une psychose. Je vous épargnes l'histoire, mais en mai elle a été hospitalisée une nuit car sont conjoint l'a retrouver dans le garde-robe avec leur 3 enfants. Elle disait que c'était la fin du monde et qu'ils allaient tous mourir. Elle a fait un dodo et elle est ressordi. AUcune évaluation et aucun suivi. Elle était fatiguer selon le doc.
En novembre, même histoire...Paranoia sur la mort et la fin du monde. En plein souper d'anniversaire de son fiston...Elle C'est lever et a avaler un pot de pillule...Dans l'ambulance elle a dit a son chum que c'était elle ou ses enfants qu'elle voulait tuer...
Elle a été hospitalisée..Psychose, délire paranoide...etc etc...
Maintenant elle est médicamenté...
Elle n'avait rien de quelquun de centré sur elle...La FUSE à sauter comme on dit et c'est très malheureux.

Je sais que cette histoire n'est pas dans le même contxte que les crimes commis dernièrement...Mais ça porte tout de même a réfléchir sur ce qui peut nous arriver à tous et a toute une fois dans nos vie!
Caro

Anonyme a dit…

Au risque de déplaire...

Je crois que l'on peut et l'on DOIT juger des gens qui dérapent ainsi au point de détruire leurs enfants. Et soit dit en passant pas besoin de lui enlever ultimement la vie pour détruire un enfant. Ne pas juger c'est dire à l'adulte, qui commet une telle atrocité que le mal qu'il a fait n'est que relatif parce que lui il souffrait. Bien peu de respect pour la victime qui n'avait pourtant rien choisi...

Et quant au qualificatif de parent, en quoi ils le méritent, dites moi? Être un parent n'est-il pas vouloir, le plus objectivement possible, ce qu'il y a mieux pour son enfant? Donner la vie ne fait pas d'un individu un parent! Être un parent c'est un bien grand engagement face à une petite personne qui n'a jamais demandé à ce qu'on la mette au monde. Être un parent ce n'est pas être au dessus de tout tout le temps, encore moins être à l'abri de la souffrance, mais c'est être capable de la reconnaître. Aller chercher de l'aide quand on vit une situation qui fait qu'on n'y arrive plus. (À ce titre je tiens à souligner que j'ai beaucoup d'admiration pour des gens comme Julie qui a commenté plus haut.) Être un parent c'est voir à ne JAMAIS se laisser dévier de l'engagement ultime que l'on prend en mettant un enfant au monde. À ce titre je ne crois même pas que l'on puisse qalifier ces adultes qui font les manchettes (et les autres plus discrets qui ne la font pas) de «parents». Donc avoir de l'empathie pour eux, se mettre à leur place (!)... très peu pour moi. Et je frissonne lorsque j'entends qu'il aimait leurs enfants malgré tout (bien triste vision de ce qu'est l'amour!).

Et en fait je crois qu'en cherchant à les comprendre, à les expliquer, les plaindre presque, on ne fait que se fermer les yeux sur leur incapacité à être des «parents». Et ça on le fait trop souvent, parfois même avec des gens plus près de nous... On ferme les yeux sur l'égoïsme et l'égocentrisme d'adultes qui devraient mettre plus d'ardeur à assumer une responsabilité qu'ils ont portant choisie. Et c'est encore plus facile de se leurrer lorsque les enfants se présentent bien soignés, habillés, nourris. On préfère se taire dire que ça ne nous concerne pas, qu'on a pas le droit de juger... Et ainsi on laisse se perpétuer la détresse des enfants qui en paient (parfois très) gravement le prix.

Mynaï

Anonyme a dit…

Le texte et les commentaires sont excellents.

Le drame des enfants de Guy Turcotte me touche beaucoup, j'ai tellement de difficulté à croire qu'on puisse en arriver là... Mon conjoint et moi, on s'est dit, SI JAMAIS, Promet-moi que jamais tu ne te vengerais sur les enfants (promesse mutuelle). Envoie-moi promener tous les jours, fais-moi suer, mais ne te venge JAMAIS sur les enfants. Bon, c'est sur qu'on est 2 adultes avec un état d'esprit sain, on ne sait jamais comment on peut virer fou, mais je suis content qu'au moins ce drame nous a amené à réfléchir...

