jeudi 25 décembre 2008

À sept livres du bonheur


Cette année, j'ai reçu mon cadeau de Noël 25 jours l'avance. Il est arrivé sans emballage et dans une ambiance loin de celle des Fêtes, mais ce paquet est le seul que j'avais demandé.

Si on m'avait dit il y a deux ans que je recevrais ce cadeau un jour, je ne l'aurais pas cru.

En décembre 2006, alors que mon copain et moi étions au travail depuis quelques mois pour concevoir un bébé, est arrivé dans ma vie une nouvelle qu'on n'attend jamais: on m'avait trouvé un cancer. Du type qui peut être facilement guéri, mais qui peut aussi s'être répandu assez rapidement dans le corps pour vous tuer en quelques mois. Pour l'instant, on ne savait pas dans quelle catégorie je me situais. J'allais devoir attendre après les Fêtes pour le savoir.

Juste avant Noël, mon docteur m'a littéralement démolie. Ne réalisant pas très bien que j'étais dans une situation délicate, je lui ai demandé tout bonnement «puis-je continuer à essayer d'avoir un enfant?». Il m'a répondu d'un air qui ne laissait pas place à la discussion: «ce serait mieux d'attendre».

Je pense que ça a été pire que d'entendre le fameux mot en «C». Pas avoir d'enfant? Mon corps pourrait à ce point me trahir qu'il allait tomber malade avant même que je ne puisse être maman? Mon copain tentait avec peine de m'encourager.

À 27 ans, j'ai passé les pires «Fêtes» de ma vie.

Puis, janvier est arrivé. Les résultats de la biopsie aussi. Je l'avais échappé belle. Le cancer avait été trouvé suffisamment tôt, seule une chirurgie serait nécessaire.

J'ai reposé ma question au docteur. «Je peux tenter d'avoir un enfant maintenant?». Il a consulté sa collègue. J'étais jeune, ils n'allaient pas mettre ma vie sur «pause». Oui, le cancer pouvait revenir. Mais il était sans doute parti à jamais.

«Allez-y», qu'ils m'ont dit. Ils venaient de me redonner la vie.

Notre petite s'est faite attendre, et c'est deux ans plus tard qu'elle a vu le jour cette année. Son père et moi avons entre temps appris la patience (ça ne se commande pas un bébé!). Nous savons que nous pouvons passer à travers des tempêtes et en sortir plus fort. Et nous pensons humblement en savoir davantage sur la valeur de la vie.

Et cette année pour les Fêtes, nous nous promènerons avec notre cadeau dans les bras en sachant à quoi ressemble le bonheur: il arrive tout gluant, ne fait pas ses nuits, a des cheveux bien noirs, pèse un gros sept livres et sent bon le lait.

(Z)imparfaite invitée: Marie-Eve

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo Marie-Ève ! Faut pas lâcher devant le chr.. de C...
On doit lutter, faut pas abandonner la lutte, jamais !
C'est pas comme le cœur, où il suffit de bien manger et d'ingurgiter 2300 pilules par année...
C'est plus insidieux...

Anonyme a dit…

Eh bien habituellement je rigole ici mais ton histoire m a beaucoup touchee... et m a fait pleurer en ce jour de Noel.

Le vie nous apporte des epreuves mais heureusement pour nous, elle apporte aussi de grandes joies qui effacent le reste.
Azur

Miylen a dit…

Merci pour ce rappel de ce qui compte vraiment et bravo pour ton courage. Joyeuses fêtes à ta superbe famille pleine d'amour.

Solène a dit…

Très très touchant ton texte Marie-Eve... Je vous souhaite tout le bonheur du monde avec votre mini (z)imparfaite...

La Tortue têtue a dit…

Toutes mes félicitations pour ce grand (tout petit) cadeau d'amour!