Pour les autres drames que vous mentionnez, je n'en ai pas beaucoup entendu parler.

Pour l'aide des grand-parents: coupable ici, mais j'ajoute un bémol. Je suis enceinte d'un 3e amour, et je n'ai pas une grossesse facile, de plus mon conjoint, qui m'aide énormément lorsqu'il est présent, est malheureusement à l'extérieur de la ville plusieurs fois par mois. Donc, oui, les grand-parents m'aident, ne serait-ce que pour donner le bain des enfants... Je n'en demande pas tant, mais ils en font tellement (un peu de lavage, des petits plats, du "taxi"). Toutes ces choses me permettent de passer du temps de qualité avec mes enfants, qui soyons honnêtes, s'ennuient de papa lorsqu'il n'est pas là, alors ils collent maman, veulent maman, etc... Mes enfants peuvent avoir toutes mon attention, pas de "Tantôt mon chéri, maman fait le souper" ou "Oui je regarde ton dessin *pendant que je plie la 3e brassée de lavage*"

Alors, j'accepte volontier toute l'aide que je peux recevoir, et j'en suis éternellement reconnaissante, et je suis extremement consciente de la chance que j'ai d'avoir autant de support dans ma famille et dans celle de mon conjoint.

Anonyme a dit…

Mynaï, le problème c'est que tu raisonnes comme une personne saine d'esprit. Que tu aies envie ou pas de te mettre à leur place, de les comprendre, n'est absolument pas le problème car même si tu en avais envie, tu n'y parviendrais pas... Tu parles de gens qui ont une maladie mentale et où l'auto-contrôle a cédé. Des parents egoistes, négligents, qui n'ont pas voulu ou n'aiment pas leurs enfants, il y en a des tas, et la très grande majorité ne tuent pas leurs enfants pour autant, car ils conservent ce contrôle...


En gros c'est un peu comme si tu disais à quelqu'un qui est atteint d'Alzheimer, "mais souviens toi bon sang, n'importe qui est capable de se souvenir du nom de ses propres enfants, c'est inexcusable etc...."

Anonyme a dit…

excellents commentaires. La psychose, c'est incompréhensible du point de vue d'un esprit sain. J'ai vu un reportage sur les familicides : 1 par année(10 dans les 10 dernières années)! Ces gens ont perdu contact avec la réalité et avec leur capacité de raisonner...
quelle tristesse sans nom... quelle horreur inadmissible... cet isolement que l'on peut vivre ou se faire vivre... moi je crois qu'il faille véritablement un village pour élever un enfant; les burn outs seraient moins fréquents je pense.

Anonyme a dit…

Mynaï je m'en venais te dire la même chose. Tu ne comprends juste pas de quoi il s'agit.

L'amour parental n'a rien à voir dans ce qui s'est passé. Ces gens n'étaient plus eux mêmes, l'instinct de survie ne faisait plus partie d'eux au moment de commettre ces actes.

C'est normal (et bon signe) de ne pas comprendre comment on peut faire ça, ça démontre qu'on se porte bien et qu'on ne s'est jamais rendu "si bas".

La plupart des personnes qui jugent c'est parce qu'elles prennent pour acquis leur instinct de survie, leur capacité de toujours être capable de gérer peu importe ce qui leur arriverait. Une sorte d'invicibilité, de "ouais mais advenant que ça aille vraiment si mal je prendrais le temps de les confier à telle personne avant d'en finir...au pire". Vous ne comprenez pas qu'ils sont en détresse, c'est au delà de leurs capacités.

Michèle a dit…

Profitons donc de cette semaine de la santé mentale pour se rappeler combien il est important de demeurer sensible aux gens autour de nous. Personne n'est à l'abri de rien. On ne peut pas juger ce que l'on n'a jamais vécu...Je sais que cela fait cliché, mais en même temps, il faut tirer profit des tristes expériences des autres pour s'ouvrir un peu plus aux gens autour, pour aider les autres à être meilleurs, à être mieux, à être plus forts.

Élaine et fille a dit…

La maladie mentale: un sujet tabout dans notre société. À chaque personne atteind de maladie mentale, à chacun des causes différentes et des manifestations différentes. La perte de contact avec la réalité, l'incapacité de penser aux conséquences des actions, le mal de vivre, la panique, l'impression de mourrir, ça reste incompréhensible à tout ceux qui ne vivent pas de difficultés d'ordre mentale.

Vous pouvez juger seulement si vous êtes atteind ou avez été atteind d'une maladie mentale, mais à ce moment, vous n'allez plus juger, mais plutôt déplorer, compatir et vous souvenir tout ce qu'il faut faire pour ne pas se rendre à ce point de non retour.

Gardez vos esprits ouverts. Les médecins découvrent à peine depuis dix ans les effets dévastateurs de la maladie mentale qui ne parrait pas.

Anonyme a dit…

euh.. le Dr Turcotte atteint de maladie mentale... Pense pas non! Lisez les jurnaux, il était hyper conscient avant et après son geste. Il a juste pété une méga-coche pendant parce que le narcissique qu'il est ne pouvait pas accepter d'être cocu.

Ann-a-belle a dit…

Moi aussi je pense que le moi-moi-moi est le grand mal de bien des parents. Quand je vois les parents updater leur statut Facebook sur leur iPhone en écrivant qu'ils ''passent un moment merveilleux avec leurs enfants'' alors qu'ils ne font que consulter leur téléphone qui vibre aux 2 minutes, je m'inquiète!! la semaine que tu as tes enfants, peux-tu décrocher? T'en as une autre au complet pour te consacrer à ton téléphone, ton Réseau Contact et tes amis du secondaires du Facebook.

Sébastien Haton a dit…

Ayant ma marraine éducatrice spécialisée en milieux difficiles depuis plus de trente ans, je peux témoigner que les infanticides ne sont pas un phénomène nouveau. En revanche, il y a des périodes où les médias en parlent plus...
Sinon moi, j'ai appris à ne plus critiquer aucun parent, sauf s'il exagère vraiment, car on m'a assez reproché de parler sans avoir d'enfant. Que ce soit une souffrance ou non, c'est semble-t-il un motif de silence.
s.h.

Anonyme a dit…

Précisons juste une choses il y a un monde infini entre la psychose et ce qu'on appelle la folie passagère. Dans la plupart des (trop nombreux) cas des dernières années c'est soit dit en passant la seconde qui a été mise de l'avant.

Et oublie-t-on qu'on parle ici de drames familiaux, d'infanticides? Un adulte qui juge que SES problèmes d'adultes valent d'enlever la vie à ses enfants. Un adulte rendu aveugle par SA colère, SA détresse, SON impuissance qui s'attaque à ceux qu'il aurait dû s'engager à protéger. Si ce n'est pas du JE-ME-MOI ça, qu'est-ce que c'est? La détresse psychologique est un gouffre sans fond certes. On manque de ressources certes. Mais certaines barrières ne peuvent et ne doivent céder. Et là devient la différence évoquée entre être un adulte qui a eu des enfants et un parent aimant. Comme société nous n'avons pas le droit ne serait-ce que d'évoquer qu'un geste aussi immonde puisse être compréhensible donc presque atténuable, en quelque sorte, dans certaines circonstances biens précises.

Ceci dit je souhaite de tout mon coeur qu'on ouvre les yeux et qu'on offre d'avantage de ressources (encore faut-il que l'individu les utilisent). Puisque quoi qu'on en pense on est tous d'accord sur le fait que des drames comme ça ne devraient JAMAIS arriver.

Mynaï

Anonyme a dit…

ann-a-belle:
j'aime beaucoup ta généralisation de "La semaine où tu as tes enfants, peux-tu décrocher?"

Il y a encore, de nos jours, des parents qui ont les enfants 100% du temps... Moi c'est quand mon frère, qui est séparé et a sa fille 3 fin de semaines sur 4, qui se plaignait: "Oh c'est dur, je travaille toute la semaine, pis je peux même pas relaxer la fin de semaine un peu..." Eille ti-casque, moi mes 3 flots, je les ai 7 jours sur 7, 365 jours par année, pis moi aussi je travaille toute la semaine!
Peut-être que je devrais me séparer juste pour avoir une semaine off de temps en temps LOL!

Anonyme a dit…

Ce sont des drames épouvantables que l'on n'arrive pas à saisir. Il faut être passé par un état de profonde détresse pour comprendre que dans cet état, la raison vous a quitté.

Plusieurs de vos commentaires sont ceux de gens sains d'esprit. Malheureusement, en dépression profonde (ou autre problème de santé mentale), la logique ne tient plus. Et le délire vous fait faire n'importe quoi, y compris l'irréparable.

Mais personne n'est à l'abri, cela pourrait vous arriver même si vous refusez d'y croire. Et vous refuseriez peut-être aussi d'aller chercher de l'aide.

La déresponsabilisation, ça se passe à peu près dans toutes les sphères de nos vies, y compris le rôle parental. Moi aussi je suis à boutte de ces parents qui fuient leurs responsabilités, qui trouvent ça bien difficile de mettre de côté leur p'tite vie pour être obligés de s'occuper de leurs enfants.

Et pour les grands-parents, ouf, j'ai moi-même un cas dans ma belle-famille. Mon beau-frère est séparé, son père habite avec lui et s'occupe de ses enfants et quand celui-ci ne peut pas, c'est son ex-conjointe, la grand-mère des enfants qui le fait. Ils se divisent la semaine de garde ensemble! Ils s'empêchent de faire des activités pour être présents pour leurs petits-enfants, c'est horrible!

Virginie

Anonyme a dit…

Je trouve ça triste de lire des textes comme celui-ci, c'est du jugement gratuit et ça démontre une grande méconnaissance.

À lire bien du monde, c'est si facile d'aller chercher de l'aide lorsqu'on vit une grosse dépression, c'est pourtant faux. À mon dernier, j'ai vécu une grosse dépression post-partum qui a durée 23 mois. Des démarches, j'en ai fait, j'ai cogné à toutes les portes; mon médecin, le clsc. Même avec l'aide d'une infirmière du clsc qui faisait tout pour m'aider à trouvé un suivit quelqu'onque (un médecin de famille, un psy, n'importe quoi), ça aura pris 2 ans avant d'avoir de l'aide et à ce moment, je n'en avais plus besoin.

Lorsqu'on n'a pas de médecin de famille, on ne peux pas avoir d'anti-dépresseur. Lorsqu'on n'a pas les moyens de payer 100$ de l'heure pour un psy, c'est 2 ans d'attente au public pour un adulte. Ben oui, l'aide est si facile à avoir...

On parle de détresse humaine et non de vengance calculée dans la majorité des cas. On n'appelle pas ça un meutre, mais un suicide élargie. Au moment de commettre le geste, la majorité de ces parents ne pensent pas faire du tord, à ce moment, ça leur semble plutôt comme une délivrance qu'ils offrent à leurs enfants.

Ça reste des gestes affreux qu'il faut prévenir et punir, mais la source de tout ça, c'est la détresse et le manque de ressource pour détecter cette détresse à temps.

Lilite a dit…

Concernant la deuxième partie de ton article et le commentaire sur les grands parents et la dé-responsabilisation des parents, je me demande dans quelle mesure ces grands parents sont responsables de la situation.
Je connais des parents qui préparent encore tous les repas du fiston de 25 ans et lui déposent le dimanche soir. Qui glissent des billets les fins de mois en plus de la paye pour les petits extras. Qui ont toujours fait passer les besoins de leurs enfants avant tout, c'est pas vraiment surprenant que ceux la soient égoïstes et qu'ils aient du mal à grandir
Cela fait réfléchir aussi aussi aux moyens de développer l'autonomie de son enfant sans le surprotéger et de couper le cordon progressivement.

Une femme libre a dit…

C'est de la violence conjugale bien plus que de la maladie mentale. Le meilleur moyen que ces hommes violents ont trouvé pour punir leur femme de les laisser (et de les laisser pour un autre, insulte suprême pour un narcissiste contrôlant), c'est de tuer ce qu'elles ont de plus cher et violemment en plus, pour que la mère vive éternellement avec ces images de petits corps ensanglantés. C'est le comble de la vengeance et la forme la plus cruelle de la vengeance: tuer ses propres enfants, les faire souffrir et s'en priver soi-même pour faire souffrir leur mère.